J'ai vécu cinq ans sans télévision.
Je me contentais d'écouter la chaîne musicale de Radio-Canada et de lire tout ce que je pouvais à la bibliothèque: journaux, traités sur le charbon, romans malgaches, annuaires téléphoniques des États-Unis, partitions musicales, dépliants d'organismes communautaires, poèmes austro-hongrois, Aleister Crowley, les histoires drôles de Claude Blanchard, Le Loup des steppes de Hermann Hesse, Les manifestes du surréalisme, Antonin Artaud, Claude Gauvreau et Popeye, le vrai, tel que créé par Elzie Crisler Segar pendant la crise économique des années '30. Ce Popeye-là est l'anti-héros qu'il fallait pour l'époque, un marin borgne avec des gros bras, pas très joli, qui se fait le justicier de tout un chacun.
Bref, je n'avais pas de télévision et cela me laissait le temps de me cultiver un peu l'esprit.
Évidemment, plusieurs épisodes de Dallas manquent à ma culture.
On me parle de téléromans québécois ou d'émissions de variétés de cette époque où je n'avais pas de télévision et je suis dans la brume.
Aujourd'hui encore, ne me demandez pas ce qui s'est passé dans Virginie ou Le Banquier: je l'ignore et, franchement, je m'en crisse.
J'allume la télévision pour regarder des films.
Et comme j'aime bien faire autre chose que de regarder tout le temps des films, je peinds, je dessine, je joue de la guitare, de l'harmonica, de l'accordéon et du clavier, j'écris... Je marche. Tiens, c'est l'heure de la promenade. C'est un peu frisquet mais il ne neige pas comme hier. Les pissenlits s'en viennent. Les outardes aussi. J'affirme que le printemps est arrivé, même si la nature ne veut pas y croire...
Je vous quitte sur cet air de circonstance pour narguer la télévision.
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