C'était un homme de gauche. Il avait le coeur à gauche. Il lisait des écrits de gauche. Il pensait à gauche. Mais pas moyen de lui faire lever son gros cul pour manifester contre les injustices réelles qui se produisaient tous les jours autour de lui. Il se fermait les yeux et l'esprit à toutes ces injustices qu'il aurait pu combattre sans prendre un billet d'avion.
En réalité, c'était un couard qui se donnait du faux courage. Il était un peu comme le fonctionnaire dans une bédé de Quino qui va se cacher dans les chiottes pour dérouler un poster de Che Guevara qui lui servait de masque devant le miroir.
Il s'appelait Xavier Grondin. C'était un mollasson dans la quarantaine avec déjà des cheveux poivre et sel. Il portait de grosses lunettes de corne, comme Jean-Paul Sartre, et il passait tout son temps à lire les journaux étrangers pour s'engager dans des luttes imaginaires qui ne lui coûtaient que le prix de ces publications. Il ne donnait jamais un sou pour quoi que ce soit, sinon pour du chocolat aux amandes parce que c'est bon.
Sa ville était un sale trou pourri dirigée par une bande de fumiers incultes qui sortaient leurs rots chaque fois qu'ils entendaient les mots culture ou pauvreté. Ces fumiers étaient ni plus ni moins ses patrons puisqu'il était fonctionnaire pour la ville. Ce qui fait qu'il était à droite quand il parlait avec eux et à gauche dans les toilettes, quand il déroulait son poster-masque de Che Guevara devant le miroir.
Entre vous et moi, je n'en ai rien à foutre du Che, de la gauche ou de la droite, des journaux étrangers et des causes qui sont tellement éloignées de nous qu'elles ne nécessitent aucune forme de courage.
Je voudrais seulement que tous les Xavier Grondin du monde habitent pleinement leurs couilles.
Et qu'ils portent des pancartes quand on s'attaque au peuple réel, celui que l'on côtoie tous les jours, qui subit les foudres de vulgaires petits despotes de village qui seraient prêts à leur faire boire du gaz ou bien de la marde pour générer des enveloppes brunes remplies de beaux dollars.
Je me fous que Xavier Grondin soit à gauche, qu'il pense à gauche et lise des auteurs de gauche. Je le voudrais dans la rue, sans discours inutile, prêt à défendre la veuve, le veuf et les orphelins, à brandir une pancarte, à réclamer l'avénement d'une démocratie active plutôt que passive.
Mais faut pas rêver. Xavier va continuer de rêver. Et ce sont des lascars téméraires qui vont encore monter au front, comme d'habitude, pour que les Xavier Grondin du monde en retire tout le profit un jour ou l'autre, en prétendant qu'ils ont toujours été à gauche, de gauche et pour la gauche.
Gauche mon cul! Ces gus sont des lâches, des ladres, des paresseux et des couilles molles.
Autant regarder des bédés de Quino, tiens.
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