Quand Igor ne savait pas quoi dire il parlait généralement de lui-même, ce qui n'avait l'heur de plaire qu'à lui seul même s'il se prêtait le meilleur dans ses histoires assommantes.
Igor était le meilleur pour ceci ou cela et, franchement, tout le monde s'en foutait bien. Surtout ces gens qui étaient accoudés au bar et qui regardaient d'un air distrait un match de lutte à la télé.
Le combat opposait Jim le Mauvais Larron à Samir le Bon Samaritain. C'était une soirée qui se serait annoncée des plus épique si cet emmerdeur d'Igor n'était pas venu parler que de lui-même sur tous les tons de feu César Néron l'enculé.
-Moé, disait Igor avec son fort accent marthelinois, moé ej'suis un gars ed'défi. Y'a rien qu'ej'aime plusse que d'avouère des projets... Emmenez-en des projets... Ti-Pit va s'en occuper... disait-il, en prétendant aussi préparer l'écriture d'un grand roman qui constituerait une suite au Nom de la Rose d'Umberto Eco, comme si cela se faisait sans demander l'autorisation à Eco ou bien un autre.
Sérieusement, Igor faisait chier.
Et moi, comme tout le monde, je préférais de loin le combat de lutte, même si la lutte me fait tout autant chier.
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