mardi 15 septembre 2015

La thérapie qui choque les Québécois et les Russes

Suite à l'effondrement de l'URSS, la Russie a fait face à une "thérapie de choc" initiée par Boris Eltsine et son ministre des finances, Iegor Gaïdar. Gaïdar était inspiré par Milton Friedman et l'école de Chicago, des libertariens fascisants selon qui le marché devait décider de tout, y compris des normes et valeurs sociales. Leur credo se résumant à laissons le marché libre et nous aurons la société que l'on mérite.

Le règne de Boris Eltsine permit à la mafia russe de prendre du galon. Tout fût plus ou moins liquidé. L'État fût démantelé au profit de ce nouveau Far-West où les millionnaires apparaissaient et disparaissaient dans la minute qui suivait. Tout un chacun se tirait dessus. L'espérance de vie de la population plongea. L'inflation atteignit des sommets inégalés, 1000%, 2000%... Les retraités et salariés de l'État durent bientôt manger dans les poubelles. C'était, aux dires de Iegor Gaïdar, ministre des finances et initiateur de cette thérapie de choc, faire le choix entre la criminalisation de l'économie ou la guerre civile. Il crut bon de choisir les criminels...

Une anecdote circule parmi les Russes selon laquelle Iegor Gaïdar fût le plus grand économiste marxiste de Russie. Il a réussi mieux que Lénine et Staline a discrédité totalement le capitalisme en ce pays...

Vladimir Poutine a perdu son job avec l'effondrement de l'Union Soviétique, effondrement qu'il a qualifié de plus grande tragédie de l'histoire du XXe siècle. Cet ancien agent des services secrets s'est retrouvé à la rue, parmi son peuple, à assister à cette orgie de fric où le Russe moyen était le grand laissé-pour-compte.

On peut évidemment trouver que cette assertion est un peu louche. Pourtant, Poutine, contrairement à Eltsine et Gaïdar, est aimé des Russes parce que sous son règne de nouveau tsar, il a remis la Russie sur les rails. Les retraites et les salaires ont grimpé de près de 50%. Les milliardaires ont été mis au pas. L'éducation et la santé sont redevenues, à peu de choses près, gratuites.

Je ne suis pas un admirateur de Poutine. Mais je puis comprendre que les Russes le préfèrent à tous les scélérats, traîtres et vendus de l'ère de Boris Eltsine. Avec Poutine, les Russes ont retrouvé leur fierté et leur place dans l'histoire mondiale. On ne les traite plus comme des ratés qu'on peut acheter pour un navet et une patate pourris. On a mis au rancart la thérapie de choc et l'école de Chicago.

Bien sûr, les droits et libertés de la personne doivent encore y faire des progrès. Bien sûr, des opposants politiques disparaissent subitement. Bien sûr, Vladimir Poutine a acquis une solide fortune.

Cependant, les Russes ne mangent plus dans les poubelles. Et, on dira ce que l'on voudra, ce fait parle plus que tous les beaux discours avec la main sur le coeur.

***

Au Québec, les libéraux sont en train de pratiquer eux aussi cette thérapie de choc qui ne nous mènera nulle part.

On croit qu'en soumettant l'économie aux lois du marché tout ira mieux. Et je me demande même si l'on croit cela. On applique le modèle de l'école de Chicago pour ensuite remettre les clés du Québec à la mafia. C'est tout ce qu'il faut en comprendre. Les riches seront plus riches. Et les pauvres encore plus misérables.

Bientôt, retraités et salariés de l'État devront manger dans les poubelles. Les professeurs et les médecins devront faire des pipes au coin de la rue pour arrondir leurs fins de mois.

De nouveaux riches apparaîtront, une poignée qui feront la belle vie pendant que tous les autres pleureront. L'argent ne pleuvra pas sur tout le monde. Il demeurera concentré entre les mains d'une bande de voyous qui parasiteront toutes nos ressources collectives et nous ramèneront cent ans derrière, à l'époque où l'on envoyait les enfants à l'usine plutôt qu'à l'école.

J'imagine déjà ce qui se passera par la suite.

Les Québécois vont rejeter massivement cette thérapie de choc. Couillard et ses larbins libertariens seront perçus comme les pires traîtres et vendus que le Québec ait connus. Le capitalisme, parce qu'il aura été sauvage et immoral, sera plus honni que jamais. Et l'État reviendra en force, plus fort que jamais, parce que l'on ne peut pas faire un Martien d'un Terrien, ni un chien d'un chat. On ne peut dire à un type qui a été soigné toute sa vie à l'hôpital qu'il doit maintenant se contenter d'une trousse de Premiers Soins achetée chez Dollarama plutôt que d'un médecin. Bref, c'est perdu d'avance pour la thérapie de choc et les capitalistes sauvages. Ils regretteront amèrement d'avoir tenté de jouir une dernière fois dans le cul du peuple québécois.

Tout semble nous pousser à croire qu'il n'y a rien à l'horizon pour contrecarrer cette thérapie de choc que subissent en ce moment les Québécois. Pourtant, tout est là. Le retour sur les rails se prépare. Je prédis une vague de nationalisations sans précédent de larges pans de notre économie. Je prétends que personne ne descendra dans la rue pour défendre le capitalisme sauvage. Par contre, on en trouvera par centaines de milliers pour rétablir l'État, les droits sociaux et l'égalité économique.

Les manifestations de 2012 ne seront rien par rapport à celles qui surviendront inévitablement au bout de cette thérapie de choc. Les libéraux vont piquer du nez à jamais et pour toujours. 



1 commentaire:

  1. «On applique le modèle de l'école de Chicago pour ensuite remettre les clés du Québec à la mafia.» : trop vrai.

    Tout appartient à la mafia au Québec et même au Canada, à commencer par les syndicats. La mafia nous tient par les couilles. Et quand je parle de «mafia», c'est le crime organisé en veston-cravate dont je parle, pas nécessairement des mafieux italiens. Les shows inoffensifs comme on a vu à la Commission Charbonneau devraient être une honte pour les Québécois, et un électrochoc pour qu'ils fassent quelque chose de radical. Mais tout est beau sous le soleil dans les arrondissements, et la corruption continue. Rien n'a changé. C'est triste à dire, mais avant on se faisait jouir dans le cul sans le savoir, alors que maintenant on sait qu'on se fait encore jouir dans le cul, mais on sait en plus qu'on ne peut rien y faire.

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