Cependant la pluie lui rappelait que ça mouille les vêtements.
Aussi fit-il exception à son exercice quotidien et héla un taxi.
Une grosse voiture le prit à son bord. Avec une grosse rousse au volant qui sentait la vanille, un parfum que Lucien n'appréciait pas particulièrement pour une femme. Et même pour un homme. Mais bon, ça varie d'un nez à l'autre.
Ce qui lui puait le plus au nez, à Lucien, c'était surtout le fait que la grosse rousse était ouvertement raciste. Comme Lucien avait les traits plutôt caucasiens, une bouille d'Oktober Fest, elle se disait sans doute qu'elle pouvait lui confier toutes les saletés de son âme.
-Moé là, j'me dis que c'est nous autres avant les autres... Les Arabes pis les nègres y'ont pas d'affaire icitte... J'y va's-tu chez-eux moui? Non. Ça fait qu'i' viennent pas icitte eux autres non plus...
-Je ne suis pas raciste madame, lui répondit Lucien.
-Ah non? Vous devriez. C'est une invasion. Moé chu devenu raciste à force de voir toutes ces races-là arrivées icitte pis s'prendre comme si c'était nous autres qui devaient cirer leu' souliers! Wô minute!
-On vous oblige à cirer des souliers si je comprends bien?
-Non! C'est une image... Mais y'en a des nôtres qui vont en cirer juste parce qu'i' y aura p'us de jobs pour parsonne! Icitte c'est Québec! Icitte c'est Canada!
Elle continua de vomir sa haine des immigrés tout le long du trajet.
Puis, arrivé à destination, Lucien lui paya son dû en lui laissant même un pourboire, par habitude sans aucun doute.
-C'est vraiment une grosse hostie d'truie! se dit Lucien en lui-même après être débarqué du taxi.
Et c'en était vraiment une.
Une vraie grosse truie raciste comme il s'en fait de temps à autres dans nos belles paroisses.
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