On rit beaucoup au Québec.
On rit beaucoup des autres, beaucoup plus que de nous-même.
La première personne du pluriel est sous contrôle gouvernemental. On a presque réussi à institutionnaliser l'humour et le manque total d'empathie.
Au nom de l'humour, on peut faire n'importe quoi évidemment. On ne s'arrêtera pas aux malheurs d'un handicapé. On visera plus large, plus loin, toujours plus sale. On ne faisait pas mieux dans les cabarets allemands des années '30 et '40 du siècle dernier.
L'humour ça ravigote un peuple. Ça lui donne des ailes. On peut en faire ce que l'on veut après la première blague sur un youpin, un muz ou autres bigarrés de tous azimuts.
Si l'on ne peut plus rire d'autrui, où irions-nous, hein?
Les gens d'icitte ont le privilège de rire de tout ce qui ne ressemble pas au plus petit dénominateur commun de la grande masse des imbéciles. C'est un devoir presque national de rire de tout le monde au Québec... sauf des Québécois. Rire des Québécois ne peut être que le fait d'un traître...
On rit au Québec. Dieu que l'on rit.
Et il n'y a pourtant rien de drôle là-dedans.
Cela ne fait que mettre au grand jour nos ridicules prétentions d'habitants à raisonner comme des niaiseux, en ne s'excusant même pas de faire mal aux autres tout aussi lâchement que gratuitement.
Rire d'une personne qui opprime tout le monde demande du courage.
Rire d'un handicapé ne demande que la sympathie de tous les lâches qui s'en prennent à mille pour fesser sur le plus faible, comme dans la petite cour d'école.
Dans cette petite cour d'école que j'ai fréquentée jadis, on finissait par isoler celui qui riait tout le temps des infirmes. On lui faisait passer un mauvais quart d'heure.
J'imagine que dans d'autres écoles, dont l'École nationale de l'humour, cette petite crapule serait devenu un héros.
Dans la mienne, on lui aurait fait manger ses shorts.
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