jeudi 10 janvier 2008

La danse des canards

Le nationalisme me fait le même effet qu'une danse de ligne à laquelle je serais obligé de participer dans des noces. Cela ne me revient pas. Je préfère Led Zeppelin à la danse des canards, que voulez-vous.
Je considèrerai toujours le nationalisme, même «de gauche», comme une danse des canards où chaque participant se doit de répéter les mêmes gestes, sinon les mêmes discours. Il y a peu d'attraits pour un esprit libre dans ces rituels un peu gaga réservés aux membres du clan.
À moins d'être saoul, je ne danserais pas la danse des canards. Ce qui me porte à croire que le nationalisme est par le fait même une forme d'ivresse mentale dédiée à ceux et celles qui détestent la réflexion intellectuelle et préfèrent s'en remettre totalement à ces danses des canards patriotiques, drapeau bien enfoncé dans le postérieur, à s'agiter comme des pantins sous l'influence néfaste de l'opium nationaliste.
Bref, je ne suis pas du tout nationaliste, vous l'aurez compris.
Le nationalisme, je laisse ça à Napoléon et autres exterminateurs de peuples.
Ma vision de l'État, aussi paradoxal que cela puisse sembler, se situe à mi-chemin entre celle du Parti libéral du Québec et celle de Québec Solidaire. Ces deux formations politiques ne sont pas si diamétralement opposées qu'on pourrait le croire, à tout le moins sur les questions touchant l'immigration. L'ADQ et le PQ ont prouvé qu'ils ne nous promettraient que des danses des canards nationalistes. Et le nationalisme, franchement, je ne suis plus capable. Revenons-en saint-tabarnak!
Je me sens plus préoccupé par le sort des pauvres que par le sort des Québécois, dont je fais partie. J'ai plus d'affinités avec un pauvre du Rwanda, récemment immigré au Québec, qu'avec un bourgeois québécois fier de brandir ses armoiries françaises en pétant plus haut que le trou. Quand ce bourgeois me parle du Québec, en faisant des «oh!» et des «ah!», moi je lui parle de l'aide sociale, du chômage, de la crise du logement, du racisme, tout ce qui finit par l'embarrasser dans sa vision idyllique d'un Québec français, essentiellement conçu pour que lui et sa bande de péteux soient au pouvoir éternellement, dussent-ils ne laisser que des déjections en héritage.
Évidemment, les péteux vont me reprocher de détester le Québec. Ils ont tort. Ce n'est pas le Québec que je déteste, mais les péteux qui se prennent pour le Québec tout entier, vile engeance de bourgeois qui se cramponnent à leurs discours creux et trouvent désolant de ne pas pouvoir faire tout ce qu'ils veulent de nous, les pauvres Québécois, du fait qu'il y a beaucoup trop de contre-pouvoirs pour les stopper dans leur conquête du pouvoir absolu. Heureusement qu'il y a des contre-pouvoirs pour les ramener à la raison. Autrement je n'aurais pas le choix de participer à la danse des canards, par peur d'être un jour parrainé par la section nord-coréenne d'Amnestie Internationale...
Dany Laferrière parlait récemment du silence des intellectuels dans une de ses chroniques publiées dans La Presse. Il n'écoute pas aux bonnes portes. Beaucoup d'intellectuels parlent. Cependant, ils parlent rarement dans les médias traditionnels québécois où sévit l'omerta. Pour avoir un droit de parole dans les médias traditionnels, il faut savoir danser la danse des canards...

1 commentaire:

  1. Il était temps que l'on s'en prenne à ceux qui voudraient nous faire marcher au pas de l'oie...

    Un solidaire libéral...

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