vendredi 29 juillet 2011

Le Labrador ou la Terre de Caïn

La Terre de Caïn - ou Cain's Land si vous préférez. C'est ainsi que l'on surnomme le Labrador.

Ce fût le dernier endroit sur la planète à se faire cartographier et je me doute que certaines zones ne soient pas encore tout à fait claires tellement il y a de moustiques et de mouches pour cacher les lacs et la forêt boréale.

Et il y en a comme jamais je n'aurais pu l'imaginer. C'est vraiment le pays de Belzébuth, le dieu des mouches, et de Caïn son serviteur. Des avions doivent déverser des tonnes d'insecticides sur Labrador City pour que le monde puisse y respirer autre chose que des moustiques. En forêt, c'est impensable. Ils entrent par les trous de nez, les tympans, les yeux, le cul. On meurt au bout de son sang en deux heures.

C,est ce qui explique que l'endroit ait été si tardivement cartographié. Il faudra attendre A.P. Low, un gars de Montréal, avant que le Labrador n'apparaisse plus comme une Terra Incognita sur les atlas du monde. Et il aura fallu attendre jusqu'à l'entrée du vingtième siècle. On en savait plus long sur la Lune et l'Afrique que sur le Labrador. C'est tout dire.

C'est dans une brochure gouvernementale que j'appris cette histoire à propos de Leonidas Hubbard, un explorateur américain, qui mourrut de faim et de fatigue au beau milieu du Labrador en tentant de le cartographier. Cela se passait en 1901. Sa veuve, Mina Benson, mena elle-même une expédition l'année suivante afin de poursuivre le travail de son défunt mari avec une équipe mieux préparée et surtout plus compétente. Il y aurait matière pour un film dans cette histoire, vous ne trouvez pas?

Cela dit, je me souviens d'une anecdote mettant en scène un pied-tendre de la région parisienne et un Innu de Schefferville.

Le parisien, un type cool qui posait tout le temps des tas de question, en posa justement une à Florent, le gars de Schefferville qui portait une casquette des Expos de Montréal.

-Toi qui es Indien, dis-moi Florent... Hého! Comment faisaient vos ancêtres pour vivre dans les bois l'été sans mourir dévorés par les moustiques, hého?

-Mes ancêtres y allaient pas dans l'bois l'été... I' restaient su' l'bord d'la plage, su' l'fleuve, pis ils pêchaient...

Je compris alors qu'il n'y avait qu'un pied-tendre ou bien un explorateur américain pour s'aventurer dans les forêts du Labrador, l'été, moment de l'année où c'est invivable, où le Labrador mérite tout à fait son surnom de Terre de Caïn.

3 commentaires:

  1. Ben mon vieux....j'arrive même pas à imaginer ce que ça peut être, ni à quoi ça ressemble......

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  2. Super billet, bro. Kuei-kuei.

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  3. Je suis de Scheffer et t'as bien raison. Les mouches nous levent de terre de ce temps-ci. Avec mes amis Innus, on a quelques trucs pour ces creatures envahissantes:
    -la boucane
    -la cagoule en coton qui descend aux epaule(surtout pour les enfants}
    -veste mousticaire
    -pas de savons ou shampooings parfumes
    -des vetements serres
    -manger de l'ail
    -Muskol, spirale verte,Raid et Feebreeze.

    Elles sont detestables les petites maudites mais les truites les adorent et la peche est excellente.

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