samedi 29 septembre 2007

Au pays de Borat

J’écoute régulièrement les travaux de la commission Bouchard-Taylor à LCN. J’ai l’impression, à certains moments, de vivre au pays de Borat, un pays d’ignorants où tout le monde est obsédé par la présence des Juifs et des Tziganes. Heureusement qu’il y a des jeunes, parmi les Québécois dits «de souche», pour contrebalancer les propos xénophobes de bon nombre de leurs aînés, preuve irréfutable de l’influence néfaste du nationalisme sur la psyché québécoise au cours des années passées.
Bien des jeunes n’ont pas peur des Juifs, des Tziganes et des Musulmans. Au contraire, ils écoutent leur musique et savourent leur culture pour accroître celle qui leur est propre, c’est-à-dire la culture au sens noble, qui a bien plus à voir avec l’intelligence qu’avec l’endoctrinement et les slogans collectivistes déconnectés de leur époque.
Dans notre système politique, la souveraineté appartient à chacun plutôt que d’appartenir seulement à quelques bardes nationalistes bouffis de lyrisme collectiviste. Partager le pouvoir avec tout le monde, c’est ce à quoi ne sauraient se résigner les tyrans en devenir. Aussi, ils commencent leur travail de sape en excluant un juif, puis deux arabes, trois homosexuels, quatre nains, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un seul type humain, le Québécois, tel que conçu entre deux réunions politiques par les cadres révolutionnaires de l’avant-garde du Parti.
Ce Québécois est un bûcheron, de race blanche, de confession catholique, qui mange ses cretons où et quand ça lui plaît. Les yeux bleus, les cheveux clairs, ce pur Québécois ne comprend pas que Samir ou Mordecai ne considèrent pas les fèves au lard et le pouding au chômeur comme le nec plus ultra de la culture. À la différence de Samir ou Mordecai, ce bûcheron s’exprime dans un français approximatif et maladroit. Par ailleurs, il ne bûche plus, parce qu’il a perdu son emploi quand Mordecai et Samir ont retiré leurs investissements de sa région… Depuis, ce pur Québécois déraisonne et s’invente des chimères pour dissimuler son ignorance, sa crise d’identité et son manque de vocabulaire en français standard. Plutôt que d’ouvrir des livres, l’ex-bûcheron ouvre sa «gueule» et vocifère des imprécations contre les étrangers voleurs de jobs, alors qu’il n’y a plus aucun étranger à ses côtés dans son patelin déserté par tout ce qui pense et marche sur deux pattes. Ce pur Québécois se contente alors d’une médecine de brousse, à l’ombre d’une église déserte, à ruminer son ressentiment contre les autres alors qu’il n’est que victime de son ignorance crasse et de ses manies victimaires.
Chaque fois que l’on s’en prend à un seul Chinois, par exemple, c’est la Chine entière qui se sent humiliée.
L’identité est le fruit du hasard. On ne demande pas de naître Québécois ou Tchadien. On devient Québécois simplement, en vivant ici, sur le territoire.
Qu’est-ce qu’un Québécois? C’est un citoyen canadien qui réside au Québec. C’est tout ce que demande la loi de mon pays et je m’en tiens à elle pour définir un Québécois.
Vivre n’est pas qu’exister et ici, au Québec, il fait encore bon vivre parce que la loi nous protège des abus de pouvoir des uns et des autres. Les aberrations administratives, comme le vote voilé, peuvent se résoudre en congédiant manu militari le directeur général des élections, seule chose intelligente qui puisse être faite dans ce contexte. Ce n’est pas la faute de la femme voilée si le directeur général des élections prend des décisions arbitraires qui risquent d’indisposer même les plus tolérants d’entre nous.
Les fautes administratives doivent être traitées comme telles. Cela ne mérite pas que l’on déclenche une guerre civile ou bien que l’on tienne une commission qui va partout, aussi bien que nulle part.
Je me dresse contre ceux qui voudraient faire de cette terre hospitalière une terre souillée par l’intolérance et le racisme.
Bienvenue à Samir, Mordecai et Fatima.
Pardonnez, même si c’est difficile, les propos haineux de nos Borat locaux.
Nous ne sommes pas tous des cons.

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