Je ne peux pas parler à la place des femmes.
Je ne puis que les écouter et surtout mieux les comprendre.
Nous sommes de la même espèce mais la culture a favorisé mon genre ainsi que l'expression de ma sexualité.
Je peux marcher sans crainte dans les rues et ruelles de ma ville à toute heure du jour ou de la nuit.
Je n'ai pas à me soucier de l'homme qui me suit ou bien de l'inconnu qui me croise.
La ville m'appartient presque. J'y suis un roi.
Et c'est pareil presque partout ailleurs. Dans le domaine du travail comme dans le domaine de n'importe quoi je fais partie des privilégiés, même si je ne goûte pas à tous mes privilèges.
J'ai le bon teint de peau, le bon sexe, la bonne grandeur et presque le bon gabarit pour en imposer sans même me forcer. Je suis né comme ça. Je brille sans même briller...
La perpétuation de mon patronyme s'est faite sur le dos de milliers de vies de femmes totalement ignorées.
On sait qu'il y a eu un bonhomme Bouchard, petit ou gros, qui s'occupait de tuer des grenouilles pour le seigneur de je ne sais trop quoi.
On ne sait pas qui était sa mère, ni sa femme ni ses filles... Mais les gars! Houlala. On connaît presque leurs joies et leurs tristesses sur vingt générations... Les femmes sont mortes et enterrées depuis très longtemps. On retiendra une sorcière ou deux. Sinon Hildegarde de Bingen, obscure mystique médiévale qui a laissé un nom féminin aux arts et aux lettres. Toutes les autres sont disparues et oubliées à jamais pour que notre culture masculine survive des siècles et des siècles. Idem pour celles et ceux qui ne se reconnaissent dans aucun des deux genres identifiés plus haut.
Notre culture est imprégnée de masculinité que je n'hésite pas à qualifier de toxique.
La libération de l'homme est indissociable de la libération de la femme. Nous ne serons pas libres tant qu'un membre de notre tribu humaine sera tenu à l'écart, amoindri et ostracisé pour des raisons qui n'en sont pas.
L'homme autant que la femme souffrent de ces murs créés entre les humains selon l'état ambiant des préjugés sociaux. On vous tasse dans un coin parce que vous êtes pauvre. Encore plus si vous êtes une pauvre femme. Tout vous passera sur le dos. Vous ne devrez pas contrarier vos maîtres. Tout ce que vous direz se revirera contre vous. Vous devrez vous taire et, si vous parlez, vous devrez être plus compétente qu'une bande de dix gars pour que l'on feigne de vous suivre en maugréant sur la couleur ou bien la forme de vos vêtements.
Femmes, je vous écoute sans doute mieux que je ne vous comprends.
Je me montrerai solidaire de vos luttes mais je ne saurais les mener à votre place.
J'essaierai, au mieux, de ne pas nuire à votre émancipation au sein d'une société ridiculement patriarcale qui prend une dérive autoritaire. Tout simplement parce que la bête ne se rendra pas sans tenter de vous mordre un peu...
Je me promets de tordre la bête, bien entendu.
C'est ma manière de vous offrir des fleurs pour ce 8 mars, Journée internationale de la femme.
Il y a encore beaucoup de chemin à faire, mes soeurs et mes frères, pour que nous soyons enfin libres et nettement plus égaux.
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