jeudi 11 novembre 2010

K-Way

Gascon a de la jarnigoine. Il parle à n'en plus finir. Un vrai moulin à paroles.

Tu lui dis quelque chose et tout de suite il saute du coq à l'âne. Et quand il s'agit de faire l'âne, croyez-moi, Gascon tient bien son rôle.

D'abord, il a des dents d'âne. Deux grosses palettes jaunies par le tabac et le café. Mais c'est tout de même pas de sa faute... Enfin, ce n'est pas une raison de lui chercher des noises.

Et puis il rit en brayant comme un âne, Gascon.

-Hihan! Hihan! comme un vrai âne je vous dis.

Pour le reste, il ressemble à un acteur québécois de l'année mil neuf cent soixante-dix-neuf. Pas vraiment un hippie. Plus un look K-Way-à-capuche avec les cheveux ramenés sur le devant, à la Ti-Pouèle, pour camoufler sa calvitie prononcée. Pour ceux et celles qui se demandent c'est quoi un K-Way-à-capuche, disons simplement que c'est un coupe-vent de vinyle. Il se dissimule dans la pochette d'une ceinture que l'on porte autour de la taille quand il n'est pas indispensable de le vêtir.

Gascon porte son K-Way même l'hiver. Il a trouvé une caisse de cent K-Way en mil neuf cent soixante-dix-neuf. Des K-Way pour la vie. C'était dans les vidanges. Gascon s'est dit qu'il n'aurait plus jamais besoin de s'habiller. Évidemment, il faut toujours qu'il nous raconte ça chaque fois qu'on le croise.

-J'ai trouvé les K-Way en mil neuf cent soixante-dix-neuf. Une grosse caisse toé chose. Aussi grosse que mon bain. Cent K-Way! Tous pareils. J'étais content en salamant! Ça fait que je r'tourne à 'a maison avec ma caisse toé chose pis j'me mets à t'déballer toutte ce beau trésor toé-là... Cent K-Way! J'en use rien qu'un par année pis encore. L'hiver quand i' fait frette j'm'en mets six épaisseurs. En seulement que les K-Way ça fait un peu suer. Mais y'en a qui sont prêts à payer pour suer pis moé ça s'fait toutte en naturellement avec mes K-Way! J'aurai été chanceux dans ma vie. Pis mon année chanceuse ç'aura été l'année mil neuf cent soixante-dix-neuf!

Gascon peut passer des heures à nous parler de ses hosties de K-Way. Ce qui finit par être gossant.

Je vais cesser de vous écoeurer avec ça. Parce qu'il fait juste parler de ça, Gascon, ses hosties de K-Way. C'est la seule chose qui lui soit arrivée dans la vie. Son enfance, sa vie d'adulte et sa carrière de gardien de stationnement désert, il passe vite sur le sujet.

Gascon devient intarissable uniquement pour ses hosties de K-Way. Un moulin à paroles pour cette hostie de caisse qu'il a trouvée en mil neuf cent soixante-dix-neuf-qu'on-s'en-fuckin'-tabarnaque!

Je tenais à vous en parler sérieusement, une fois pour toutes, pour vider le sujet.

Ça m'a fait du bien d'en parler...

2 commentaires:

  1. Belle illustration du sketch du K-Way par Dany Boon.Je n'ai plus cru au père Noël l'année où j'en ai eu un comme étrennes!

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  2. Maudits K-Way ! je me souviens de mes tous premiers, qu'on enfilait, avec leur foutue poche ventrale où on le fourrait dedans après ! j'ai adoré quand ils ont eu un zip devant ! Il est bon le sketch de Dany Boon, c'est pile-poil ça ! ah, vive les cirés ! :)

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