dimanche 6 février 2011

C'est un maudit tata

Il ne faut pas envier la réussite. Elle vient avec son lot de problèmes. Sans compter ce spleen qui fit les belles heures de Lermontov et de Tourguéniev. Un spleen d'aristocrate russe qui s'ennuie et se demande pourquoi le monde le fait tant bayer aux corneilles. Un spleen décadent et nihiliste qui se pose en morale universelle. Un vide qui ne saurait être comblé qu'avec n'importe quoi: gravier, merde ou crachats. Une attitude sans altitude. Une boulimie totale qui lève le doigt sur les boutons de contrôle. Avec une fantaisie qui se rapproche de celle que le poète trouve dans un horaire d'autobus.

Henri Langevin a réussi. Il écrit ses chroniques stupides dans le plus gros quotidien du pays. Son oeil de lynx aux poils dégarnis est resté stallé au précambrien laurentien. Il voit tout par l'habitude d'être un bourgeois. Et il s'ennuie. Tout le temps. Alors son art de chroniqueur consiste à répandre des chroniques moroses où l'on sent sa lassitude de vieux coquin refroidi. Ce n'est pas mal léché et le gus mérite une publication. Mais il serait déraisonnable de le prendre au sérieux. Ne serait-ce que pour cette manie qu'il a de revenir aux veillées de l'ancien temps, tant du point de vue littéraire que politique.

Langevin offre tout de même un divertissement comme un autre, mais il faut être un peu timbré que d'expliquer le monde par le spleen, en toutes occasions. Il vient un temps où l'on a envie de faire quelque chose d'intéressant, des pirouettes, des prouesses musicales, du ski du fond, n'importe quoi, y compris la révolution de jasmin planétaire.

Donc Langevin nous parle de son chien, Rufus, et de sa passion pour les livres de Jacquou Lacoutet.

-Lacoutet? Connais pas, me direz-vous.

Et je ne le connais pas plus que vous, Lacoutet. Un auteur ennuyant comme tant d'autres qui parle de lui-même et des mousses de son nombril puant.

Langevin écrit la chronique la plus lue du plus gros quotidien du pays. Du moins, si l'on s'en fie à la publicité excessive que l'on en fait.

Et Langevin dit que Rufus a l'oeil humain. Lacoutet est un peintre des moeurs intimes et du je spleenique. Personne ne connaît mieux l'Égypte que lui-même. Et blablabla comme tant de maudits tatas qui s'ignorent. Et il répand son ignorance avec l'impression d'inspirer tout un peuple avec ses borborygmes d'amibe psychanalytique.

Ce qui fait qu'il est pathétique, mais il le sait, Langevin.

Aussi ne manque-t-il jamais de s'étonner de recevoir encore un chèque de sa patronne, une femme qui s'appelle Linda Meunier-Robidaille (évidemment ce n'est pas son vrai nom), une naine haltérophile qui se crisse pas mal de la critique, qu'elle soit artistique ou sociale. Elle publie Langevin parce qu'elle le prend en pitié, Langevin qui est devenu gros et laid. Ce qui n'est tout de même pas de sa faute.

Il fait un bon paquet pour sa chronique intitulée simplement «Henri Langevin». Il a le droit d'avoir sa photo, la face appuyée sur sa main, avec ce regard de merlan frit. Juste pour cette photo, je lis tous ses textes en rigolant.

Comme quoi Langevin ne serait rien sans de pauvres cons comme moi qui continuent de le lire, juste pour rire de lui.

Ha! Ha! Ha! Hostie de Langevin plate, mais si comique en même temps!

Régale-nous de tes textes plates sur Lacoutet et Rufus, ton chien.

Ta chronique de demain sera aussi plate que celle d'aujourd'hui, je l'espère.

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