Les moments de grâce sont rares dans la vie. C'est ce que l'on dit. J'ai peine à y croire puisque j'ai une certaine prédisposition à vivre de tels moments plusieurs fois par jour. Un rien suffit à m'attendrir. Sous ma carapace de colosse, je rêve à l'indicatif présent, les yeux ouverts. En faisant ma promenade matinale, que mes yeux tombent sur un banc de neige géant, un pigeon marbré ou un rat musqué - il y en a dans la rivière Milette, juste à côté du Wal-Mart, sic! - eh bien, voilà, j'atteins un moment de grâce. Et c'est sans compter ceux que j'atteins dans ma vie amoureuse et familiale, mais ça, franchement, ça ne vous regarde pas.
MON PAYS LE KANATA
J'ai la chance d'avoir vu des tas de paysages de toutes sortes: toundras, steppes, forêts, déserts, plaines, côtes, fjords, geysers, sources d'eau chaude, montagnes, lacs, rivières, océans et j'en passe... Bien sûr, même si ça fait quétaine de le dire, j'ai la chance d'être Kanatien, au sens le plus sauvage du terme. Quelque chose me dit qu'on devrait repartir à zéro avec ce pays, le rebaptiser Kanata, tiens, et fonder cela sur un modèle républicain, abandonner la monarchie constitutionnelle britannique pour ses symboles tout en conservant ses principes, qui ne nous ont pas si mal servis somme toute. Au fond, Sa Majesté la reine Élisabeth II est bien gentille et tout le reste mais, foi de Métis, tous les hommes naissent libres et égaux, un principe qui mérite un meilleur symbole qu'une reine, ce qui est plus convenable pour les colonies d'abeilles que pour les humains.
JE NE SUIS PAS UN ARTISTE MAUDIT, CALICE!
Cela dit, je m'excuse, plutôt deux fois qu'une, pour cet apparté qui m'a lamentablement fait dévier de mon sujet principal.
Bref, j'ai la chance unique de vivre plusieurs moments de grâce par jour. Même quand j'étais pauvre à manger de la soupe au chou toute la semaine, je ne fus jamais privé de moments de grâce pour continuer la poursuite de mes rêves.
Je suis chanceux ou bien j'ai le cul bénit, je ne sais pas trop.
Bien sûr, il est à la mode d'être malheureux tout le temps, de vouloir de l'argent, comme le chantait Gilles Vigneault «Tout l'monde est malheureux tout l'temps».
Sauf moi. Je suis à peine malheureux de temps à temps, jamais longtemps, comme si le malheur m'ennuyait trop pour que je m'y morfonde comme tout un chacun, pour me rendre intéressant.
Je ne suis malheureusement pas un artiste maudit. J'ai bien essayé de le devenir à travers mes pérégrinations et pérépities. Rien à faire. Le spleen, en tant qu'attitude esthétique, m'emmerde royalement. Au fond, je suis un rocker dans l'âme, avec toute la tendresse mais aussi la farouche indépendance de caractère que cela suppose. J'aime la vie et la vie me le rend bien, même dans les pires moments. Je suis athée comme ça ne se peut pas et pourtant, je ne sais pas pourquoi, la vie m'a en donné plus que je ne lui en demandais, somme toute. Et je ne parle même pas d'argent. Juste de talents, au risque de passer pour quelqu'un de prétentieux, ce qui ne serait pas tout à fait faux.
LE CULTE DES IDOLES
Je n'ai jamais eu pour idoles des politiciens. Se donner des fonctionnaires pour idoles, ça fait un peu minable, vous ne trouvez pas? Je ne leur manque pas de respect pour autant, mais je préfère vouer un culte à Maurice Mad Dog Vachon, Wolfgang Amadeus Mozart, Tex Lecor, Offenbach, Bob Marley ou Led Zeppelin que de porter des épinglettes à l'effigie d'un politicien, ce qui fait un peu toton selon moi. Quand je vois des jeunes punks porter des tee-shorts de Megadeth cela me rassure plus que de les voir faire l'homme-sandwich pour feu Che Guevara et ses actuels complices. Je me dis que Megadeth va les sauver du fanatisme. Quand ils seront vieux, ils riront de cette période avec un sourire bon enfant.
T W O I S - W I V I È W E S
J'imagine que le comité organisateur des Fêtes du 375e anniversaire de Trois-Rivières doit chercher une chanson thème pour 2009. Pourquoi pas celle-ci, de Rodolphe, trouvée par hasard sur You Tube en tapant «Trois-Rivières» dans le moteur de recherche.
L'accent de Trois-Rivières est très particulier.
À Québec, les «o» sont plus prononcés et les syllabes plus détachées.
À Montréal, il y a chez les aborigènes du quartier Rosemont un certain roulement de «r» rigolo avec des «i» placés en des endroits imprévus: Monrrrial (Montréal), cirrriales (céréales), amourrr orrral (tel quel).
À Trois-Rivières, les «r» sont généralement remplacés par des «w» et les sons en «ère» sont transformés en «è-w».
Voici ce que ça donne, phonétiquement parlant:
«'ai encont'é 'a stagiè'w à twois-wiviè-w pis A m'a dit qu'mé zafèw' s'ra transfé'é. Ciboèwe! J'ai z'attends encow'!»
Traduction libre:
«J'ai rencontré la stagiaire à Trois-Rivières et elle m'a dit que mes affaires seraient transférées. Ciboire! Je les attends encore!»