dimanche 6 janvier 2008

TOUT EST POSSIBLE & IL FAUT REMPLACER SES CORDES DE GUITARE AU MOINS UNE FOIS L'AN

«Les hommes normaux ne savent pas que tout est possible», écrivait David Rousset dans L’univers concentrationnaire, un témoignage sur les camps nazis publié en 1945. Cette maxime peut s’appliquer à tous les aspects de la vie parmi les humains. Tout est possible dans la voie du mal. Rousset, prisonnier au camp de Buchenwald, en savait quelque chose, malheureusement. L’homme normal, celui qui siffle en croquant une pomme, n’aurait pas pu s’imaginer cette industrie du génocide où tout était comptabilisé, de la dent en or jusqu’au dernier poil de la raie du cul.

L’homme normal ne peut pas plus s’imaginer qu’il existe des pays où il n’y a pas de pommes à croquer. Vous lui parlez de Cuba et il voit la plage, les belles automobiles et un drôle de type avec une grosse barbe qui ressemble à Ti-Mé dans La p’tite vie. Il ne voit pas le policier défoncer le crâne des hommes et des femmes qui combattent la dictature avec des mots. Il ne voit pas les prisons bondées de prisonniers politiques. Il ne voit pas que l’extrême mal est possible. C’est ce qui permet au mal de ravager des mondes et des civilisations pour une fin qui n’a jamais besoin de justifier ses moyens.

C’est triste de le dire, mais la plupart des gens se disent toujours que les choses vont bien se passer, que ce n’est que temporaire, que tout reviendra dans l’ordre et, surtout, qu’on pourra encore croquer des pommes tout en sifflant. S’accrochant à une réalité coulée dans le ciment de la routine, les hommes normaux ne vont jamais plus loin que le convenu et le convenable dans la poursuite de leurs raisonnements.

Le singe, au zoo, ne veut pas savoir la situation des singes dans les autres zoos. Il veut manger sa ration de bananes et peut-être croquer des pommes tout en sifflant. Donnez-lui ça et il sera heureux comme un pape. Tout est possible? Une maxime, ça ne se mange pas. Ne demandez pas au singe de s’imaginer l’impossible.

UNE NOTE UN PEU PLUS OPTIMISTE

Hier, j’ai remplacé les cordes de ma bonne vieille guitare classique, ma Yamaha préférée, avec un manche bien large pour mes gros doigts. Je ne suis pas capable de jouer sur une guitare acoustique parce que le manche est trop étroit. J’ai de trop grosses mains. Je tiendrais ça de feu mon grand-père Rodolphe René. C’est du moins ce que m’a dit un chauffeur de taxi qui l’aurait connu du temps où il travaillait avec lui à l’usine de textile Wabasso, à Trois-Rivières. Avec les mains de Rodolphe, cela dit, je ne peux pas jouer sur des manches trop étroits. Peut-être que je devrais me mettre à la contrebasse et la tenir dans mes mains comme une guitare. Le manche de la contrebasse est bien plus large. Le problème c'est que le prix l'est aussi. Je ne trouverai pas de contrebasse pour 50$, j'en ai bien peur...

Je n’avais pas changé mes cordes depuis plus d’un an. Mes trois cordes de métal étaient toutes rouillées et les frets étaient pas mal encrassés. Quand les cordes sont dans cet état, le son est vraiment moins clair. Il ne suffit que de les remplacer par des flambant neuves pour s’en apercevoir. Depuis que je l’ai fait, ma guitare renvoie des notes d’une pureté incomparable. Du coup, cela change mon jeu habituel. Je découvre de nouveaux sons, de nouveaux accords. Cela va se métamorphoser en nouvelles chansons. Le processus de création est enclenché.

Bientôt, sur ce blogue, vous pourrez les entendre. Je sais, je promets ça depuis longtemps. Cependant, je dois aussi travailler sur mes toiles, mes poèmes, mes nouvelles, mes romans, etc. Je travaille tout le temps, sacrement, même les jours de congé. Bien sûr, c’est du loisir, l'art…Du loisir? C’est l’opinion de ceux qui ne savent pas que tout est possible. Tout est possible, dont le fait pour un artiste de se sentir le cerveau lessivé par huit heures de peinture ou de musique, à tenter de saisir l’insaisissable, à se trouver con et génial, faux et vrai, bref à se passer en procès tout en tentant, lamentablement, d’exprimer quelque chose qui vaille la peine de perdre ainsi son temps un dimanche matin ou bien n'importe quand.

D’ailleurs, je dois retourner à ma peinture aujourd’hui. Je termine deux tableaux, l’un représentant un fou du roi aux grosses mains (c’est plus facile à dessiner!) et l’autre un chasseur autochtone d’une autre époque, avec sa ceinture fléchée et sa carabine. J’ai quatre autres tableaux en préparation. Quelques airs de guitare devraient me permettre de trouver les bonnes couleurs.

Pour jouer de ma foutue guitare, je devrai encore et encore l’accorder. Quand les cordes viennent tout juste d’être remplacées, cela prend deux à trois jours avant qu’elles ne trouvent leur pleine tension, surtout les trois maudites cordes en nylon. Il faut les étirer, encore et encore, et accorder sa guitare plutôt mille fois qu’une. Cela pourrait expliquer pourquoi je ne change pas souvent mes cordes. Les vieilles cordes, même si le son est moins pur, n’ont pas besoin de tous ces exercices. Elles s’accordent en deux temps trois mouvements.

Partir des camps de concentration nazis pour finir sur une note un peu plus optimiste, c’est du Gaétan tout craché… Maudit mêlé que je suis.

Pour finir mon hommage à la guitare, je vous laisse sur ce petit vidéo. Il s'agit d'un manchot de San Diego qui joue du Tom Petty avec ses pieds sur sa guitare acoustique. Et moi qui se plains de mes gros doigts... Maudit cave que je suis...


1 commentaire:

  1. Votre texte me semble aussi mélodieux qu'un accord de guitare le soir, à la Nouvelle-Orléans, alors que plane sur la ville le souvenir d'esclaves n'ayant eu que des notes pour se venger du sort.

    Un lecteur assidu de votre blogue

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