Plus je me renseigne sur l'état du monde actuel et plus je m'en éloigne pour me créer un monde qui ne soit pas aussi dégueulasse.
Ce monde-là je le bâtis jour après jour d'abord dans mon esprit et parfois avec quelques personnes.
Je suis souvent seul dans mon monde. J'ai pris l'habitude de craindre les groupes, les tribus, les clans et les nations. Je sais quelle volonté de faire le mal se cache derrière ses mots fourre-tout. Je me tiens seul ou bien en groupe très restreint pour que la folie de ce monde m'épargne un tant soit peu.
Je travaille de nuit. De jour, quand tout le monde s'active, je dors. Puis la nuit, lorsque tout le monde dort, je reviens à la vie. Je ne suis pourtant pas un vampire. Simplement un solitaire qui ne trouve pas facilement sa place en ce monde et comprends à chaque année un peu mieux pourquoi c'en est ainsi.
Je ne suis pas malheureux. Ce que je suis, en fait, est sans importance.
Le monde va mal et je me permets de vous dire que j'ai trouvé, un peu, ma voie. Elle n'a pas de nom ni de couleur. Elle n'a rien à voir avec le Tao qui est un mot de plus. Elle est tout bonnement ma voie. Ou à tout le moins ma voix...
Tout jeune, je m'en voulais d'être aussi peu attiré par les groupes. Je les fuyais, d'aussi loin que je me souvienne. Je me cachais dans ma chambre, sous mon lit, ou bien dans le vieux garde-robe bourré de laine d'amiante pour empêcher les clous d'y casser au froid. Je jouais souvent seul. Je m'ennuyais. Mais cet ennui ne m'était pénible que parce que l'on me faisait sentir que je n'étais pas normal d'être comme ça. Je ne savais pas encore que j'apprenais à devenir heureux.
En fait, je m'éloignais du Mal avec un M majuscule.
Je ne suis pas parfait, loin de là, mais je ne prends aucune satisfaction à faire souffrir autrui.
J'ai de l'Empathie avec un E majuscule.
Toute tentative d'aplatir l'autre, de le faire sentir qu'il n'est rien, qu'il ne vaut rien, qu'il est ridicule, tout ça m'écoeure au plus haut point. Ces tentatives d'assassiner les rêves et les esprits des gens me répugnent plus que vous ne pourriez le concevoir.
Dès que j'ai vu ce trait de caractère chez quelqu'un je me méfierai de lui jusqu'à ma mort. Ceux qui veulent rapetisser les gens pour les grandir ne font que rapetisser les gens pour SE grandir.
Je ne veux pas vivre dans un monde où il est normal de faire mal aux autres, tant physiquement que psychologiquement.
La solitude, que je partage avec d'autres amis solitaires, est la voie suprême de ma libération.
Je sais que je vis au sein d'une communauté et que j'ai des devoirs et responsabilités envers elle.
Mon premier devoir est d'être bon. Ensuite, je pourrai dire ce que j'ai sur le coeur.
Je me le suis permis justement parce que je crois être animé par un fond de bonté, malgré tous mes travers, mes accrocs à la vérité, mes sautes d'humeur, mes erreurs passées et à venir.
Cette bonté un peu naïve et fruste, sans doute vulgaire, qui ne pilera pas sur le corps des blessés pour s'en tirer bien repus et toujours vivant.
Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux.
Debout avec ses principes, même si le monde entier ne les partage pas.
Debout avec son rêve d'un monde meilleur ici et maintenant, en s'y investissant corps et âme, quoi qu'il advienne.
Je ne rirai pas avec les crapules.
Je ne me soumettrai pas à la vision d'un monde où seules les crapules triomphent.
Parce que le monde des crapules, franchement, c'est évident qu'il ne vaut rien du tout. Faut être con pour prétendre le contraire. Non mais vous l'avez vu LEUR monde?
Penser que la merde va toujours triompher c'est oublier qu'il y a toujours la pluie et le soleil pour effacer toutes traces de déjections.
Je m'enferme dans cette vision d'un monde sain, noble, beau et bon.
Ceux et celles qui ne veulent rien savoir de ce monde perdent leur temps à discuter avec moi. Ils sont déjà morts et ils ne le savent pas. Tout ce que je peux faire c'est souhaiter qu'ils retrouvent leur âme pour qu'ils puissent enfin goûter à la paix, l'amour et la tendresse.
Bobin a écrit dans son livre Pierre, ceci, « Je me moque de tout ce qui appartient à un genre et lentement s'étiole dans cette appartenance. Il m'aura fallu plus de soixante ans pour savoir ce que je cherchais en écrivant, en lisant, en tombant amoureux, en m'arrêtant net devant un liseron, un silex ou un soleil couchant. Je cherche le surgissement d'une présence, l'excès du réel qui ruine toutes les définitions. »
RépondreEffacerUne bonne et heureuse année loin des talles humaines.