lundi 30 mars 2015

La droite qui a du coeur...

"Singulière idée que d'écrire pour ceux qui dédaignent l'écriture! Amère ironie de prétendre persuader et convaincre alors que ma certitude profonde est que la part du monde encore susceptible de rachat n'appartient qu'aux enfants, aux héros et aux martyrs."
Georges Bernanos, Préface pour Les grands cimetières sous la lune


Georges Bernanos était un homme de droite qui avait, malgré tout, le coeur à la bonne place. Pendant la guerre civile espagnole, autour de 1936, il a dénoncé avec vigueur cette droite catholique qui soutenait le régime autoritaire du général Franco. Au contraire de nombreuses crapules de droite, Bernanos s'est indigné des souffrances infligées aux syndicalistes et aux communistes au nom d'un esprit qui n'avait de chrétien que le nom. Tout ce que je vous raconte se retrouve dans son livre intitulé Les grands cimetières sous la lune.

Se réjouir du malheur d'autrui est le summum de la barbarie. Même si je n'approuve pas les idées de droite, je ne me réjouirai jamais du malheur et des souffrances des hommes et des femmes de droite. Je ne réclamerai pas qu'on les pende à la lanterne ou bien qu'on les achève à coups de bâtons de baseball. Il y a une limite que je ne franchirai jamais, et c'est celle de la haine de l'humanité.

Je déteste le capitalisme, la morale de l'argent, le fascisme et l'austérité libérale. Cependant je ne me joindrai pas à la cohorte de ceux et celles qui voudraient plonger tous ceux qui pensent autrement dans une fournaise de glaives. J'aime mon prochain et mon prochain n'est pas celui qui me ressemble le plus, mais celui que je pourrais détester.

Que l'on soit de droite ou de gauche, il est indigne de réclamer la bastonnade contre des manifestants et de se réjouir des torts qu'on peut leur faire.

Je suis outré par ces gens qui prétendent qu'il n'y a aucune raison de manifester. Je le suis encore plus par ceux qui veulent les battre et se font les propagandistes de la haine aveugle véhiculée par certains éléments des forces policières.

Je condamne toutes les violences, autant celles de la gauche que celles de la droite.

Bernanos ne se réjouirait pas qu'une manifestante se soit fait tirer dessus en plein visage. Il n'aurait pas fait une page Facebook pour ridiculiser la manifestante blessée. Il n'aurait pas laissé un commentaire stupide sur cette affaire. Je crois même qu'il se serait comporté en gentleman, c'est-à-dire en bon chrétien, pour ce que ce mot peut encore signifier.

Le malheur avec la droite actuelle, la droite libertarienne, c'est qu'elle n'adhère à aucune valeur morale. On pouvait encore reprocher à Franco de renier la philosophie chrétienne. Reprochera-t-on à un libertarien de renier une forme d'humanisme quelconque alors qu'il se tient éloigné de toute forme de discours qui n'est pas en espèces sonnantes?

Je souhaite que les gens de droite qui ont encore un peu de coeur se joignent à moi pour refuser de se réjouir quand un homme ou une femme se fait tabasser par des policiers au cours d'une manifestation. Je souhaite qu'ils ne fassent pas partie de ces hordes de fascistes sans coeur et sans âme qui exacerbent les conflits sociaux au nom de l'argent, de cet argent qui n'est pas un but en soi, mais un outil pour les échanges entre les êtres humains, bref de cet argent qui est aussi une relation humaine.

Je cherche des Bernanos parmi les commentateurs et les critiques issus des rangs de la droite québécoise. J'en trouve fort peu. Il doit bien y en avoir quelques-uns. Je souhaite qu'ils se lèvent et qu'ils se manifestent.




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