mardi 24 novembre 2015

Toiles en chantiers pour que la beauté sauve le monde

L'art est mon ultime refuge pour préserver ma tête des furies des iconoclastes en tous genres. Faire de l'amour, de la peinture, de la poésie ou de la musique plutôt que d'abdiquer sa raison au profit des Savonarole de ce monde, telle est ma foi.

J'aurais pu représenter un monde à feu et à sang. J'aurais pu peindre mon Guernica. J'ai plutôt choisi des thèmes qui ne feront pas de ma tête un champs de ruines. Je respecte l'art dit engagé. Je sais aussi, pour reprendre le gastronome Brillat-Savarin, que l'on devient ce que l'on mange. Si l'on mange de la marde, on devient de la marde. Si l'on peint les mille et un tourments des hommes de cette vallée de larmes, on devient une plaie purulente. Vous me verrez manifester, pétitionner et décrier les perversités de la guerre, du racisme et de la cupidité des corporations capitalistes. Vous me lirez souvent à ce sujet, malheureusement...

Pourtant, il m'est essentiel de combattre la laideur par la beauté afin d'actualiser cette vieille maxime de Dostoïevski selon qui la beauté sauvera le monde.

Il peut sembler un tantinet prétentieux que de présenter mes oeuvres sous le signe de la beauté alors qu'elles n'atteignent pas tout à fait la perfection que je souhaitais atteindre avant que me lancer dans leur exécution. Ma main a tremblé ici et là. Mon oeil a manqué de focus. J'ai fait ce que j'ai pu avec les dons que j'ai hérités de la Création en tant que créature incomplète déjà entrée dans la phase déclinante de sa vie.

Plus prétentieux encore est de vous présenter ici les ébauches de ces oeuvres en chantier. Deux toiles sont en cours d'exécution dans mon atelier: une scène de la vie urbaine et une patinoire. Ces deux thèmes sont récurrents dans ma production pour la simple et bonne raison qu'ils permettent à mon art de se vendre comme des petits pains chauds. Mes admirateurs veulent de moi des cordes à linge, des scènes de la vie urbaine et des patinoires avec tout plein de personnages. Devrais-je les décevoir? Devrais-je peindre un cadavre sur un champs de bataille avec un éclat d'obus dans le cul?

Eh bien non! Je vais résister. Je vais plutôt peindre des grosses en jacquette rose qui boive une bière sur leur perron. Je vais peindre des quidams qui fument des cigarettes sur les trottoirs. Je vais peindre un enfant qui fait la culbute parce qu'il patine encore sur la bottine.

C'est ma manière de défier ce monde cynique et froid.

Du moins, pour aujourd'hui.
Patinoire (en cours d'exécution)

Scène de la vie des bas-quartiers (en cours d'exécution)

Un mur de mon atelier-galerie d'art sous le thème de la nature et de mon ascendance autochtone.


1 commentaire:

  1. C 'est bien cool de voir tes peintures en cours d ' être faites -
    C 'est pas grave que la main tremble parfois , on s ' en fout -
    Et puis c ' est pas qu ' une manière de défier le monde cynique ( aussi mais pas que ) c ' est aussi une célébration de la vraie vie : les gens simples , parfois un peu fracassés mais qui ne courent pas après la connerie universelle , et savent souvent être là tout simplement , heureux d ' exister -

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