lundi 25 mai 2009

Quand j'tais jeune j'savais pas qu'j'étais pauvre

Quand j't'ais jeune j'savais pas qu'j'étais pauvre. Encore qu'on était pas si pauvres que ça, nous autres. On mangeait nos huit repas par jour comme faut, comme tout l'monde ou presque. Pis quand l'manger s'faisait plus rare, à cause des grèves à shop de mon père pis toutte, ben on trouvait quand même e'l'moyen d'engraisser. Mon père s'trouvait une autre job. Ma mère faisait d'la couture à maison pis des ménages chez des pleins. Pis nous autres, ben on s'en rendait même pas compte qu'on était pauvres, c'est pas mêlant.

Faut dire qu'on faisait partie de la high class sous certains rapports. On était ben habillés. Toujours à la dernière mode. Du ling neuf toé. Pis propre. Pis comme qu'on était beaux bonhommes ma mère 'tait fière d'entendre les commères lui dire qu'i' étaient don' beaux les p'tits Bouchard. En té cas, c'est pas pour nous vanter mais c'était vrai. C'est notre sang indien qui nous rend beaux, j'cré ben. Ou que'ques z'affaires de même. J'sais-tu moé. C'est pas un crime d'être beaux, me semble.

Donc, e'j'me sentais pas pauvre pantoute. C'est sûr qu'mes parents avaient hérité d'une famille de gloutons mais i' sortaient pas souvent pis l'frigidaire était tout l'temps plein. Pis on l'vidait tout l'temps. Pis on d'venait des armoires à glace, l'idéal de mon père: un esprit tenace dans un corps gras.

Rien n'émeuvait autant mon père que de voir mon frère, par exemple, en train de monter un frigidaire tout seul au troisième étage du bloc d'en face... Ce qui fait que j'su's solide aussi. Comme un gars d'Notre-Dame ou ben don' d'la P'tite Pologne ou d'Sainte-Cécile. J'suis capable moé itou d'monter un frigidaire tout seul au troisième étage d'un bloc. Avec un bon diable, on peut tout faire de nos jours. Même se partir une petite business. On cherche toujours un bon diable. Pis ça se loue. Sûr qui y'a du cash à faire 'ec ça, hein.

On était pas tout à fait pauvres, c'est ben certain. On était ben habillés pis on mangeait. On était aimés. Pis c't'ait ben correct pis toutte.

On était chanceux. Nos amis nous enviaient cet univers douillet et ce frigidaire plein. Chez eux, c'était le beurre de pinote pis les deux tourtereaux qui dorment sous la table dans une flaque de vomi. Chez-nous c'était un couple qui s'aimait, chantait et riait avec les enfants. Tu t'y fais assez vite. Et tu veux une toast? Ben tu t'fais une toast. Tu veux deux toasts? Tu t'en fais deux. Pas de restrictions. En autant qu'tu dépenses ta graisse un peu. Et créyez-moi que j'la dépensais ma graisse. Ce beau corps-là des bas quartiers d'Twois-Wivièwes s'est pas faitte tout seul. Wo menute.

8 commentaires:

  1. Bon bon bon ... mon chum se lance des fleurs ce matin !

    Je ne dois pas assez lui dire que je l'trouve ben beau, ben fin, ben tendre, ben tout ce qu'il est finalement. Ouan je l'aimeuuu !

    Le pire dans tout ça, c'est que c'est vrai c'qu'i dit !
    Il veut une toast, il s'en fait 4 ... :D

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  2. En tout cas, si t'avais pas déjà une blonde naturelle et si j'avais pas déjà mon chum, et j'étais pas brunette, j'pense que je dirais qu'un bon yâb, t'as pas besoin d'en chercher, t'en ai un ! Tsé veut dire....un crisse de bon yâbe ,pis pouelllu à part detsa ! wawowww !

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  3. pis oui cé vrai que ça donne des motadines de belles faces du sang indien ! Bon je me calme....ne pas s'affoller, ne pas s'emballer... respire. :)

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  4. ben t'avais de la chance.. moi quand j'étais jeune, je savais pas que j'étais riche, avec les réunions de la cfdt, les gens socialistes qui venaient manger à pikolant, pi... tain. en fait, y'avait des riches, des pauvres, de la propagande anti-bourgeaoise, du travail, des engueulades parce que je foutais rien avec mes crises d'épilepsie à répétition... au collège (depuis la maternelle). je connaissais la mort en solo quand je me retrouvais étalé et bavant sur le sol de la salle à manger à appeler mémé pour qu'elle vienne me secourir alors que mon corps ne bougeait plus et que mes cris restaient muets, comme dans un rêve dans la réalité... AUGUSTA, elle s'appelait, ma mémé. elle était MAIIIIIIGRE!!!! toujours debout comme un piquet. mon père disait "elle tient par habitude"... après, je suis allé boire avec les clochards au lieu d'aller en cours dans les amphithéatres... je racontais des mensonges, je disais "ma mère est morte, et mon père aussi", comme jim morrison... y'avait des gens que j'hébergeais qui faisaient chier leur chiens sur le sol de mon appart pendant que je lisais baudelaire sur mon matelas, avec peur. puis aussi, un type m'avait piqué mon saucisson dans le frigo, car il savait que j'étais amoureux de sa soeur, une fois.

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  5. gaetan, me ferait plaisir que t'apprécie cet instant de vie en contemplant, juste un oeil sur la télé, en frères qui partagent et se comprennent... au delà des submerfuges qui submergent.. et comme dirait anne archet "ils ont gagné les salops de flics", mais NON :
    http://www.youtube.com/watch?v=33Jaodra7AY

    juste pour ça, merde.. "le rock n roll est mort", avait dit jim morrison en se croyant important, le micro à la main, une fois dans sa cave... il, avait trop lu nietzsche, ou alors, c'était à cause de ce type mort sur le bas côté de la route, histoire de se créer une histoire personnelle.. mais je crois aux esprits, perso. et donc, le doute de descartes, s'accouplant à la manie de... qui tu veux. les corbeaux.

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  6. Bon...j'me suis demandé ce que je faisais à Trois-Rivières.

    Peut-être que j'attends la chute des grattes au ciel et le changement de chiffre de cette magnifique démocratie (Pouahhhh!).

    De chez moi, j'peux voir le clocher de l'Église barricadée d'où les pigeons ont élus domicile le temps qu'un acheteur vienne les sortir de leur pignon sur rue.

    Étant nouvelle arrivée, je regarde les chats se promener en me disan qu'ici à Trois-Rivières y'en a des chats et des chiens aussi.

    Sans farce....ça l'air que tout le monde est invité à venir festoyer presque gratis pour ses 375 années d'histoire...j'vais mettre des fleurs sur mon balcon et ce sera ma décoration et surtout j'veux pas d'histoire avec les voisins comme dirait le regretté Coluche des français de France...bien sûr.

    Trois-Rivières est un sac à surprises, ici on s'ennuie pas pantoute, si on regarde bien chaque maison a son coin de rue et son histoire à raconter.

    À la roiyeuse...

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  7. Bon ben, c'est ça qui est ça.

    J'voudrais bien vous répondre quelque chose d'intelligent mais je ne trouve rien.

    En tous les cas, merci.

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