Église Notre-Dame-des-Sept-Allégresses Trois-Rivières (Québec) Source image: patrimoine culturel du Québec |
J'ai le coeur rempli de ce que l'on appelle de l'allégresse. Ce qui me convient parfaitement, moi qui suis né dans la paroisse Notre-Dame-des-Sept-Allégresses, dans le «faubourg à m'lasse» de Trois-Rivières.
Dans la paroisse de mon enfance, il arrivait que les conflits se réglassent à coups de bâtons de baseball. Ou bien en brandissant un pic à glace devant tous les clans réunis de la P'tite Pologne et de Ste-Cécile. Parfois, pour ne pas dire souvent, il n'y avait pas de conflits ouvertement violents. Il n'y avait que des parades agressives semblables à celles des ours ou bien des gorilles. On se gonflait le torse. On brandissait les poings. Comme pour conjurer la violence avant même qu'elle ne nous en fasse voir trente-six chandelles. Puis il y avait l'apaisement. Un va chier ou deux en finale. Peut-être une bière la prochaine fois pour sceller l'alliance retrouvée. Ou bien l'allégresse chacun de son bord. C'est dur à dire.
Tellement dur à dire que je m'étire sur n'importe quoi n'importe comment. Comme si j'étais un genre de Balzac qui parle des boiseries des meubles anciens pour bourrer de la copie par jours fades.
Où en étais-je donc?
Ah oui! à mon coeur débordant d'allégresse qui dérape sur Notre-Dame-des-Sept-Allégresses et les violences de mon antiquité...
Je voulais seulement dire que je me sens bien parce que je me suis réconcilié avec une personne que je considère comme un chacal. Non pas que je l'aime. Mais j'ai trouvé la force morale de le saluer et de lui souhaiter une bonne journée. Ce qui n'est pas rien pour un chacal. Tout m'inciterait à le chasser à coups de pelle ou bien en brandissant un pic à glace tel un sceptre au-dessus de ma tête de Shrek. Ce que j'ai bien sûr cessé de faire vers l'âge adulte. Hélas! il m'arrive de ne pas tout à fait contrôler le feu de mon esprit. Il reste quelque chose d'un peu trop dur en moi. Ce n'est même pas de l'orgueil. C'est ce même quelque chose qui me fait tenir debout droit comme un i, le torse bombé, devant n'importe quel chacal ou raciste du quotidien. Si les racistes et les chacals veulent dominer le monde, eh bien ils me trouveront toujours sur leur chemin, droit, debout, avec le regard qui ne vous lâche pas. Bref, je ne plierai pas. Mais je vais dire salut, bonjour et comment ça va. Ça, c'est pour cultiver mon allégresse que d'autres trouveront dans le zen.
Je suis trop en contact avec la misère et la maladie pour jouer à Bouddha. Alors j'y vais avec l'allégresse, à défaut d'être zen. J'y vais à la Notre-Dame-des-Sept-Allégresses.
Je suis cool avec les ceuzes qui sont cool.
Je cultive l'allégresse devant les chacals en les traitant, au pire, comme des animaux de compagnie malcommodes. Les pires, je ne suis pas obligé de vivre avec. La Terre est vaste, pour eux comme pour moi. À chacun son marécage, mais que la bouette ne déborde pas sur la quiétude d'autrui. C'est-à-dire dans ma cour. Je veux la sainte christ de paix.
Pour le reste, j'aime à peu près tout le monde.
Je n'en veux à personne au final.
Soyez stupides si vous ne pouvez pas faire autrement. Ne le soyez pas trop longtemps en ma présence. Je ne vous apporterai rien qui ne vous semblera pas désagréable. Je suis patient comme un vieux clou rouillé. Mais je file encore comme le vent devant toute forme de zoufferie. Je ne me colle ni de gré ni de force sur la méchanceté, l'avarice et tous les autres défauts capitaux. Je vis ma vie de vieux bum en grattant allégrement ma guitare, en soufflant dans mes harmonicas et en crachant sur mes pinceaux.
Et je salue encore rats, chacals et crocodiles comme un gars de Notre-Dame-des-Sept-Allégresses, sans crainte ni remords, comme si le monde entier ne pouvait pas me faire chier.
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