vendredi 11 mars 2011

La vraie et trop rapide histoire de Jean-Louis Popoche Lavallée, fan de course automobile et de procédés mnémotechniques

Ça prend toute sorte de monde pour faire un monde. Ça prend des gars comme Jean-Louis «Popoche» Lavallée, entre autres.

On le surnomme Popoche parce qu'il a de grosses poches sous ses yeux cernés de fumeur de tabac bon marché. Pour ce qui est de Jean-Louis Lavallée, cela provient de ses géniteurs, des parents qu'il n'a jamais connus par ailleurs puisqu'il a grandi en famille d'accueil, Popoche.

Il doit maintenant avoir autour de cinquante-quatre ans, si ce n'est pas cinquante-cinq.

C'est un grand dadais dégingandé qui ressemble un peu à une fève gourgane, en moins appétissant.

Ce n'est pas de sa faute s'il est laid. Mais la laideur lui est tout de même un mauvais sort. D'autres s'en tireraient mieux. Il y a des laids qui se font dégraisser le salami par des doigts de fée. Tout se peut avec un peu de fronde et de panache. Cependant, Popoche n'avait ni l'un ni l'autre. Il était d'une laideur timide et ses désirs se faisaient timorés. Aussi s'était-il concentré sur une seule et unique passion, d'autant plus que tout le monde sait que l'on ne peut vivre sans passion.

Et quelle était cette passion pour que l'on cesse de languir?

C'était la course automobile. Si, Popoche capotait sur la course automobile. C'était son sport. Sa passion. Sa vision de la vie.

Il n'y aurait rien à redire là-dessus sinon que ce n'est pas un sport, que ça pue et pollue, que c'est indigne en notre siècle de catastrophes climatiques que de perpétuer cette culture de mort.

Il demeure que Popoche n'avait pas d'auto et encore moins de permis de conduire. Il avait sa passe d'autobus et sa carte d'assurance-maladie. Tout ce qu'il lui fallait pour recevoir un chèque mensuel compte tenu de son incapacité totale à travailler.

Sa passion pour la course automobile était tellement dévorante que Popoche s'était abonné à toutes les chaînes spécialisées. Il regardait même en boucle de vieilles courses qu'il avait enregistrées. Ça le rendait totalement inapte au travail, c'est du moins ce qu'en conclut son agent, Yvan Courchesne, un gros et gras fonctionnaire d'un ministère qui abusait de termes pléonastiques comme Solidarité sociale... La solidarité, c'est social n'est-ce pas? Et on les a payés pour ça... Pfff.... Revenons à Courchesne et au jugement qu'il portait sur Popoche.

-Popoche? C'est un snappé, qu'il disait Courchesne. I' t'parle que d'course automobile. Pas moyen de rien savoir sur lui. J'en ai vu des snappés dans ma vie, mais Popoche bat des hosties d'records!

Et c'était vrai. Popoche était snappé d'aplomb. Tout le mur de son logement était tapissé de posters de Formule Un. Ses étagères débordaient de figurines de grands courseurs automobiles et de modèles réduits de bolides. Popoche portait une calotte où c'était écrit «I Love Car Racing!». Et il emmerdait tous les chauffeurs d'autobus de la ville avec sa description des courses automobiles, surtout au mois de mars, après la huitième tempête de neige de la semaine.

-Popoche? disaient les chauffeurs. Un hostie d'innocent!

Mais l'innocent en question allait s'élever au niveau d'un dieu le jour où il reçut par la poste une lettre qu'il espérait de recevoir depuis au moins dix ans. Popoche avait été choisi pour participer au grand jeu télévisé Je sais tout sur... qui avait pour thème la course automobile.

Popoche fit une présence remarquée, avec son air de fève gourgane et sa calotte «I Love Car Racing!». C'était du jamais vu. Popoche obtint une note parfaite de 100%. Il était capable de nommer jusqu'aux changeurs de pneus de telle ou telle écurie automobile grâce à d'habiles procédés mnémotechniques dont seul il en connaissait les arcanes.
Popoche remporta donc le grand prix de 10 000$ et fit la une de tous les journaux du pays.

Jean-Louis «Popoche» Lavallée remporte 10 000$ à l'émission Je sais tout sur...

Il eût son moment de gloire, pendant, oh, je dirais un mois, six semaines.

Les chauffeurs de bus étaient presque contents de lui parler. Comme si l'innocent était subitement devenu quelqu'un.

-Ça t'fait pas mal d'argent ça mon Popoche... Qu'est-cé qu'tu vas faire avec tout c'te bel argent-là, hein?

Et Popoche, pas plus fin qu'un autre, dilapida tout son cash en moins de trois ou quatre jours en achetant toute sorte de niaiseries, dont un casque qui avait appartenu à Gilles Villeneuve, selon ce que lui avait dit Bill Lajoie, un chauffeur d'autobus justement, qui était pas mal crosseur entre vous et moi. Sept milles piastres pour un casque, faut être snappé pour acheter ça. Et Popoche était snappé, comme de raison.

Quand il n'eût plus un sou noir, Popoche fût malheureusement convoqué au bureau d'aide sociale pour rencontrer son agent, Yvan Courchesne, qui avait entendu parler du prix qu'il avait remporté.

-Tu pourras pas avoir de chèque ce mois-ci Jean-Louis! qu'il lui avait dit, Yvan, ce maudit sans coeur. Tes revenus dépassent largement ce qu'il t'est permis d'obtenir pour le mois mon Popoche!

-Comment j'va's vivre? lui avait répondu Popoche. J'ai p'us une cenne calvâsse!

Et il ne mentait pas, Popoche. Il était vraiment à sec.

Il refit la une à nouveau. Pour la mauvaise raison cette fois-ci. Pour que la population sache qu'il avait claqué tout son argent en trois ou quatre jours et qu'il était retourné chercher son chèque au bureau de BS.

-On a tous e'l'droit d'faire des erreurs calvasse! se défendit Popoche devant Marielle Poitras, une journaliste qui ne savait que se maquiller et qui travaillait à l' Hebdo Du Coin pour nuire à l'idéal que l'on se fait du journalisme, sinon de la langue française.

Marielle Poitras a rapporté ça tout de travers, comme d'habitude, concluant que la population se devait de soutenir le maire Rolland Perchaude pour une raison qui nous échappe, à moi tout autant qu'à Popoche.

-Qu'est-cé que l'maire Perchaude a à vouère avec le dix milles que j'ai flambé calvâsse?

Ça, Popoche, personne ne pourrait te le dire. Le monde est sale. Et l' Hebdo Du Coin c'est tout juste bon pour emballer le poisson ou bien se torcher avec.

9 commentaires:

  1. "dégingandé", pas "déguingandé"

    surveille tes "u", popoche
    remémore toi que tes doigts auraient pu t'appartenir à toi-même dans un autre immonde

    celà dit, je t'aime

    bye

    RépondreEffacer
  2. C'est déguingandé, Popoche, et pas dégingandé. T'as bu trop de gin Popoche.

    RépondreEffacer
  3. L'es p't'êt' bourré mais l'a raison...." dégingandé", Petit Robert 2009 p 652...:)))

    à part ça, des Popoches, yen a un paquet....y aurait fallu l'aider à gérer ses sous, ce pauv' gars, au lieu de lui faire la morale après ! sont nuls à l'Aide Sociale !

    RépondreEffacer
  4. J'admets mon erreur et je rote.

    Dégingandé (ne pas prononcer «déguingandé» c'est une erreur familière aux Popoche de ce monde...)

    Chou prend un x au pluriel.

    Etc.

    RépondreEffacer
  5. Je m'en criss ça prend tu un "e" à "criss"? :o)

    Faisons la guerre aux "u", dans l'cul le "u"! ..il s'y trouve vraiment. ;o) Vive les girlandes de Noël, et les gidons de becyckes, criss(e?)!

    RépondreEffacer
  6. Paraît que ces tabarnaks-là voudraient qu'on dise déjingandé...

    Calice d'hostie!

    Cibouère de langue sale!

    Orthographe de marde pour complaire quelques boutonneux de l'antique Sorbonne, celle-là même que Rabelais combattait!

    RépondreEffacer
  7. Encore une fois, du bonbon que de te lire ...

    RépondreEffacer
  8. Encore une fois, du bonbon que de te lire...

    RépondreEffacer
  9. Popoche y s'en fout de l'orthographe,l'a plus d'sous dans sa popoche...

    RépondreEffacer