jeudi 6 octobre 2011

Chicoine voyage plus vite que la lumière sans utiliser la propulsion par neutrinos

Les neutrinos voyageraient plus vite que la lumière selon les observations faites dans l'accélérateur de particules qui relie la Suisse à l'Italie.

Bon, ça semble du chinois tout ça. Pourtant il doit bien y avoir une application pratique.

C'est du moins ce qu'en pense Rémi Chicoine, installateur de calorifères de son métier et «ingénieur quantique» dans ses temps libres, titre auquel Chicoine tient le plus.

Chicoine c'est le gars que vous voyez tous les jours. Je veux dire qu'extérieurement il se fond totalement dans la masse: cinq pieds dix pouces, ni trop gros ni trop maigre, avec une calotte de baseball sur la tête et arborant un tee-shirt à la mode du jour, du genre «J'aime mieux ta soeur» ou bien «Je m'en câlice!».

Il ne fume pas et même s'il fumait qu'est-ce qu'on en aurait bien à foutre, hein?

Non, Chicoine ne fume pas mais il n'en déborde pas moins d'idées fumantes.

Dont celle de voyager plus vite que la lumière, pour défier le temps et l'espace.

Alors il se bricole ce quelque chose propulsé non pas par des neutrinos, mais par des nihilos, des particules encore plus indiscernables que les neutrinos. C'est Chicoine lui-même qui les a découvertes, les nihilos, en s'amusant avec les chiffres au recto d'un bulletin communautaire à propos de tel organisme qui organise un bingo de l'emploi.

Au bout de tout ce tricotage de données, zipzap, Chicoine t'invente en moins de deux ce quelque chose propulsé par des nihilos. Il surnomme sa machine Betty. Il donne du manger mou pour une semaine à ses chats. Puis zzzzzwaaaaaaaawwww! Chicoine voyage dans le temps et l'espace.

Il se promène ici et là dans toute la Voie Lactée puis dans tout l'univers.

Sa Chicoine-mobile traverse ensuite toutes les galaxies du monde jusqu'alors connu. Comme il s'est emmené des fruits secs, des noix et de l'eau en abondance, Chicoine se permet même d'aller encore plus loin.

Le voilà de l'autre côté des trous noirs. Dans un monde inconnu. Tout s'y vit à l'envers du nôtre. On commence en mourant et l'on finit en naissant dans ce monde. Alors Chicoine sort par un autre trou noir. Et zap! Le voilà dans un monde où tout est fuschia. Un autre trou noir et il y a plein de chats qui flottent dans les airs, des chats qui remplacent les étoiles et les galaxies. Au bout de milliards de mondes inconnus, tous aussi bizarres les uns que les autres, Chicoine revient dans son bon vieux monde. Ses vacances s'achèvent et c'est la saison de l'installation de calorifères qui reprend.

Donc, Chicoine revient trois secondes après son départ, puisqu'il s'est joué des règles du temps et de l'espace.

Il va se chercher une tranche de fromage dans le frigo.

Puis il médite un peu sur tout ce qu'il a vu.

Puis il se dit que pour plusieurs mondes qu'il a visités, nous sommes comme un type qui se regarderait entre deux miroirs. L'image semble se perdre à l'infini. L'image d'un gus qui se regarde dans le miroir et qui se demande si ce gus qu'il voit peut y comprendre quelque chose, tellement tout est confus, tohu-bohu et bizarreries cosmiques sans nom.

Aussi bien manger sa tranche de fromage se dit Chicoine en lui-même. Et vivre tout simplement sa vie, sans se soucier davantage de visiter ces mondes inconnus, autres endroits remplis d'ennui et de platitudes.

2 commentaires:

  1. bin, chuis d'accord avec sa conclusion - sauf que j'aime pas le fromage.

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  2. une bergère qui aime pas le fromage, pardi! naturellement!

    en tous cas, tu vois, quand t'injèctes un peu de sci-fi dans ton mélange, tout dessuite, ça prend un air à la stephen king en bien moins inquiétant. et tout le monde y gagne.

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