lundi 7 mai 2007

Chercher sa clé

Chaque être possède une parcelle de la vérité complète sur tous les êtres. Je dirais même une infime parcelle, presque rien du tout. Pourtant, c'est parfois aussi révélateur qu'un test d'ADN.
Si quelqu'un perdait une clé dans un endroit sombre, il serait ridicule de se rendre dans un endroit mieux éclairé pour la trouver. Sa clé resterait indubitablement au même endroit. Pourtant, tout concourt à nous détourner des endroits sombres et tourmentés pour aller chercher du néant dans des endroits aseptisés, plus blancs que neige et lumineux. On cherchait sa clé et voilà qu'on préfère chercher un état d'âme... C'est stupide? Bien sûr que ça l'est. C'est pourtant là où nous en sommes: à chercher au mauvais endroit la clé de nos malheurs.
Est-ce tellement important, par ailleurs, de trouver la clé?
Pas du tout.
Le sentiment d'avoir perdu quelque chose est toute la plénitude que souhaitent vivre des esprits moroses, liquéfiés dans des problèmes insolubles qui ne sont que les parures d'une mode plus ou moins masochiste pour l'âme.
Je divague, direz-vous, et vous aurez probablement raison.
Je divague parce que je me suis trop farci de romans de Dostoïevski.
J'ai l'impression de vivre, ici au Québec, dans une société de pleutres égoïstes et lâches qui sont incapables de sentiments authentiques.
Ne regardez pas la souffrance des naufragés au loin, mais bien la souffrance «infinie» de celui qui contemple le naufrage, sur le sable sec...
C'est dans le roman Les Frères Karamazov que j'ai trouvé cette belle métaphore sur l'homme de notre époque: un crétin sans coeur qui fait semblant d'avoir du coeur en mimant toutes les attitudes excentriques d'un être hypersensible et, paradoxalement, totalement déshumanisé. «Qu'importe le sort des naufragés! Regardez moi comme je pleure!» La plupart des commentateurs engagés par nos médias traditionnels pourraient facilement entrer dans cette catégorie.

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