Je n'ai jamais été capable de lire au complet un livre de Jean-François Lisée. Je vous avouerai que sa plume me semble lamentablement figée dans des démonstrations qui n'en finissent plus, sans compter ces statistiques froides, ces sondages et ces graphiques qui vous dégoûtent de la lecture. N'importe quel annuaire téléphonique parle plus vrai que les oeuvres complètes de Jean-François Lisée. Je ne dis pas que la vie intellectuelle devrait se rapporter à l'art de rédiger un annuaire téléphonique, ni qu'elle serait mieux servie si vous lisiez Lisée, un nom fleurdelisé, pour s'acheter une nation au gré d'analyses politiques soporifiques.
«Le style c'est l'homme», écrivait Voltaire. Le style de Lisée est lourd, verbeux, or, donc, car, etc. Cela me fait le même effet que de lire les commentaires des grands analystes politiques qui publiaient dans La Pravda, en 1938. C'est suffoquant de lyrisme.
Les délires identitaires des ultranationalistes québécois sont agréablement servis par cet humble serviteur, Jean-François Lisée, péquiste parmi les péquistes et soucieux de réhabiliter les discours de M. Jacques Parizeau, particulièrement vrais et «de souche» après quelques verres pris à la suite d'une défaite référendaire. N'ayons plus honte de ce «Nous» exclusif qui ne convient pas à tout le monde. Le «on» exclue la personne qui parle. Le «Nous» exclue aussi la personne qui parle trop.
Cela dit, le «Nous» de Lisée ne me concerne pas.
Je n'embarque plus dans les crises d'identité, je suis trop vieux. Je sais qui je suis et je me contretape de qui «Nous» sommes. Soyez qui vous voudrez et calicez-moi patience. Et merci de ne pas parler en mon nom et de ne pas «nous» embarquer dans des conneries en mon nom tout comme au vôtre, comme si «nous» avions élevés les cochons ensemble.
Mon histoire n'a rien à voir avec les délires identitaires et racistes d'un groupe de zoufs qui s'inventent des lignées normandes alors que leurs descendants étaient tous d'authentiques bâtards, voleurs ou putains, bref des exclus qui ne parlaient pas avec la bouche en trou de cul de poule, mais plutôt avec le trou du cul et autres blasphèmes en bouche. Des gens hors normes, dont le «nous» n'est qu'un rôle de figuration dans la mythologie péquiste. Ils sont là pour applaudir les maîtres ou pour souffrir dans l'attente que leurs bons maîtres les délivrent de maux hypothétiques, créés de toutes pièces pour avoir de l'emprise sur ces âmes faibles et crédules, ces «aliénés» pour reprendre le vocabulaire marxiste.
Et maintenant, on veut quoi? Une constitution québécoise, un pays, un chef, une équipe de hockey québécoise aux Jeux Olympiques?
Veut-on faire reculer le français toujours plus? Adoptons le projet de loi 195. Cela va bien sûr isoler le Québec de ses partenaires immédiats. Je ne crois pas que les Canadiens ou les Américains verraient d'un bon oeil de priver les anglais du Québec de leurs droits civiques par méconnaissance du français tout comme par révisionnisme historique.
Céline Dion a plus fait pour faire avancer le français en Amérique du Nord que Pauline Marois.
Nous pouvons être fière de notre Céline.
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