lundi 26 août 2013

Mes valeurs ne sont pas québécoises, elles sont universelles

Le Parti Québécois(PQ) est mort en 1984 quand René Lévesque s'est rallié aux conservateurs de Bryan Mulroney. Dès lors, c'en était fait de l'idéal d'une société relativement juste et éclairée.

Les politiques d'austérité sont devenues plus que jamais à l'ordre du jour.

De sorte que de nos jours le PQ me fait l'effet d'un revenant aux traits cadavériques qui se prend pour le survenant au teint rose des îles de Sorel.

Derrière toutes ces momies qui nous gouvernent ne se cachent plus que l'ombre d'une pensée politique. La vie les a quittées depuis trente ans. Leur peau est devenue grise. Leur programme est une langue morte.

Il ne reste plus que la stratégie, la fourberie et les statistiques.

De temps à autres, quand ça va vraiment mal, le PQ nous tartine des cours d'histoire ou bien des valeurs québécoises sur lesquelles nous n'avons jamais eu à dire quoi que ce soit.

Mes valeurs, personnellement, sont universelles. Elles ne tiennent pas compte des frontières, ces enclos de fils de fer barbelés à l'intérieur desquels on confine des troupeaux d'humains à vivre comme des bêtes domestiquées. Tout cela sous le contrôle de pasteurs déconnectés qui les tondent sans retenue, au risque d'épuiser la ressource à jamais.


***

Je me souviens d'avoir assister en octobre 2000 à une rencontre de groupes communautaires sous l'égide du Ministère des Relations avec les citoyens et de l'Immigration. J'y assistais en tant que représentant du journal de rue Le Vagabond, où j'étais rédacteur en chef.

Nous fûmes bien reçus: dîner au restaurant Le Napoléon puis belle soirée avec de petits canapés, du vin mousseux et un orchestre de jazz.

Le lendemain, on nous fournit un petit document dans lequel on ne se lasse pas de nous parler des valeurs québécoises, de l'histoire du Québec et tout le bataclan.

J'ai le malheur d'intervenir au cours de l'assemblée générale de tout ce beau monde.

-Nous sommes sensés être ici pour soutenir de meilleures relations avec les citoyens et les immigrants, que je dis au micro. Votre document contient soixante-huit fois le mot histoire et trois fois seulement le mot liberté. J'aimerais que ce soit le contraire: soixante-huit fois la liberté et trois fois l'histoire...

J'ai senti passé comme un malaise dans la salle. J'ai même reçus quelques applaudissements sincères. Ma job était faite. Il n'y avait plus de vin mousseux à boire. J'ai regagné mes terres à Trois-Rivières.

Le ministre Robert Perreault a démissionné trois jours après. Y étais-je pour quelque chose? Je n'en sais rien. Je sais cependant que cette manie de tout ramener à l'histoire n'était pas prête de disparaître.

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On revient avec l'histoire, encore et encore.

Mon père détestait viscéralement Duplessis. Il me disait souvent que dans son jeune temps les Anglais apprenaient à lire et à compter tandis que les Canadiens-Français apprenaient l'histoire et le petit catéchisme. A-t-on tant changé?

Pauline Marois annonçait hier l'ajout d'un cours obligatoire d'histoire au collégial...

Ne sachant plus comment se débarrasser de l'héritage social-démocrate du PQ, le gouvernement actuel calque ses politiques sur celles de l'ADQ en remettant à l'ordre du jour la chasse aux immigrés.

La charte des valeurs québécoises n'est qu'une parade patriotique pour mieux nous baiser avec le pétrole de l'île d'Anticosti. Pendant qu'on va sucer le pétrole en nous remettant trois fois rien, on va s'étourdir avec des histoires de turbans ou de linges à vaisselle.

On n'enlèvera pas le crucifix à l'Assemblée Nationale puisqu'il faut se trouver suffisamment de pauvres types pour mener une croisade historique contre une poignée d'immigrants qui devront avoir peur. Il n'y a pas d'appels à la laïcité ici, mais bien un appel à la haine, au rejet de l'autre, pour des considérations bassement électoralistes.

Qu'est-ce que la tolérance? Le contraire de l'intolérance. Et il y a de la graine d'intolérance dans cette manière de remettre sur le plancher des vaches le code de vie de Hérouxville.

Quand c'est gnochon, il faut le dire.

Le code criminel sanctionne les crimes contre la personne, dont la violence conjugale, la lapidation, l'excision du clitoris et autres pratiques barbares. Ce n'est pas une question de valeurs, mais une question de droit, turbans ou pas.

L'intolérance nuira à tout un chacun.

Nous avons l'obligation de vivre ensemble ici et maintenant.

Il n'est pas question de laïcité dans le cas de cette Charte des valeurs québécoises, mais bien d'identité, et je ne veux pas que l'État m'oblige à en avoir unetelle plutôt qu'une autre.

Aurais-je le droit de vivre en Anishnabé, comme mes ancêtres, avec cette sacrament de Charte à faire frémir de joie Jean-Marie Le Pen?







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