mardi 27 janvier 2009

ILS SE SONT AIMÉS EN 1989, AU PRINTEMPS, ET C'ÉTAIT PENDANT LES ÉVÉNEMENTS DE LA PLACE TIEN AN MEN


Ça s'est passé en 1989, il y a vingt ans, pendant les événements de la place Tien An Men, vous savez, le gars qui arrête une colonne de chars d'assaut tout fin seul. Mais si vous l'avez vu. Tout le monde a vu ça. Et ne me dites pas que vous n'avez pas l'Internet... Hého! Il y a un milliard d'internautes sur terre. Vous n'avez plus d'excuse, sinon la pauvreté, tellement crasse que vous ne pouvez même pas avoir accès à un poste gratuit d'internautique à la bibliothèque municipale... Parce que vous ne payez pas vos dettes sur vos livres en retard. Si c'est pas scandaleux...

Eh bien ce gars-là, pour Jérémie, en 1989, eh bien c'était le plus grand homme qu'il n'y ait jamais eu sur terre. Le type est seul, devant une colonne de tanks qui pourraient l'écrabouiller comme une mouche. Mais le monde entier les regarde. Et regarde la réaction du Parti face au monde, représenté par ce type, tout seul, qui tient des sacs d'épicerie dans ses mains. Et les chars d'assaut s'arrêtent... Hostie! Ils s'arrêtent!

C'est cette année-là que Jérémie avait déchiré sa carte de membre du Parti communiste bolchévique marxiste-léniniste révolutionnaire prolétarien (Pcbmlrp) pour s'intéresser un peu plus aux filles. Le printemps de la place Tien An Men s'était déplacé jusque dans son lit. Enfin, il y avait de la beauté sur terre. Et cette beauté, ben, c'était Linda Plamondon, une fille qui se lavait tous les jours et se brossait les dents.

Passion folle pour les deux tourtereaux. Y'a de la musique dans l'air, du raisin et du vin, des petits pâtés savourés entre deux baises, la vie pas compliquée, l'amour et yahou tout est beau.

Le gus qui avait arrêté une colonne de chars d'assaut à Beijing, tout en portant ses sacs d'épicerie, valsant à gauche et à droite avec le métal hurlant, ce gus-là eh bien il avait libéré Jérémie de bien des illusions. D'abord sur la nature du communisme, la dictature de quelques-uns au nom de tous, qui possède des millions de fois moins de force d'âme que celle de ce gars tout seul avec ses hosties de sacs d'épicerie.

Et calice qu'il devait s'en taper du communisme, l'inconnu qui porte ses sacs de riz ou de tofu, qui valse avec les tyrans, qui regarde la mort froidement dans les yeux en lui disant «je m'en fous je suis d'ores et déjà un héros». Ce qu'il était effectivement, un héros, aux yeux de Jérémie. Un gars qui lui avait ouvert les yeux. Et qui l'avait libéré de la politique ce printemps-là pour mieux se concentrer sur l'amour, ce qui n'a crissement pas rapport avec l'histoire d'un gus qui arrête des chars d'assaut chinois, sans échapper le contenu de ses sacs d'épicerie, imperturbable comme un maître des arts martiaux, faisant du karaté spirituel avec le despotisme qui se croit éclairé.

N'empêche que chaque fois que l'on parle avec Jérémie de cette époque, il nous la ramène toujours comme ça, avec le gus qui arrête des chars d'assaut à Pékin, pis la Linda Plamondon qui avait la peau douce comme de la soie, pour employer une expression euphémistique qui laisse de la place à toutes vos observations sur la description d'un premier amour.

Je pourrais peut-être faire un roman d'amour de style Duo avec ça... Mouais.

Et à la fin, le gars avec des sacs d'épicerie soulèverait d'une main un char d'assaut pour le tabarnaquer au bout de ses bras, tant qu'à y être...

Mouais. C't'une idée.

2 commentaires:

  1. j'ai mieux : http://fr.youtube.com/watch?v=L4Bc-Bbhi0g

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  2. En fait, y parait que le type avait juste perdu ses lunettes et croyait fermement s'engueuler avec sa femme (une très grosse madame).

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