jeudi 22 septembre 2011

Histoire de chasse

Arnold Lemay était chasseur de père en fils, comme son père, le père de son père et la grand-mère de son arrière-tante.

C'était un petit gros pas trop obèse qui n'en ratait pas une quoiqu'il ratait souvent sa cible ou bien sa proie.

Lemay avait des moustaches tournées et cirées comme il ne s'en fait plus, une coquetterie qui lui donnait un drôle d'air dans les bois, comme s'il s'y était perdu après un gala de la Chambre de commerce.

Lemay était d'ailleurs président de la Chambre de commerce. Il était gérant d'une succursale de souliers bon marché. Il avait toujours de beaux souliers, Lemay. Ça, on ne peut pas dire le contraire.

Mais ses souliers de ville dans le bois, c'était pas fûté pour la chasse. Ils prenaient l'eau, la glaise, la boue. Lemay se disait qu'il en prendrait d'autres à la boutique en les mettant sur le compte des pertes en magasin.

-Quand bien même qu'j'en scrapperais vingt paires, j'en ai cinq milles en inventaire! disait-il en se lissant les moustaches comme un chat qui se raserait le menton.

Pour la chasse, les chats sont bien meilleurs que Lemay. Lemay chassait comme un pied. Ce n'est pas la chasse qui l'intéressait, mais le look de la chasse, la panoplie de chasseur se substituant à l'habit de ville pour mettre en valeur autrement sa moustache cirée.

Ah! Qu'il aimait se vanter de son équipement dispendieux et de tout le reste. C'était toujours «ça, ça coûte tant». On lui disait à Lemay que l'habit ne fait pas le moine. Mais chaque fois qu'on lui disait ça l'épais tentait de dévier la conversation en racontant des jokes de moines, de totons ou de graines. On bayait aux corneilles devant ses jokes de mononcle. Et on fixait sa moustache cirée en se disant qu'elle était affreuse et un peu gluante.

-M'en va's vous montrer c'est quoi un chasseur! qu'il disait encore, vendredi dernier, avant de fermer la boutique. J'ai acheté ceci, cela et blablabla...

Eh bien il n'aura pas montré grand chose. Il est non seulement revenu bredouille, mais il est revenu dans un sac de plastique, avec des étiquettes aux jambes et aux poignets.

Les gars qui étaient avec lui racontèrent aux policiers qu'ils avaient retrouvé Lemay sans vie, à deux pas de sa cache pour la chasse au chevreuil. Un ours, probablement une ourse avec ses petits, s'est senti menacé-e. C'est rare qu'ils attaquent, les ours. Mais la moustache cirée de Lemay ne devait pas revenir à cet ours-là quel que fût son sexe.

Il s'est fait déchiqueté, Lemay, et il est mort au bout de son sang.

Triste histoire d'un chasseur chassé.

Comme celle de l'arroseur arrosé avec plus de couleurs.

Pauvre Lemay, n'est-ce pas?

On l'a enterré avec son fusil, Lemay, une Winchester on ne sait trop de quelle année qui valait cher.

Sur sa pierre tombale, il y a une tête d'orignal en bronze. Et une description inusitée: Ci-gît Arnold Lemay, propriétaire du magasin Good Shoes de Quatre-Ruisseaux et président de la Chambre de Commerce de 2009 à 2011.

Aucune mention de l'ours qui doit encore vagabonder dans les forêts de la Mauricie, à la recherche de baies sauvages, de déchets et de chevreuils morts.

15 commentaires:

  1. http://www.youtube.com/watch?v=X5JLCAIJLJ8

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  2. Mon rêve c'est de me promener en pick-up avec une tête de chasseur sur le top de mon char comme trophée, criss! Je déteste la chasse et les chasseurs, par contre si c'est une question de survie j'ai rien contre, ou pour des rituels de passage "indien". Laissez-les tranquilles les êtres vivants qui se promènent dans forêt, tabarnak d'assassins!

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  3. La chasse est selon moi
    tout sauf Arnold raconté ici.
    Les chasseurs ont le dos large
    pour chier dessus;
    on rate rarement la cible
    quand il s'agit de critiquer
    les sans-dessein finis comme lui.
    C'est vrai qu'il existe,
    mais pas tout l'temps
    partout,loin de là.

    Le nombre de permis de chasse
    octroyés varie d'une année à l'autre selon la population
    d'un animal donné au Québec.
    Évidemment cela n'empêche pas
    le braconnage hors-saison.
    Je crois cette activité
    criminelle plus surveillée
    et sanctionnée ici qu'ailleurs,
    sur d'autres continents
    tels l'Afrique et l'Asie
    en guise d'exemples.

    Ben de Drummondville fait
    dans la pure démagogie.
    La chasse est règlementée
    au Québec.

    Cool le lien vidéo.

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  4. Ah ! la chasse ! on pourrait en causer longtemps....ici, en France, ce n'est plus qu'un " loisir" ( faut vraiment avoir rien d'autre à foutre, pour s'amuser à flinguer en se donnant bonne conscience par des "faut bien réguler la faune sauvage" - y avait qu'à pas exterminer les prédateurs, eh, Jean-Foutres !) - la seule chose qui puisse la justifier, c'est la nécessité de survivre, c'est la chasse alimentaire, celle qui fournit la viande quand on n'a pas de troupeaux, ni de ferme. Là. Tout autre sorte de chasse est une nuisance, un point c'est marre. De septembre à mars, on peut plus se balader à cheval, on risque un accident, avec ces crétins ! sans compter toutes les fois où on les retrouve sur des terres où ils n'ont rien à foutre, vexés qu'ils sont de ne pas avoir le droit de flinguer partout ! des chasseurs sur une réserve, ça me fout la bave aux lèvres !

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  5. Je ne faisais que raconter une simple histoire de chiasse...

    Et voici le débat!

    Peuchère!

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  6. La chasse est réglementée au Québec: pas plus de dix caisses de bière par chasseur...

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  7. Tiens, à travers tout le blabla politique pré- électoral on ne parle plus du mouvement extravagant de "Chasse- Pêche et Tradition", bouffé par l'ours?

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  8. Je vous espère tous bien végétaliens conséquents, sinon le fond de vos assiettes risque parfois un lustre un peu abîmé avec teinte naïvement hypocrite sur les bords. La chasse et la pêche ne représentent pas pour moi un droit et encore moins un privilège réservé mais l'immense honneur que la nature me fait en m'offrant par sa venaison la meilleure viande, celle de la liberté, loin, très loin de toutes formes d'élevages en captivité. En retour, je me fais un devoir de partager celle-ci avec le plus d'amis possible, c'est toujours une fête et comment pourrait-il en être autrement. Et si "assassin" je suis, je le fais proprement, toujours d'une seule flèche ou d'une seule balle m'excusant au près de ma "victime" pour ces quelques secondes qui m'ont parues un éternité.

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  9. Bon sang! Je n'ai jamais dit que j'étais contre la chasse! J'ai seulement raconté une histoire de chasse où le protagoniste meurt à la fin, déchiqueté par un-e ours-e...

    Je suis omnivore. Je mange de tout sauf de la marde et du McDo.

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  10. On parle pour parler et parfois juste pour relativiser les choses qui autrement se campent dans des extrêmes là où résident les Bardot d'un bord et les jackass d'hillbilies à la sauce "Délivrance" de l'autre. J'ai hésité avant de commenter, (d'autant que la chasse à l'orignal commence demain...!)toujours pris dans les câbles à expliquer pourquoi j'étire celui de mon arc. Le mythe du "Bambi tacheté" de Walt Disney qui pourrait courir sur la Sainte-Catherine pendant la parade de la Saint-Patrick au lieu d'être dans mon assiette, je le connais et entend son écho tout l'automne. Ce ne sont pas les chasseurs qui vident la forêt de sa faune mais nous tous humains qui vidons la planète de ses forêts et par conséquent de leurs faunes. C'est le cas des grandes densités de populations telles qu'en Europe où une telle proximité entre chasseurs et autres citoyens devient problématique, j'en conviens. Pagnol est mort, pas les coutumes de tous ceux qu'il savait si bien être les siens.

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  11. Il y a des chasseurs chiasseux, comme il y a des vauriens dans toutes les catégories d'humains sur terre.

    Cela dit, j'approuve à 1000% l'idée de réglementer la chasse et de punir les vauriens, ne serait-ce que pour faire des travaux communautaires, comme de soigner des pigeons blessés.

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  12. Oula.
    Sujet sensible.
    Entièrement d'accord avec MMWH,
    il résume mieux que moi
    le fond de ma pensée.
    Jamais il me viendrait à l'idée
    de tuer pour le sport.
    La chasse alimentaire oui,
    la chasse sportive non.
    C'est quant à moi ce qui oppose
    le connard fini à l'être intelligent.
    Ce n'est justement pas
    la ponction sporadique
    des chasseurs envers
    une population animale
    à des fins alimentaires
    qui fait la pauvreté d'une
    race mais bien la dévastation
    d'un habitat à grande échelle
    par ambition immobilière
    ou autre quelconque.
    C'est troquer la proie
    pour l'ombre et encore.

    Jamais vu un troupeau
    de côtelettes d'agneau
    s'ébattre dans les prés encore.
    Sauf dans les assiettes des omnivores hypocrites croyant
    en la magie de la transformation
    culinaire façon Starfrit
    venant nous baver son angélisme
    aveugle.

    Les accidents de chasse arrivent,
    les connards existent partout.
    Je le reconnais.
    Mais les mettre tous sur la même tablette est aussi subtil qu'un éléphant écrasant tout dans un magasin de porcelaine et affirmant
    innocemment:
    "Oui très chère,je déambule,
    je regarde". Pendant qu'il renverse tout autour de lui.
    Varger sur le chasseur
    québécois c'est chasser l'ombre
    au détriment de la proie
    sur ce territoire que j'habite
    depuis ma naissance et bien avant moi.

    Il est totalement faux et
    de mauvaise foi teintée d'hypocrisie de vouloir mettre
    les chasseurs dans le même sac
    des RedNecks internationaux
    ou des abattoirs industriels.
    Cela n'a aucune mesure possible
    ni n'est comparable alors, rhabillez-vous les anges.

    J'ai jamais abattu un chevreuil
    ou un orignal mais j'ai pas peur
    d'aller au batte à ce sujet,
    ayant déjà goûté cette viande
    savoureuse et incomparable.

    Je voulais pas varger sur ton histoire Gaétan, j'ai précisé
    envers Ben Drummondville,
    c'est tout.
    On jase!

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  13. On pique toute une jasette ici...

    Je mangerais bien une tranche de chevreuil...

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  14. Ouais..
    C'est délicieux,
    pour avoir goûté à l'orignal.
    Tu vois perso je sais pas
    si je serais capable
    d'abattre un spécimen
    si je me retrouvais en face
    et capable de le tuer.

    C'est crissement beau
    un chevreuil ou un orignal
    vivant.
    C'est bon en tabarnac aussi.
    Ça goûte le sapin, le bois
    et l'herbe en même temps
    qu'une viande d'une tendresse
    incomparable.
    Les prises de chasseurs
    sont négligeables comparées
    à la dévastation du monde
    par corporations imposées.

    Mon opinion.

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