Un lecteur assidu m'a téléphoné ce matin pour se plaindre du fait que je n'ai rien publié sur mon blogue depuis vendredi dernier.
Ce lecteur, pour tout dire, c'est mon frère... Ça ne lui enlève rien. Ça signifie que la littérature est aussi une affaire de famille pour votre humble serviteur.
Je ne le laisserai pas s'impatienter plus longtemps. N'aurais-je écrit que deux ou trois paragraphes que je pourrais me dire que j'ai accompli mon devoir familial...
Néanmoins, vous savez bien que je ne m'arrêterai pas. Une fois qu'on a mis une pièce de monnaie dans le gorille, comme le dit ma blonde en parlant de moi, eh bien il semble que je sois intarissable.
Je suis un peu semblable à mon père en cette matière, cet homme taciturne dont l'esprit était un volcan qui menaçait toujours d'éclater.
Une fois qu'il était parti, cela ne s'arrêtait plus. Ses paroles coulaient comme du plasma volcanique. Il vomissait des ectoplasmes. Surtout si l'on osait vanter devant lui l'Union Nationale, Duplessis et autres cochonneries conservatrices.
Mon père était Rouge comme Vulcain. Il était probablement un libéral d'extrême-gauche... Je tiens de lui ce tempérament soupe au lait. Comme lui, je suis un introverti implosif qui peut se métamorphoser en extraverti explosif. Il ne faut surtout pas mettre "trente sous" dans le gorille, effectivement. Sinon, j'ai vite les baguettes en l'air, je sors mes pancartes et je crie "Dehors Couillard!"
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Honnêtement, j'ai trop d'impressions dans ma tête en ce moment pour livrer un texte cohérent. Mes professeurs auront tout fait pour m'enseigner les techniques narratives, l'introduction, le développement et la conclusion.
Je ne les aurai jamais écoutés puisqu'ils n'écrivaient presque jamais. Quelles leçons tirer de ceux qui n'écrivent jamais, hein? N'importe quel autodidacte animé d'une réelle passion pour les arts et les autres avaient plus à m'apprendre que les techniciens du savoir officiel. En littérature comme en musique nous ne sommes rien sans la passion.
J'aurai aussi pris exemple sur les Encyclopédistes du Siècle des Lumières. Écrire n'est pas si difficile s'il ne suffit que de rendre par écrit les paroles qui se bousculent dans mon esprit sans aucun voile ni stratégie. C'est toute ma méthode et je m'y complais encore.
Je ne voudrais pas écrire des textes que je n'aurais pas moi-même l'envie de lire à voix haute. Plus un texte est obscur, plus son message est mince. Quand ça goûte mauvais, c'est mauvais.
J'ai passé l'âge de vouer un culte à des textes indéchiffrables dont on ne retient tout au bout qu'un mince filament de pensée qui ne vaut pas une once de paroles émises à brûle-pourpoint. Je n'ai plus honte de dire que je ne m'intéresse pas à la philosophie dépourvue d'amour de l'écriture. Cela ne m'a pas aidé un seul instant que d'avoir lu La phénoménologie de l'esprit et autres oeuvres aussi stériles qu'un désert martien.
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Je sais que je passe encore du coq à l'âne. Je suis autant un coq qu'un âne, en effet, et je ne m'en excuse pas du tout. Je ne cherche pas tant à avoir raison qu'à ne pas perdre mon temps à me contenter de riens.
J'aurai failli vous parler de politique ce matin. Je me suis retenu pour ne pas vous faire dégueuler. Les plus mauvais passages du Journal d'un écrivain de Dostoïevski sont justement ceux où il emmerdait ses lecteurs avec ses notions politiques surannées. Il était vachement plus fort quant à la description psychologique de ses personnages.
Je ne suis pas Dostoïevski, bien entendu, mais je suis tout de même contaminé par mes belles et bonnes lectures. Dostoïevski en fait partie. Je suis moi aussi sorti du Manteau de Gogol...
J'ai terminé récemment la lecture de la trilogie des jumeaux de Agota Kristof. J'ai lu Le grand cahier, La preuve et Le troisième mensonge d'un trait. Je lis à tous les jours et il n'est pas si commun de tomber sur une lecture intéressante. Que de pages exsangues aurai-je lues au cours de ma vie!
La trilogie des jumeaux a produit chez-moi l'effet de Siddhartha de Hermann Hesse. Ça ne se ressemble pas du tout, je sais, mais j'ai lu La trilogie des jumeaux d'une seule traite, comme Siddhartha.
J'avais lu Siddhartha pendant un cours de philosophie particulièrement ennuyant où l'on traitait de l'esthétique selon Walter Benjamin, Adorno et je ne sais plus trop.
Cela me laissait totalement indifférent. Par contre, Siddhartha me faisait presque sortir de mon corps ainsi que de la salle de cours. Je n'étais plus là à me faire emmerder avec des notions philosophiques sèches et rébarbatives. J'étais ailleurs, au pays de Bouddha, en un temps de sagesse infinie où la philosophie se vivait encore dans la chair et le sang.
La trilogie des jumeaux de Agota Kristof accorde une place prépondérante à la chair et au sang. C'est ce qui a rendu cette lecture attrayante à mes yeux. Je m'en voudrais que de vous vendre le punch de cette trilogie des jumeaux. C'est un peu comme si la plume d'Agatha Christie avait été plongée dans l'encrier du Marquis de Sade. On en ressort avec des impressions tout aussi confuses que la vie puisse l'être. C'est ce qui en fait une grande oeuvre. Elle vous laisse avec plus de questions que de réponses.
N'est-ce pas le propre de l'univers que de contenir plus de questions que de réponses?
C'est par les questions que l'on atteint l'infini.
Les réponses, en toutes choses, sont des mensonges auxquels s'accrochent les sophistes et autres "fabricateurs de discours inutiles" dont parlait René Daumal dans La grande beuverie.
Bref, je ne saurais trop vous recommander de lire La trilogie des jumeaux de Agota Kristof. Ça vous changera les idées. Et ça vous donnera l'envie de ne plus lire des romans mal écrits abusant du métalangage et autres subtilités insignifiantes. Vous n'en serez que plus exigeant. Et cela nous épargnera tous d'avoir à lire des trucs qui ne veulent rien dire justement parce qu'ils ne disent rien.
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Un peu de politique pour conclure?
Pourquoi pas!
Le Parti libéral du Québec (PLQ) me fait penser à feu l'intendant François Bigot, dernier gouverneur de la Nouvelle-France, fraudeur avéré et pourriture coloniale. L'histoire a retenu de cet homme insignifiant qu'il était une charogne. Son nom n'est honoré d'aucune manière dans notre toponymie. Il y a une rue Jean-Talon et même une rue des Pins. Il n'y aura jamais de rue François-Bigot...
Jean Charest, matraqueur en chef lors du Printemps Érable de 2012, a eu l'insigne déshonneur de faire couler le sang du peuple dans nos rues. On s'en est débarrassé comme d'une vieille chaussette et ne serait-ce des anglophones qui préfèrent les escrocs aux "séparatistes", jamais le PLQ ne serait revenu au pouvoir. Pardonnons aux anglophones de ne pas savoir ce qu'ils font... Souvenons-nous plutôt que c'est un anglophone, Robert Nelson, qui a rédigé la première déclaration d'indépendance du Québec dans l'histoire... Comme quoi les anglophones du Québec peuvent parfois se montrer raisonnables.
Hier, Jean Charest était sensé donner une conférence à l'université McGill. Il devait se prononcer sur la manière de rétablir la confiance du public envers les institutions gouvernementales...
On aurait pu croire que c'était un poisson d'avril si ça ne s'était pas passé le 4 avril. Mais non! C'était un vraie couleuvre que Jean Charest souhaitait faire avaler à son auditoire.
Une poignée de manifestants ont eu raison du discours de Jean Charest qui a été annulé.
"Charest, trou d'cul, espèce de corrompu!". récitait mollement un manifestant. Il n'en fallait guère plus pour que Jean Charest vacille sur son socle, à l'instar d'un François Bigot.
Je doute qu'il y ait un jour une rue Jean-Charest.
Comme je doute qu'il y ait une rue Philippe-Couillard.
Ou bien une rue Sam-Hamad.
Si ce n'était que de moi, je vous l'ai déjà dit, nos toponymes seraient toujours reliés aux arbres, aux lacs, aux rivières ou autres éléments de la nature. Les hommes sont trop cons et l'histoire trop pleine de secrets déshonorants pour se contenter de noms et prénoms misérables. On ne se trompe jamais avec la rue des Érables, l'avenue des Saltimbanques ou bien le Lac de la Perchaude.
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Mon frère a osé me téléphoner pour mettre son trente sous dans le gorille. Comme prévu, je suis devenu intarissable.
Je n'avais rien à dire avant son appel.
Et depuis, je ne sais même plus comment terminer ce billet.
Aussi bien y aller au plus court.
Fin.
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