mardi 19 janvier 2010

Star Wars, franchement, c'était un chef d'oeuvre


Le Cinéma de Paris présentait Star Wars ce samedi-là. Wow! Quel film! Des rayons laser et du son dans l'espace à n'en plus finir.

Comme s'il pouvait y avoir du son dans l'espace! Zacharie alias Zac n'avait que douze ans mais il avait déjà du jugement et remportait chaque année un livre parce qu'il était le jeune qui empruntait le plus de livres à la bibliothèque municipale. Ça vous en bouche un coin, hein?

Zac tomba sur le marquis de Sade aussitôt qu'il eût le droit d'emprunter du côté de la section des adultes. C'était le mois dernier. Il en était à Nietzsche, Marx et Darwin. Cependant, Zac y allait aussi avec méthode. Ainsi, il avait lu tous les Astérix ainsi que toutes les monographies en français résumant l'univers des sciences de l'année 1977 en descendant.

Zac ne voulait pas tout se farcir avant que d'avoir compris un tant soit peu la lexicocraphie de chaque domaine d'activité humaine. Ce qui fait que, oui, il savait déjà qu'il n'y avait pas de son dans l'espace, ni de musique, ni de Star Wars.

Il n'y avait que la réalité brute, comment s'en sortir face aux Dath Vader qui encerclaient le royaume de son enfance.

D'où l'épée de lumière. Zip-heu-zip-heu-zoup. Le bâton de lumière tranchant. Qui vous découpe en rondelles. En autant que vous soyez du côté lumineux de la Force, et non de son côté obscur. La justice, quoi. Tout ça dans l'épée de lumière. Zip-heu-zip-heu-zoup. «Faisons semblant de tripper ça même si c'est un peu enfantin», se disait Zac en lui-même, tout en appréciant à sa juste mesure les effets spéciaux.

-Il y a du génie dans cette oeuvre cinématographique, déclara Zac à la sortie du cinéma de Paris. Il n'est pas inconcevable de classer Star Wars au rang des chefs d'oeuvre du cinéma. En effet.

-Qu'est-cé tu dis? lui disaient ses amis, Zef le ref et Zouf le roux.

-Star Wars c'est du fake tabarnak! leur traduisait-il.

La bande se surnommait les trois Z et ils se prenaient pour les Zorros du quartier. Ils étaient tous les trois très grands et très gros puisqu'ils travaillaient tous les trois à la rôtisserie du quartier. Ils mangeaient essentiellement du poulet bourré d'hormones de croissance et d'antibiotiques, du fromage en grains et des patates.

Les tois Z venaient de voir Star Wars, l'épée de lumière, le côté lumineux de la force, lorsqu'au détour d'un ruelle, ils tombèrent sur des tubes fluorescents. Des bâtons de lumière. C'était derrière la pharmacie du quartier. Évidemment, les tubes étaient brûlés. Mais ils ressemblaient à s'y méprendre à des épées de lumière.

Chacun prit son épée de lumière et ça se mit à feindre des mouvements et des attaques, tout le long du chemin, d'une ruelle à l'autre, qui les ramènerait au fin fond de leur faubourg à la mélasse, à l'ombre de la shop.

Zef le ref en faisait toujours plus que les autres.

-M'en va's casser mon épée chez 'es Garamond! Vous êtes pas game!

Zac et Zouf le roux n'était pas de la partie. Pas question qu'ils embarquent là-dedans, le côté sombre de la farce.

Zef le ref prit leurs épées et les balança sur la voiture des Garamond. Trois tubes fluorescents sur une voiture ça magane la peinture... Les Garamond étaient en beau tabarnak.

Les trois Z partirent à courir, évidemment. Et la police finit par mettre la main au collet de Zef le ref qui paya pour tout le monde, une fois de plus. On l'envoya au pavillon de la jeunesse. Ce qui veut dire prison.

C'est pas pour excuser le geste de Zef le ref mais Zac m'a rappelé que les Garamond étaient des tabarnaks eux autres aussi. Une famille d'accueil pour le cash. Ils gardaient six enfants et les six passaient tout leur temps dehors pour pas déranger les Garamond. Ils sortaient à huit heures le matin et devaient rentrer seulement à quatre heures et demi. L'hiver, c'est frette en hostie. Les p'tits des Garamond traînassaient sur les patinoires ou bien volaient des trucs dans les centres d'achats pour se nourrir.

Zef le ref n'était pas particulièrement sensible à ça.

Ou peut-être si.

Faudrait lui demander.

Quant à Star Wars, franchement, c'était un chef d'oeuvre.

2 commentaires:

  1. J'ai vu que les trois premiers, jamais les plus récents ; en fait, j'ai jamais rien compris à ces trucs-là ; mais quand j'étais gosse, j'étais un Jedi !
    2tonnant, pas vrai ?

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