Je n’ai pas beaucoup en commun avec Jean-Paul II sinon que j’ai fait mon école primaire dans la P’tite Pologne, un quartier pauvre de Trois-Rivières. Je n’ai jamais su pourquoi cela s’appelait la P’tite Pologne. Peut-être parce qu’il y avait des immigrés polonais. Ou parce qu’il y eut tout simplement une confusion entre le saucisson de Bologne, communément appelé baloney, et la Pologne. Si vous savez pourquoi, faites-le moi savoir s’il-vous-plaît.
Quoi qu’il en soit, j’ai presque fait mienne la formule de feu Jean-Paul le Deuxième. «N’ayez pas peur.»
Évidemment, il y a quelque chose de pontifiant dans la formule. Je lui préfère ma correction : «N’aie pas peur.»
Parlez pour les autres, émettre des lois, ce n’est pas mon truc.
Par contre, je peux très bien vivre de mes formules revues et corrigées.
J’ai souvent pris de mauvaises directions dans la vie, mon tempérament impulsif me jouant de mauvais tours. Je serais non seulement prétentieux mais aussi sans cœur que de me poser en leader éclairé. Je ne suis ni l’un ni l’autre, ni leader, ni disciple, ni éclairé, ni tout à fait ignorant.
Je suis juste ce que je suis parce que je suis ce que je suis, vous me suivez?
C’est comme pour Borgne le marin, alias Popeye : «I am what I am cos’ I am what I am, I’m Popeye the sailor man!» (Tou! Tou!)
Je suis un con un jour, le lendemain presque brillant, et la plupart du temps, eh bien, je suis ce que je suis et je n’ai pas peur.
La Boétie disait que la force des maîtres provient de la peur de ceux qui sont à genoux. Que disparaisse cette peur et les maîtres se retrouveront très seuls face aux milliards d’esclaves qui n’auront plus peur.
Max Stirner, dans L’Unique et sa propriété, un livre très peu lu sans doute, reprenait sensiblement la même idée. Il rapportait entre autres l’histoire du philosophe cynique Lucianus qui traitait Caligula de salopard incestueux. Caligula tuait tout son entourage d’un claquement de doigts. Il fît arrêter le philosophe et ordonna qu’on l’amène devant lui. Le philosophe répéta devant Caligula tout ce qu’il avait dit, à savoir qu’il était un salopard incestueux et tout le reste. Et vous savez quoi? Caligula ne le tua pas. Il le laissa libre. Pourquoi? Parce que c’était la première fois que Caligula n’avait pas une lopette devant lui, une sacrée lopette qui lui lècherait la mousse entre les orteils. Pour la première fois, depuis qu’il était l’empereur de Rome, Caligula rencontrait un homme, et non pas une imitation d’homme, comme tous ces courtisans, lopettes et sénateurs obéissants.
La peur, dans tous les cas, est malsaine.
Elle paralyse non seulement l’action mais aussi le cerveau.
N’aie pas peur, que je me dis.
Fonce.
Et mieux vaut se planter que de faire semblant d’essayer.
Remarquez que c’est facile pour moi de ne pas avoir peur.
Je ressemble à Shrek.
Un ogre, Shrek c’est moi tout craché.
Les gens changent de trottoir quand je marche la nuit.
Mes six pieds deux pouces trois cent vingt-cinq livres imposent le respect.
N’aie pas peur?
Elle est facile, celle-là…
Je devrais plutôt me dire «Ne fais pas peur.»
Ou bien visiter la Pologne.
Je vous quitte sur cette histoire fascinante.
Bonne fin d’année 2007.
On se retrouve l’an prochain à Jérusalem ou ailleurs, si mon portefeuille le veut.
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