mercredi 29 mars 2017

Duplessis, les Bleus et autres péquisteries

Une femen à l'Assemblée Nationale...
Il y a toujours une petite voix intérieure en moi qui me dit d'éviter la politique lorsque je m'apprête à rédiger un billet. Ce n'est pas que je craigne d'y exprimer des idées politiques. C'est plutôt parce que je porte plus d'espoir en la transformation de la société par la voie de la culture.

Les fanatiques trouveront bien sûr le temps et le moyen de me reprocher d'avoir produit un texte, une caricature ou un air d'harmonica qui ne semble pas en conformité avec leur bréviaire.  Par contre, ils auront l'air ridicule de s'en prendre à un artiste et tous les rieurs seront invariablement de mon côté. Tout compte fait, la grande majorité des gens n'aiment ni la politique ni les fanatiques et je serais con de passer mon temps à leur répondre. Je fais ma part pour ma communauté. J'ai des rêves tant pour elle que pour moi-même. Par contre, je ne tiens pas à me créer un ennemi préféré pour lui déverser tout mon fiel. Nous sommes tous embarqués dans le même bateau qui chavirera si tout le monde se bouscule pour avoir raison au grand dam de la raison elle-même. Il faut donc demander aux anxieux, aux ultranationalistes et autres racistes de se rasseoir pour ne pas tous plonger dans les abysses. Il convient de se prémunir contre les apprentis-pompiers qui ne savent que jeter de l'huile sur le feu.

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Cela étant dit, je me risquerai néanmoins à émettre quelques points de vue politiques pas tout à fait gentils.

Je vais encore une fois parler du Parti Québécois. Une fois de trop sans doute, mais il le faut bien puisque les trolls péquistes pullulent et polluent les médias sociaux.

J'ai toujours cru que les pires ennemis des péquistes étaient les péquistes eux-mêmes.

Ce parti flirtait autrefois avec la gauche molle. Le PQ fut vaguement un parti social-démocrate prêt à recruter tous les conservateurs drapés dans le fleurdelisé des rois de France.

Mon père l'avait compris. Il avait déchiré sa carte de membre du PQ lorsque les péquistes sortirent la statue de Duplessis des boules à mythes pour l'installer sur un socle, à Trois-Rivières, sur la rue Bonaventure.

-Je l'savais qu'c'était des Bleus! déclara mon père qui avait toujours pris en grippe l'Union Nationale.

Admirateur de Arthur Buies et de Télesphore-Damien Bouchard, mon père était clairement un Rouge. Ce prolétaire qui travaillait dans une aluminerie avait suivi René Lévesque un temps parce qu'il croyait que Ti-Poil était encore un Rouge. Sortir la statue de Duplessis, recruter Rodrigue Biron l'ex-chef de l'Union Nationale et faire les yeux doux aux Bleus de la Chambre des Communes, c'était trop pour mon père.

Je ne me suis pas approprié toutes les idées politiques de mon père. Mais celles-là, je vous l'avoue, ne me quitteront jamais la mémoire.

Mon père était un Rouge. Je le suis un peu plus que lui sans doute. Je suis plutôt Rouge et Noir. Rouge comme le Métis que je suis. Et Noir comme un anarchiste qui croit fermement en la démocratie directe et s'accroche à des idéaux révolutionnaires qui n'excluent pas la dignité, le respect, le pacifisme et l'humanisme.

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Si je vous dis ça, c'est bien parce que le PQ n'en manque pas une. Quand il n'est pas là à nous beugler sa haine du cosmopolitisme et du multiculturalisme-à-la-Trudeau, il prend toute attaque contre le sacro-saint Parti comme une tentative d'humilier tous les Québécois... Cela finit par devenir lassant. Et cela permet de comprendre pourquoi René Lévesque hésitait à adopter ce nom pour son Mouvement Souveraineté-Association. Le Parti Québécois signifierait, comme il le laissait déjà entendre en 1968, que les autres partis n'étaient pas Québécois...

Là-dessus, Ti-Poil ne se trompait pas: tous les Québécois sont Québécois, qu'ils soient fédéralistes, unijambistes ou Inuits.

Qu'un quidam anglophone prétende que le Québec est corrompu et vous verrez les péquistes hurler comme des loups qui appellent la meute à déchiqueter l'ennemi de la Nation pointé du doigt.

Dernièrement, les députés de la Chambre des Communes ont adopté une motion contre l'islamophobie. Les nationalistes québécois et les Bleus conservateurs ont déchiré leur chemise en prétendant qu'on jugulait la liberté d'expression... Ce n'était pourtant qu'une motion qui faisait suite, j'imagine, à un attentat meurtrier contre une mosquée et à une montée de l'intolérance envers nos compatriotes musulmans.  Le Bloc a demandé que l'on vote aussi sur une motion dénonçant la Québécophobie... Les conservateurs ont réclamé cent milles autres motions parallèles. Un vrai cirque qui mettait surtout en lumière qu'on ne voulait rien concéder à ces musulmans que les uns et les autres semblaient considérer comme de vulgaires barbares qui ne méritent pas tout ce concert de bonnes intentions...

C'était, une fois de plus, pathétique.

C'était, une fois de plus, l'expression cryptopéquiste d'un Nous duquel je me sens clairement exclus.

Non, je l'avoue, je ne porterai jamais un chef sur un bouclier comme dans une tribu de Gaulois.

Et je me fous, franchement, de revoir ma Normandie.

Le Québec et les Québécois valent mieux que cette vision déformée de ce que nous sommes intrinsèquement: un peuple en perpétuelle mutation tourné vers l'avenir.

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Si le Parti Libéral du Québec (PLQ), aussi pourri et corrompu soit-il, passait une motion pour souligner que les tartes aux pommes ont bon goût, je n'y trouverais pas de raison à y rechigner en tant que parlementaire.

Or, le PLQ a déchaîné les péquistes après avoir annoncé son intention de mener une enquête sur le racisme systémique qui s'affiche sur notre territoire.

Il ne peut donc pas y avoir de racisme au Québec... C'est clairement une tentative des fédérastes (sic!). Fédérastes comme on dit pédérastes, une autre subtilité du langage ordurier des nationalistes québécois. Les fédérastes (re-sic!) souhaitent discréditer le peuple québécois ainsi que son Parti bien-aimé... Avant de dénoncer le racisme qu'il y a au Québec, dénonçons donc les fédérastes, le cosmopolitisme tant honni pendant l'entre-deux-guerres ainsi que le multiculturalisme-à-la-Trudeau-qui-sent-l'ail!

Bref, le PQ s'enfonce toujours plus dans la misère intellectuelle de sa petite cabane à casser du sucre sur le dos de ses ennemis tout aussi commodes qu'imaginaires.

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Aussi curieux que cela puisse paraître, je demeure indépendantiste et socialiste.

Je crois que nous gagnerions à faire du Québec une république qui contrôle son économie à 100% dans le but d'en faire une société progressiste et ouverte sur le monde.

J'imagine un Québec multiculturel où l'école est gratuite, du primaire jusqu'à l'université, et où chaque Québécois et Québécoise bénéficie d'un revenu de citoyenneté pour toute forme d'exploitation de nos ressources naturelles. J'imagine un pays où il n'y a plus de frais médicaux et dentaires, où tout le monde peut se faire soigner comme le sont d'ailleurs les prisonniers...

J'imagine un pays où il n'y a plus d'impôt. Seulement une taxe de vente universelle sur les produits autres que la nourriture.

J'imagine la nationalisation des banques.

Bref, je suis un fou engagé... un pelleteur de nuages... un maudit artiste-carré-rouge-gratteux-de-guitare.

J'aime mieux ça que d'être un fou furieux qui traque les fédérastes, les étrangers qui ne mangent pas de bines au lard et ceux qui sentent l'ail.

J'aime mieux ça que de faire du Québec un vulgaire terroir où croîtra un genre de Front National de vieilles faces de cire aigries à côté de leurs pompes.

3 commentaires:

  1. T'as l'tour de faire des amis! Très bon texte ...

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  2. T'as l'tour de te faire des amis! Très bon texte ...

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  3. J'aime tout le monde. Comment peut-on ne pas aimer quelqu'un qui aime tout le monde?

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