mardi 4 décembre 2007

MA CHAPKA A ÉTÉ MISE À RUDE ÉPREUVE



Je ne connais rien de plus stimulant que de marcher pendant une tempête de neige. Je me sens presque divin, défiant les éléments avec mon gros manteau, mes gros gants, mes grosses bottes et, surtout, ma chapka achetée dans un surplus d'armée, à Québec, en 1999. Oui, cette grosse chapka de poils synthétiques m'accompagne depuis un bout de temps. Je lui suis d'autant plus fidèle qu'elle a toujours bien accompli sa mission, soit celle de me protéger du froid et des intempéries.

Hier soir, ma chapka a été mise à rude épreuve. Il ventait à écorner les boeufs sur le boulevard Gene-H.-Kruger, l'ancien boulevard Royal qui longe le fleuve St-Laurent à Trois-Rivières. La fumée sulfureuse de la papetière Kruger se mêlait aux vents pour souffler sur ma figure une neige qui sentait les oeufs pourris: charme ineffable de Trois-Rivières. La Kruger fermera bientôt comme la Belgo, à Shawinigan. C'est écrit dans le ciel. Et ça ne fermera pas seulement parce que ça sent les oeufs pourris. Non. Il n'y a tout simplement pas d'avenir dans les pâtes et papier, d'autant plus que nous communiquons de plus en plus par les voies électroniques, qui seront un jour supplantées par la télépathie lorsque l'on trouvera le gêne qui rend cette fonction opérationnelle chez l'être humain.
Après avoir dépassé le corridor de pollution, je suis tombé en pleine féérie hivernale. La neige tourbillonnait entre les arbres majestueux du parc Pie-XII. On voyait à peine les contours de son étang artificiel, enseveli sous un pied de neige fraîche. Les bancs de neige atteignaient trois ou quatre pieds par endroits. Et je fonçais de plus belle dans la tempête, la chapka bien engoncée sur ma tête, à faire des enjambées de yéti avec mes grosses bottes de pointure 14.
Je suis finalement arrivé chez-moi, joyeux, avec de la glace figée aux cils et aux poils de ma barbe. Je me sentais tel un grand explorateur de National Geographic qui revient d'une expédition au Pôle Nord. Le repas n'en a été que meilleur, ma soirée douce et ma nuit, auprès de ma douce, on ne saurait plus confortable.
Je goûte pleinement les charmes de l'hiver, soyez-en sûrs.
Ah! comme la neige a neigé.
Ah! que je m'amuse de vivre...
Je déforme un peu Nelligan. C'est vrai qu'il y a trop d'imagination sous ma chapka. Puissiez-vous ne pas m'en vouloir de tout prendre à la légère quand la neige a neigé comme une bonne vieille tempête d'antan. Cela me met dans l'esprit des Fêtes. J'en giguerais presque toute la journée, en jouant de la cuillère, si ce n'était des obligations du jour.
Il faut ce qu'il faut.
Asti' qu'la neige a neigé...

Aucun commentaire:

Publier un commentaire