Je ne pourrai jamais me réjouir de la souffrance ou de la mort d'un homme quel qu'il soit. Est-ce une marque de faiblesse ou bien un signe de grandeur d'âme? Vous me permettrez de ne pas répondre à cette question, ne serait-ce que pour faire preuve d'humilité.
J'ai tout de même ma petite idée qui m'en fait tenir le beau rôle pour une raison qui ne m'échappe pas. Protogoras disait que l'homme est la mesure de toutes choses et le seul homme que je connaisse bien c'est moi-même. Et encore qu'il me manque parfois des bouts...
Je sens que tous les êtres humains, aussi répugnants soient-ils, sont un tant soit peu mes frères et mes soeurs.
L'on me verra pas souvent et encore moins longtemps adopter le rictus amer de l'homme du ressentiment face à la souffrance d'un soi-disant ennemi. Il me restera toujours un fonds de pitié dans lequel j'irai puisé quelque chose comme le pardon et, pire encore, la croyance en la rédemption de tout un chacun.
On pourrait dire à tort que c'est le signe de mon éducation judéo-chrétienne.
On dit ça à toutes les sauces en oubliant que le pardon est universel et n'appartient à aucune secte en particulier. Il aura été pratiqué par toutes sortes de gens autour du globe, et à toutes les époques. C'est d'ailleurs le sens qu'il faut donner à la parabole chrétienne du bon Samaritain. Le seul type qui vous aidera si l'on vous trouve blessé dans un fossé pourrait bien être quelqu'un qui ne partage ni votre religion ni vos idées.
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Hier j'ai été touché par Gilles Vaillancourt. Je ne l'aurais jamais cru l'an passé...
L'ex-maire de Laval écope de six ans de prison pour corruption. Je ne remets pas en doute le bien-fondé de cette sentence. Par contre, je ne me réjouis pas que l'on envoie un vieillard en prison. Et je dirais même que j'ai ressenti la misère à laquelle cet homme fait face en ce moment.
Malgré tout ce que j'ai pu lui reprocher par le passé, je ne suis pas insensible de constater qu'il donnait des poignées de main à tout le monde hier au Palais de Justice, même aux policiers de l'UPAC qui l'avaient arrêté.
D'aucuns pourraient dire qu'il n'y a rien là-dedans et que je sombre dans la sensiblerie. D'autres comprendront qu'à la guerre on ne tire pas sur les ambulances.
L'homme qui se nomme Gilles Vaillancourt vient de manger une raclée. Il est défait, démoli et s'en va au pénitencier fédéral. Devrais-je applaudir, hurler de joie et souhaiter qu'on le maltraite en prison? Non, je ne le ferai pas. Je dirai même que je regarderai d'un oeil sévère quiconque souhaitera rajouter une couche de violence au sort qui l'attend. L'homme a été jugé par ses pairs. Bien sûr qu'on peut douter de l'appareil judiciaire soumis de trop près au monde politique. Par contre, je ne vois pas pourquoi je devrais exiger plus de souffrance pour un vieillard qui, dans l'adversité, montre le meilleur qu'il reste de lui-même, quelque chose comme des airs de gentleman auxquels je ne suis pas insensible.
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J'avais aussi été touché par Saddam Hussein suite à sa capture. Je n'avais aucun atome crochu avec ce tyran sanguinaire, il va sans dire. Par contre, ce n'était déjà plus le même homme lors de son arrestation. C'était une bête traquée qui vivait dans un trou à rats. Suite à sa capture, on l'a vu entre les mains des dentistes. Saddam Hussein souffrait d'une rage de dents. On le montrait à la télé, la gueule ouverte, plus nu qu'un empereur dénudé. Un peu plus et on nous montrait ses hémorroïdes. Ce n'était plus le grand timonier de l'Irak, mais une vieille godasse trouvée dans un fossé.
Ma colère et mon mépris de Saddam Hussein ont fait place à un vague sentiment de pitié.
Je ne voyais plus le dictateur, mais l'homme dans toute sa lumière crue. Un homme fragile qui avait mal aux dents et peut-être au cul.
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"Qui aime bien châtie bien." Il n'y a pas que de la sagesse dans les proverbes. Celui-ci m'en semble dépourvu. Qu'est-ce que l'amour vient faire avec le châtiment? Si je te fouette, te pète les dents dans la gueule et te pend haut et court, c'est parce que je t'aime... C'est de la pure connerie!
Je ne remets pas en question la quête de la justice. On ne peut pas demeurer indifférent et ignorer les crimes commis contre la communauté. Surtout les crimes contre la personne.
Pourtant, on ne gagne rien de plus à souhaiter qu'un criminel souffre encore et encore.
Se satisfaire d'une vengeance cruelle c'est commettre un crime tout aussi odieux que celui que l'on veut châtier. Oeil pour oeil, dent pour dent, c'est une morale de mafieux. Il est normal que des gens qui se veulent doux et respectueux appliquent des sentences douces et respectueuses pour ne pas agir comme ce qu'ils dénoncent. Cela tombe tellement sous le sens que cela se passe d'explications.
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Dans le roman Les Misérables de Victor Hugo, Jean Valjean est d'abord une pourriture. Il est prêt à voler un enfant et à éventrer quiconque se met au-travers de son chemin. Cependant, il trouve un jour sa rédemption. Il pleure amèrement ses crimes passés et devient une toute autre personne. Une personne tellement digne d'estime qu'on le nomme maire de son village. Il adopte une petite fille abandonnée. Jean Valjean se révèle un être humain exceptionnellement bon.
L'inspecteur Javert ne voit pas les choses ainsi. Il poursuit Jean Valjean partout et l'oblige même à s'enfuir pour échapper à ses griffes. Javert ne voit que la loi, la punition, le châtiment. C'est un ange exterminateur sans pitié. Il est à l'image de certains de nos contemporains qui se plaignent des bons traitements que l'on fait aux prisonniers. Il est comme tous ceux qui voudraient que les criminels soient punis jusqu'à la fin des temps, sans aucune possibilité de réhabilitation, sans aucune voie offerte pour leur rédemption. Bref, le salaud dans cette histoire c'est l'homme de loi et non pas le criminel repenti.
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Je suis sans doute trop sensible, trop humain, trop Roger Bontemps.
Je n'éprouve aucun plaisir à faire souffrir.
Je ne comprends pas la rancune et la vengeance.
Cela vaut surtout pour ceux qui pourraient être qualifiés mes ennemis.
Surtout pour eux.
Au risque de passer pour un cave même à leurs yeux.
Tout simplement parce que je ne veux pas devenir ce que je déteste.
Pour ton précédent billet je commentais que je ne saurais oublier le mal des bourreaux pour quelque sensibilité qu ' ils puissent avoir - je le pense toujours un peu MAIS :
RépondreEffacerton présent texte précise sans doute ce que tu veux dire et je suis d ' accord -
Le pardon doit toujours rester possible - tu utilises le mot de rédemption très justement -
Nos "justices" occidentales qui se contentent de châtier sans laisser aux "fautifs" aucune possibilité de rédemption sont absolument injustes - où l ' on voit au sortir des procès les familles ulcérées des victimes crier vengeance , criant qu ' elles n ' auront de repos tant que leur.e proche ne sera pas vengé.e , ( sous-entendu réclamant son lynchage ) - quelle honte !
( cela rendra-t-il la vie à leur être cher ? ) .
Les prisons occidentales sont de véritables hontes !
nous ne devons peut-être pas distribuer notre pardon aveuglément ainsi que semblait le préconiser le nazaréen ( encore que ses propos ont peut-être été mal relatés ) mais certainement nous devons toujours laisser à l ' autre - et l ' y aider - sa rédemption possible - telle doit être notre grandeur et notre amour de la vie -
Victor Hugo était un frère grand ! - toi aussi -
@monde indien: comme on le dit par chez-nous on est du bon monde ou on ne l'est pas...
RépondreEffacerSi tu veux savoir si un maire est corrompu, c'est pas compliqué: check sa cabane.
RépondreEffacerEn ce qui concerne Vaillancourt, dans 6 petits mois il sera sortit pour raisons médicales. Tout est bien planifié. Après il disparaîtra dans le Sud, avec son argent caché. Sa vie va continuer comme avant. Comme Lacroix, il va faire pitié un peu, puis, d'un coup sec, exit avec les millions planqués, dans un autre pays.
Personne n'arrive jamais vraiment à se venger de ce genre d'enculés-là.
Ça en encourage d'autres à faire pareil. Je commence même moi-même à penser de même. Au diable l'éthique qui ne nous mène qu'à la misère, c'est pour les fous, les masochistes. Remplissons-nous les poches, et foutons-nous de tout le monde.
Si tu veux savoir si un maire est corrompu, c'est pas compliqué: check sa cabane.
RépondreEffacerEn ce qui concerne Vaillancourt, dans 6 petits mois il sera sortit pour raisons médicales. Tout est bien planifié. Après il disparaîtra dans le Sud, avec son argent caché. Sa vie va continuer comme avant. Comme Lacroix, il va faire pitié un peu, puis, d'un coup sec, exit avec les millions planqués, dans un autre pays.
Personne n'arrive jamais vraiment à se venger de ce genre d'enculés-là.
Ça en encourage d'autres à faire pareil. Je commence même moi-même à penser de même. Au diable l'éthique qui ne nous mène qu'à la misère, c'est pour les fous, les masochistes. Remplissons-nous les poches, et foutons-nous de tout le monde.