dimanche 28 juillet 2019

J'me suis fait poivrer par l'anti-émeute hier pendant que Legault lisait Mathieu Bock-Côté

C'est moi le gros au milieu.
Un défilé raciste s'est tenu, avec difficulté, dans les rues de Trois-Rivières.

Il n'aurait pas eu lieu du tout s'il n'eût été de votre humble serviteur entouré de manifestants et manifestantes qui ne votaient probablement pas pour François Legault.

En fait, Trois-Rivières avait l'air d'une ville sous Occupation hier.

Je n'y avais jamais vu autant de policiers de ma vie... Et j'ai 51 ans. Dix autobus. À peu près 200 policiers. Quatre bateaux de policier sur le fleuve Magtogoek. Tout était bloqué par la police, partout au centre-ville.

Je me suis pointé vers 12h30 au Carré de la Fosse avec ma pancarte et mes harmonicas. Sur ma pancarte on pouvait y lire «Caricatures gratuites pour les fachos».

Plusieurs camarades portant le voile pour plusieurs raisons y étaient. Le climat était tendu, pour ne pas dire explosif. Voir des types armés de matraques et de boucliers faire mur devant soi pour laisser calmement défiler des fascistes, on ne voit ça qu'en Pologne, en Hongrie ou en Alabama.

J'ai compris, lorsque je me suis fait poivrer avec d'autres manifestants contre le racisme, qu'il n'était pas si bête de porter un voile, ne serait-ce que pour ne pas se faire empoisonner par la police anti-émeute. Ça chauffe en maudit, le poivre de cayenne. Ça pique les yeux, mais ça redonne radicalement de l'adrénaline. Dix minutes plus tard moi et mes camarades reprenions la rue. Et quinze minutes plus tard je jouais le meilleur solo d'harmonica de ma vie à un mètre de la police anti-émeute pour leur rappeler qu'on n'interrompt pas un musicien pendant un solo. J'aurai joué de l'harmonica pendant quatre heures pour détendre un peu l'atmosphère...

Pour ce qui est des caricatures, c'était difficile. Les policiers bougeaient tout le temps. Je n'étais pourtant pas là pour eux, mais pour les fachos, ceux qu'ils protégeaient de nous, coincés quelque part sur le bord du parc portuaire.

-Arrêtez de bouger! que je disais aux policiers de l'anti-émeute. Je ne serai jamais capable de vous dessiner!

Pourquoi empêcher un défilé d'extrême-droite de se terminer devant le Café Frida, un café végétarien qui est la cible de l'extrême-droite depuis un mois, comme si nous étions dans un trou perdu de la Géorgie? Sommes-nous rendus moralement si bas qu'il faille revenir au climat qui a préludé à Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948, que le gouvernement Legault ne s'est pas gêné de piétiner du pied avec sa loi sur l'interdiction des signes religieux? Ces questions trouvent leurs réponses dans des actions concrètes pour protéger nos droits et libertés.  S'il faut devenir paria pour combattre la haine et l'intolérance, eh bien soit. Je serai paria, antifa, n'importe quoi sauf un rassis qui laisse calmement défiler des nazis devant ses yeux sans rien faire.

Pendant que nous nous faisions poivrer et intimider par la police provinciale de François Legault, ce dernier lisait (ça ne s'invente pas!) L'Empire du politiquement correct de Mathieu Bock-Côté. Voici son commentaire sur Twitter: «Lu le dernier de Bock-Côté. Toute société a besoin de 2 pôles: progressisme et conservatisme. Certains médias de notre société actuelle condamnent le conservatisme. Ils condamnent entre autres le nationalisme. Heureusement, au Québec, on a redonné sa place au nationalisme.»

Diane Blain a déclaré dans le Parc Victoria, juste avant le début du défilé nationaliste dit de la Vague Bleue, qu'être patriote c'est aussi avoir à prendre les armes contre les juifs, les musulmans et les sikhs. (Voir lien sur YouTube)  Le Nouvelliste rapporte les paroles d'un des participants de la Vague Bleue, Stéphane Gagné, l'illustre Général Lee autoproclamé de la Mauricie: «Je viens à la manifestation en tant que nationaliste. Je suis un blanc, je suis fier de ma patrie et j'aime ça me promener et me sentir chez-moi. On n'est pas à Montréal ici. C'est pour ça qu'il faut garder notre image de ville de blancs.»

Ni Stéphane Gagné, ni Diane Blain ne se sont faits poivrer hier.

Ce sont les antifascistes qui ont tout pris dans la gueule par les farces de l'Ordre, dont votre humble serviteur...

Il y a bien sûr eu l'arrestation de Pierre Dion. Un sympathique moron d'extrême-droite qui disait qu'il y aurait du sang à Trois-Rivières au cours de sa manif patriotique.

Je remercie mes nouveaux amis et camarades qui ont osé affronter autant les fascistes que la police provinciale d'un gouvernement malpropre et irresponsable qui nourrit le chaos social et entretient le racisme.

Hier, j'ai reçu le baptême du poivre de cayenne avec mes frères et soeurs de combat pour la justice sociale.

Je remercie tous ceux et celles qui ont le courage de défier ce qui défie le bon sens d'une société libre, juste et démocratique.

No paseran!





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