J'ai toujours aimé me promener seul tôt le matin ou bien tard la nuit, à l'instant même où ces deux moments se rejoignent.
J'occupe désormais les fonctions de préposé aux bénéficiaires et effectue un quart de nuit qui va de vingt heures le soir à six heures du matin.
J'ai occupé un poste de nuit pendant quatre ans. C'était il y a trente ans. D'abord au Centre hospitalier de l'Université Laval, puis au Foyer Joseph-Denys à Trois-Rivières. J'avais vingt ans. J'étais très jeune pour travailler en présence de la maladie et de la mort. Pourtant, je ne serais pas qui je suis aujourd'hui sans ces quatre années d'empathie et de compassion poussées au maximum de mes jeunes capacités.
Je reviens donc à mes anciennes amours. C'est un homme de cinquante ans qui n'a plus le même regard ni les mêmes ambitions. Un homme plus mûr, plus zen et certainement moins amer.
Dans le cadre de mes nouvelles fonctions je devais consentir à ce que l'on enquête sur mes antécédents judiciaires. J'ai l'heureuse nouvelle de vous apprendre que mon dossier est vierge. Je suis un dangereux anarchiste gratteux de guitare qui n'a pas encore trouvé le moyen de troubler la société au point d'aller derrière les barreaux.
Bon, j'aurais encore bien des choses à vous dire.
Cependant le travail m'appelle ce soir.
Je m'en vais travailler avec le sentiment d'être vraiment utile à quelque chose dans la vie.
Ce n'est pas rien.
C'est peut-être tout.
Bref, je suis le veilleur de nuit.
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