Ma langue maternelle, au sens le plus strict de l'expression, c'est le magoua, un dérivé du joual parlé à Twois-Wivièwes (Trois-Rivières).
Je fais partie de la première génération de lettrés professionnels de ma lignée familiale. Ma littérature est avant tout orale, d'où l'harmonica et les chansons, qui m'inspirent beaucoup plus que tout ce que je pourrais écrire sur ce blogue, vulgaires rapports que j'écris au jour le jour pour avoir un meilleur doigté sur mon clavier. Encore une fois, je m'éloigne du sujet. Mais pas tant que ça puisque je vais parler de la langue.
PARLONS-EN DE LA LANGUE!
«Parlons-en de la langue!» On croirait presque c'est un titre du quotidien Le Devoir tellement ça fait pompeux.
Ma langue maternelle, donc, c'est le magoua.
Le français est plutôt une langue étrangère que j'ai appris à l'école et qui m'est utile pour faire le lien entre mon magoua et Voltaire, par exemple.
Le français ne m'a intéressé que par le biais de la littérature, grâce à Rabelais, Daudet, Céline, Marcel Aymé, tous de fabuleux conteurs. Si le français s'était résumé aux oeuvres de Jean-Paul Sartre, j'aurais abandonné mes études. L'ennui me sied mal.
J'ai appris le français pour répondre aux voeux de mon père qui prétendait que l'on se faisait moins fourrer par tout le monde quand on écrivait bien. C'était tout ce qu'il me fallait pour éplucher les dictionnaires et les grammaires, surligneur en main, à mémoriser des tas de conneries comme «bayer aux corneilles» qui s'écrit ainsi plutôt que «bâiller». Cela m'indiffère totalement. Néanmoins je me soumets à cette règle pour ne pas me laisser débouter par quelques typographes pointilleux.
La langue française est remplie d'hosties de difficultés. Créyez-moé.
Mon meilleur truc d'apprentissage aura été de lire Grevisse, stylo en main.
La chimie me désintéressait, à l'école, parce que l'on ne faisait que des formules mathématiques. Si l'on m'avait enseigné l'histoire de la chimie, je suis convaincu que j'aurais eu moins de difficultés à équilibrer les molécules. Il en va de même pour le français. Je ne m'y suis intéressé qu'en apprenant son histoire.
Je l'ai dit, je suis Métis et je parle le magoua. Marshall McLuhan comprendrait que l'abstraction m'est étrangère. Je tire mes origines d'une tribu qui vit dans un contexte de littérature orale. Il ne faut pas trop m'en demander. Je suis concret: c'est quoi l'histoire de ton truc, d'où ça vient, pourquoi?
Il faut parler, lire et écrire en français? Parfait. Je vais me cracher dans les mains et je vais les lire ces putains de dictionnaires et de grammaires.
Tout d'abord, je veux connaître à fond l'histoire de la langue française. Et à ce sujet, je vous recommande fortement Les délires de l'orthographe de la linguiste Nina Catach. Le français, tel que nous le subissons en ce moment, s'écrivait jadis au son, comme la plupart des langues latines et slaves. Il a été normalisé au XIXe siècle. Il s'est cristallisé dans l'oeuvre de Chateaubriand. Et nous en sommes toujours là, que voulez-vous que j'y fasse sinon l'écrire selon les standards, pour ne pas passer pour un illettré et un inculte.
C'est réconfortant de savoir que le français est le joual du latin. Cela me dit qu'il y a de l'avenir pour le magoua.
Pas vrai?
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