mardi 17 novembre 2015

Les Ogres de Barbarie

Éric McComber, en plus d'être un auteur québécois de talent, est aussi un type que je fréquente assidûment via les médias sociaux. Il vit en France depuis quelques temps déjà. Il y pratique la musique, la traduction et le vélo. Je ne saurais dire dans quel ordre de priorité: ça lui appartient.

À force de le fréquenter, j'ai pris quelques mauvais plis. 

J'ai toujours considéré avec un certain mépris la majeure partie des thèses conspirationnistes. Depuis quelques temps, j'y apporte une attention toute particulière. Je sais bien qu'il reste encore beaucoup de scories autour de toutes ces assertions sur les manipulations qui surviennent en ce monde. Pourtant, elles me semblent bien moins tirées par les cheveux qu'auparavant. J'ai maturé, lentement mais sûrement, vers une vision moins linéaire de l'histoire du monde.

Le président des États-Unis John Adams avait trouvé un moyen bien pratique de s'emparer de larges territoires détenus par les Sauvages. Il disait, en substance, qu'on n'avait qu'à leur donner le goût des produits de la civilisation pour ensuite leur apprendre qu'il faut de l'argent pour s'en procurer. On leur prêtait de l'argent, peu à peu, pour qu'ils puissent s'acheter des trucs. Puis, une fois qu'ils étaient endettés jusqu'au cou et pris à la gorge, ils n'avaient plus d'autres choix que d'abandonner leurs territoires pour payer leur dû.

Y'a-t-il une conspiration qui joue contre la souveraineté nationale de tous les peuples de cette misérable planète? Cela me semble évident.

Je ne vous parlerai pas des Illuminatis et autres chevaliers de Colomb de la franc-maçonnerie cosmopolite... Non, je n'ai pas besoin de me référer à cette imagerie d'Épinal.

Ce matin, en ouvrant mon compte Facebook, je suis tombé sur un statut de Éric McComber dans lequel il affirmait, en gros, que nous ne sommes pas victimes des États-Unis, de la France, de la Russie, de la Syrie ou de l'Île Moukmouk, mais plutôt les acteurs et spectateurs abusés par des ogres qui financent le boxeur du coin gauche, le boxeur du coin droit, l'arbitre, le lieu du combat et le stationnement d'en face. En termes de capitalisme, on appelle ça de l'intégration verticale.

Ces ogres tiennent plus que tout à foutre le bordel dans le monde selon le principe bien connu qu'il faut diviser pour régner. Le syndicaliste Michel Chartrand disait, avec raison, que le capitalisme est amoral, asocial, apatride et inhumain. Il achète la maladie, le remède et le patient s'il le faut.

Aussi ne faut-il pas s'étonner de voir des capitalistes financer en 1917 la révolution russe et la contre-révolution russe. Il ne faut pas s'étonner de voir la France et les États-Unis soutenir le front Al-Nosra, branche d'Al Qaïda en Syrie. Dans tous les cas, c'est l'Ogre, le gouvernement invisible, qui tire les ficelles. C'est l'argent qui mène le bal en nous donnant l'impression que nous pouvons exercer une forme de souveraineté populaire via nos parlements vendus aux ogres et nos institutions internationales parasitées par la haute finance.

De temps à autres, nous allons entendre de belles paroles mielleuses de nos politiciens, journalistes et intellectuels de service. Nous n'entendrons jamais parler les vrais maîtres de ce monde. Chaque fois que l'un de nos politiciens cherchera à nationaliser nos ressources naturelles et à favoriser la prise de parole et de pouvoir du peuple, il se trouvera en situation de danger ou bien sera tout bonnement acheté par les ogres. Il se trouvera des économistes à la solde de ces crapules pour exiger une "thérapie de choc": la liquidation des actifs de l'État, la perte de contrôle des institutions démocratiques, bref la soumission absolue aux intérêts primaires des capitalistes qui ne reconnaissent ni frontières ni limites dans leur rêve de domination universelle.

Les guerres pour le pétrole pourraient s'arrêter demain matin en misant sur des sources d'énergie libres et gratuites. Nicolas Tesla et plusieurs autres scientifiques de renom ont effectué des travaux en ce sens. George Westinghouse, qui finançait les travaux de Tesla, aurait d'ailleurs dit qu'il ne voudrait pas d'une énergie sur laquelle on ne pourrait pas mettre un compteur. Il a cessé de financer les travaux de Tesla qu'on fit rapidement passer pour un fou alors qu'il était un authentique génie. Donc, nous en sommes encore aux énergies fossiles parce qu'on peut y mettre un compteur et enrichir les crapules. Quiconque voudra combattre notre dépendance aux énergies fossiles se fera irrémédiablement ostracisé. On s'arrangera pour que l'application de ses idées soient inefficaces. On sabotera ses travaux.

L'histoire du monde, telle qu'on nous la présente, n'est que la pointe de l'iceberg.

Sous l'iceberg, il y a les assassins de la démocratie et de la liberté, les spéculateurs de la mort et de la soumission des peuples.

Nous croyons trop facilement que les Bleus combattent les Rouges, que les Mauves sont pour le Bien et les Violets pour le Mal. Dans les faits, tout un chacun est sous le contrôle direct et indirect des capitalistes.

Je rêve d'un monde meilleur et nécessairement plus libre, plus juste, plus solidaire.

Ce monde meilleur ne sera qu'une utopie tant et aussi longtemps que les ogres agiront en coulisses pour démolir tous les ponts que nous pourrions bâtir.

Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas combattre le fanatisme religieux, le terrorisme et la dictature. Cela signifie qu'il faut aussi mener le combat en amont: redonner aux peuples leur souveraineté nationale, favoriser une répartition équitable des richesses, développer des institutions par et pour le peuple.

C'est tout un programme. N'attendez pas qu'il soit promu par nos politiciens de métier.

Soyez farouchement libres.












2 commentaires:

  1. Je crois moi aussi fermement que le capitalisme va contre le progrès réel. Nous semblons progresser grâce au capitalisme, mais c'est grâce aux découvertes scientifiques que nous progressons, et pour l'instant, le système économique dans lequel nous sommes nous empêche d'être au niveau où nous devrions être grâce à ce progrès scientifique. Paradoxalement, le facteur profit et la concurrence nous empêchent d'avancer, car quand une découverte est source de profit, on empêche les autres découvertes qui pourraient être des concurrentes de se réaliser. C'est la bonne vieille loi du moindre effort: tout le monde cherche à vivre des efforts des autres, et il est plus facile de nuire aux autres que de fournir un effort supplémentaire, ainsi on protège ses acquis, mais on ne travaille pas pour le bien de tous, contrairement à ce que peuvent penser les utilitaristes à la Smith: l'intérêt personnel, dans un contexte de profit financier et de concurrence, ne peut jamais s'accorder réellement à l'intérêt général de la société.

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  2. Nous avons besoin d'une forme d'émulation. Celle-ci doit se jouer pour l'honneur d'être le meilleur dans telle ou telle discipline, au mépris des considérations purement matérielles -si et seulement si la satisfaction des besoins essentiels y trouve son compte. Le capitalisme, plutôt que de promouvoir le progrès, finit par encroûter la société au même titre que les autres idéologies qu'il prétend combattre... en les finançant pour exercer un contrôle sur elles.

    Je pense qu'il est possible pour l'homme de transcender ces visions du monde du XIXe siècle devenues un véritable obstacle aux progrès de l'humanité. La charité et le partage ne sont pas tant des points de vue éthiques qu'une manière efficace de travailler ensemble pour le bien commun.

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