vendredi 20 février 2009

Comment je blogue


Voici ce que je me dis chaque matin que j'ouvre Blogger pour écrire quelques fantaisies sur mon blogue. C'est sans doute sans intérêt. Mais je m'en voudrais de ne pas le signaler, ne serait-ce que pour vous fournir ma ration quotidienne d'élucubrations.

1) Résiste à la tentation d'écrire tout le temps au Je. Tout le monde se crisse des atermoiements et du moimoiment. L'Autre ment moins que le Je. Et puis l'égotisme ambiant est si répandu que tu finis par vomir le Je. Sois Gogol ou rien. Parle d'un autre pour mieux parler de toi. Et va chercher en chaque personnage cette part d'ombre et de lumière sans quoi l'art n'est qu'une description froide et monotone.

2) Parle de politique avec modération. N'hésite pas à rentrer dans l'arène quand tu sens qu'une injustice pourrait être commise par le plus grand nombre envers les plus petits d'entre tous. Pratique le pardon. Combats le ressentiment. Raisonne au lieu de gémir. Crée au lieu de palabrer sur telle ou telle mesure administrative. Évite de penser par slogans interposés. Il n'y a ni droite ni gauche: juste des gens qui rêvent de posséder l'anneau, le prrrr-r-récieux, comme le dirait Gollum dans Lord of The Rings. Tous les politiciens finissent par ressembler à Gollum, même les anarchistes. Et tu vaux mieux que Gollum. Sois Don Quichote ou rien. Un rêveur plutôt qu'un gérant d'estrade. Un poète plutôt qu'un prophète.

3) Pas trop d'inside jokes que personne ne comprend, gus. Retiens bien ça. Sois clair. Sois limpide. Sois simple. Sois Marcel Gamache ou rien.

4) La langue française est riche mais il ne faut pas confondre le vocabulaire du juriste avec celui de l'artiste. Le meilleur exemple d'échec littéraire demeure les romans de Léon Bloy. Tu les as tout de même lus un tant soit peu, gus, et tu comprends que ce n'est pas normal d'arrêter ta lecture à chaque deux phrases simplement pour t'extasier d'un mot tiré d'études latines mal digérées. Ce n'est pas de la botanique que tu fais, mais de la communication. Préfère le pissenlit au taraxacum de la famille des astéracées quand vient le temps d'écrire. Évite l'emploi trop fréquent du plus-que-parfait du subjonctif. Sois Marcel Aymé ou rien.

5) N'écris jamais deux fois le même texte et si ça t'arrive, calice-toi un gros coup de pied dans l'cul. Sois original ou rien.

6) Etc.

37 commentaires:

  1. encore des bons points.
    "lo blogue, mode d'emploi", mdr.
    c'est pas george pérec qui compte des chaussettes roses dans une bassine d'eau sale, héhé!

    j'aime bien les chasseurs de moulins à vent, santé!

    http://www.youtube.com/watch?v=6Tj4mxSOD1s

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  2. Dis-moi comment tu blogues et je te dirais qui tu es.

    J'aime tes préceptes et particulièrement celui-ci : "Et va chercher en chaque personnage cette part d'ombre et de lumière sans quoi l'art n'est qu'une description froide et monotone". De l'écrire mot à mot me remplis encore plus de sa vérité.
    Ça, c'est pour le sérieusement franc.

    Et la morale de l'histoire est d'être à la Marcel. Ça c'est pour le drôlement pas franc.

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  3. Moi, je n'hésite pas à me servir du "Je" si je le juge pertinent. Si je tiens un blogue, c'est pour faire entendre ma voix, non une entité neutre et faussement objective.

    En ce qui concerne le français, je suis plutôt pour la tenue d'un français courant, ni trop relâché, ni trop joualisé. Je suis comme ça.

    J'ai bien aimé lire Léon Bloy, en particulier son Exégèse des lieux communs. Je connais des auteurs - et tu dois en connaître aussi - bien plus difficile à lire. Faudrait par ailleurs s'entendre sur ce qui rend une lecture difficile. Il n'y a pas de mots compliqués mais il y a des textes tortueux et complexes (souvent inutilement) dont la lecture est ardue.

    Tout cela pour dire que le principal danger d'un blogue, c'est de se répéter. Et je commence à me poser la question pour moi-même...

    ;)

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  4. Tous vos commentaires sont très pertinents.

    Mais ça ne me donne pas plus l'envie de commenter le voyage de Obama au Canada.

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  5. Je comprends pas comment tu fais. Check, là: y a Venise, y a Inuk. Deux des brightest bulbs in the box, et chu sûr qu'ils ont au moins vaguement senti que peut-être tu n'étais pas tout à fait totalement sérieux au sens exhaustif absolu entier du terme. Mais sont pas sûrs, faque ils font l'acte de foi que tu demandes, en fait, chaque fois que tu te paies un peu la tête des gens.

    Il manque un bon cinquième à ton Vade Mecum pour refléter à peu près l'ombre de ta vérité. That's the goddamn simple and fascinating truth, as you bloody well know.

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  6. Quiconque veut me suivre doit savoir que je ne sais pas où je m'en vais, mais que j'y vais tout de même avec le sourire aux lèvres.

    J'écris comme je peins, pour répondre à des questions que je ne me posais même pas.

    On ne doit jamais me prendre au pied de la lettre.

    L'instinct prime sur tout en ce qui me concerne.

    Vade mecum? Je dirais plutôt Non serviam, comme Lucifer, bien que j'évite toute descente aux enfers.

    Je ne suis jamais tout à fait sérieux, ni totalement hors champ.

    «I am what I am cos' I am what I am», as Popeye says.

    En passant, Christian, on a dépensé cinquante cents pour ta prestation à La Joute. Dommage que tu n'aies pas gagné. L'air de rien, on était de ton bord mon hostie.

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  7. Veux pas être malcommode, mais comment me serais-je figuré que vous ne le soyiez pas? Toi, je le prends pour acquis, pis Elbie, no way qu'elle aurait pris pour Deyglun ou Labrecque.

    50 cents. À deux. You're some cheap pair of friends, I have to say :-)

    Oh, btw, Ven, Inuk: c'est pas vrai non plus qu'il faut jamais le prendre au pied de la lettre. Des fois faut, des fois pas. Go with the flow. Il donne l'indice (c'est INSTINCT).

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  8. C'est un cinquante cents bien investi, quoi que tu en penses.

    ;)

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  9. J'croyais que t'allais dire, Butch, quelque chose comme "Qui veut vivre me suivre!"...

    Et d'ajouter le coût du membership...

    hé! ;)

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  10. Diogène le cynique a été mon premier maître en philosophie.

    Je m'en voudrais d'obliger qui que ce soit à se coller un poisson pourri dans le dos et à me suivre partout.

    De toutes façons, j'intimide tout le monde et c'est mieux ainsi.

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  11. Bon, v'là que mon Butch intimide tout le monde astheure. C'est récent, ça? J'ai pas reçu le mémo, pis Mac non plus chu pas mal sûr.

    Shuk: Diogène, c'était autant pour des considérations matérielles que d'affinités philosophiques (Butch se sentait bien dans un tonneau, il avait pas les moyens de se saper comme Empédocle et comme il avait déjà trouvé son honnête homme, il pouvait foirer toute la journée aux frais de la république).

    Mais ce que tu évoques renvoie à Sisyphe. En gros, quand Butch descend une côte, suis-le, pis quand il monte passe en avant: qui veut vivre a juste à se servir de sa tête.

    PS: une affaire moins évidente, du genre qu'il faut savoir: les ours peuvent pas te pourchasser en pente descendante. On sait jamais, ça peut servir :-)

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  12. Je me pars un fan-club. Ça va vous coûter cher en tabarnak. La carte de membre ne sera pas vendue en bas de deux cent millions. Tant qu'à me faire chier avec des disciples, aussi bien que ce soit avec les plus riches.

    Il est à préciser qu'il n'y aura aucun avantage à soutirer de ce membership.

    J'abreuverai d'insultes quiconque deviendra membre.

    Je daignerai parfois dire un bon mot, comme bonjour par exemple.

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  13. Si je m'écoutais je fonderais une secte. J'inventerais un crédo, je concevrais un rituel compliqué, j'aurais des prêtres et des prosélytes à mon service, je bâtirais mon lieu de culte où les milliardaires viendraient à genoux demander la grâce et le pardon.

    Tout cela à Trois-Rivières, quelque part sur l'emplacement de l'hippodrome que je rachèterais avec l'intérêt de mes placements.

    Et moi je tiendrais la caisse, bien entendu... Et au chaud avec des vestales pour me détendre de mes efforts...

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  14. J'aimerais bien vivre au frais de la république, mais en ce moment c'est plutôt le contraire: la république vit à mes frais. Elle me laisse quelques miettes pour me divertir.

    Sisyphe n'avait qu'à s'acheter un bulldozer pour raser sa calice de montagne.

    Vendre le foie ou la vésicule biliaire de l'ours avant de l'avoir tué, c'est ne rien connaître des dépotoirs, l'habitat naturel de ces débonnaires plantigrades.

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  15. Inuk, devant le complexe de jeu dont tu parles il y a une auberge minable dont le nom pourrait être La bonne étoile. C'est le dernier refuge de ceux qui ont presque tout perdu en face, au Ludoplex.

    Bien sûr, ça n'a rien à voir avec la religion.

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  16. Je recyclerais tout.

    L'auberge deviendrait ma propriété et hébergerait les croyants de ma secte. Je l'agrandirais même.

    Et la côte à deux fesses, connectée au boulevard des Forges, servirait de cheminement à la réflexion avant les grandes célébrations de l'Hippodrome.

    Tout membre serait obligé de venir se recueillir à l'hippodrome-lieu-culte au moins une fois par année.

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  17. Une fois par année, ça commence à ressembler au Grand Prix ton affaire, Inuk... Pas cet hostie de Grand Prix sale, de pollueurs du tabarnak qui crissent leur boucane dans mon air comme du temps où l'on exterminait les bisons rien que pour leur langue et leurs gosses?

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  18. Pas mal sûr que Jésus, genre, ou Savonarole ou L. Ron Hubbard ou Jim Jones ou Vorilhon se sont jamais dit: «Si je m'écoutais...» Right away tu sais que partir une secte c'est pas pour toé. Les vestales, emmènes-en, Chu pas inquiet pour le ShukMan à ce chapitre. Mais l'affaire de s'écouter au conditionnel, c'est mortel. Ces gars-là, non seulement ils s'écoutent, ils se crèyent, pis après eux les disciples.

    T'es pas assez fou.

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  19. Ça me fait penser à la fameuse porte Duplessis.

    Connais-tu le gag?

    Le PM Duplessis voulait une porte en son honneur. Comme cela ne se fait pas du vivant d'une personnalité, il avait finalement trouvé l'astuce de se servir du nom d'un autre homonyme oublié par l'Histoire, un dénommé Pacifique du Plessis.

    Et aujourd'hui, les Trifluviens l'appelle la porte Duplessis en pensant au premier minissssse.

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  20. Ouin ben à se décourager de même de se partir en business on fera jamais d'argent...

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  21. Ça ressemble pas au Grand Prix, ça ressemble au Festival de la Poésie.

    Pas sûr qu'il y ait de la place pour deux papes à 3R.

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  22. I' faut que je trouve un super-combine, secte ou pas.

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  23. Pacifique du Plessis dans le wiki:

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Pacifique_Du_Plessis

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  24. La porte Duplessis c'était son arc de triomphe...

    Paraît par ailleurs que des prisonniers allemands ont contribué à bâtir une partie du parc de l'exposition. L'art fasciste, ils connaissaient ça les gaillards.

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  25. La plussss grossss piscine à l'air libre en Amérique du Nord, c'est des Allemands qui l'ont creusé.

    À côté de che-nous, quand j'étais môme, je passais à côté de gros blocs de ciment: ils servaient de cibles aux soldats qui se pratiquaient au tir avant d'embarquer pour l'Europe.

    C'est débile tout cela.

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  26. Shit, Shuk... Now you did it.

    Connais-tu le gag, que tu y dis. Lyes.

    Now would be a good time to start running downhill.

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  27. Je connais le gag du LYES mais c'est comme le reste: les États-uniens "versus" les Zamaricains.

    Ça fait "plateau" un peu et je suis pas très "Plateau"...

    ;) :lol: ;)

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  28. Ké, guys. Vous laisse délirer en Trifluviens co-culturels.

    Eu du fun. Love you, plantigrade débonnaire (fuck stie j'viens encore de pouffer ma track sul clavier tabarnak); Te salu', Tête de Pierre.

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  29. J'ai entendu mon surnom siffler entre les pixels?

    C'est moi qui ai pris la décision d'appeler à la joute !

    Pourquoi? Parce que c'est d'même calice!

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  30. Aussi parce que tu tiens les cordons de la bourse.

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  31. Procès d'intention ?

    Non ... Je tiens ma bourse seulement. Wooo là, pas plus, pas moins!

    Butch est bien un meilleur administrateur pour la ''fricaille''.

    Faut pas chercher de midi à quatorze heures! C'est d'même parce que c'est d'même, hostie! Tu dois bien valoir un p'tit 50 cennes viande à chien ... ;)

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  32. Depuis le temps que tu veux m'amener à faire une joke grivoise, je t'en fais une, tu m'engueules.

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  33. Fifty Cents, c'est le nom d'un rapper.

    Avec cinquante cents, de nos jours, on n'a p'us rien.

    Essaie d'acheter un livre à cinquante cents, toé chose. À part au Bazar du Livre, c'est pas possible.

    :)

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  34. Laissez mes bourses en-dehors de ce sujet, s'i'-vous-plaît!

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  35. Fifty cents... Un rapper... Eh ben... Merci, Butch.

    Moi, chu plus country, ek des gars qui s'appellent Buck.

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  36. Ce bon vieux Henry Charles "Hank" Chinaski... J't'avouerai que je fais plus Country Joe que Fifty Cents moi aussi. Même que j'trippe sur Johnny Cash.

    Pis tes romans, je les ai pas trouvés pour cinquante cents. Chu obligé de les payer plein tarif. Vous roulez sur l'or, vous les écrivains. C'est connu. Gang de riches!

    Par ailleurs, on devrait vendre nos textes cinquante cents d'la shot sur le ouèbe. Mais faudrait qu'il y ait des vidéos cochons qui viennent avec. Ou ben don' de fausses accusations, n'importe quoi pourvu que ça soit jaune. À moins que je ne dessine des totons, ché pas. Ou bien que les gens s'intéressent vraiment à Dostoïevski ou bien aux traités sur la magie de Éliphas Lévi. J'sais p'us trop. J'sais pas. N'importe quoi.

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  37. Chiquita Banana, elle semble de ton avis qu'avec cinquante cents de nos jours on n'a p'us rien.

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