Le dessin est devenu mon bouclier protecteur et mon refuge en toutes circonstances où je souhaitais m'évader de mes devoirs et de mes obligations. C'était mon pays de Cocagne, ma terre de liberté, mon Olympe.
Je dessinais tout le temps, dans les marges de mes cahiers ou bien sur des feuilles volantes.
J'ai parodié Hergé, Uderzo, Morris et surtout Gotlib pour me permettre de les copier et d'apprendre quelque chose par moi-même.
Puis je me suis mis à produire des bédés que je voulais drôles et qui n'étaient pas encore matures, dont Les aventures de Alphonse Galoche... Galoche était un genre de anti-héros qui ne réussissait rien sinon de coucher avec la plus belle fille du monde. J'avais douze ans. Et je ne connaissais encore rien de la vie. Ni des filles.
J'ai envoyé Alphonse Galoche à Croc et Titanic. Un type m'a répondu que je devrais m'acheter le livre L'art de la BD aux Éditions Glénat pour parfaire mon éducation. Ce que je fis immédiatement. Je ne savais pas qu'il fallait remettre un produit final plutôt qu'un brouillon au crayon de plomb tracé sur des feuilles lignées...
J'ai appris. Puis j'ai bientôt publié mes trucs dans des fanzines et des journaux. Souvent bénévolement. Parfois pour quelques sous.
Pour me faire aimer de mes camarades de classe, je caricaturais les figures les plus désagréables de l'autorité en leur prêtant des traits stupides et en les plaçant dans des situations fangeuses. Je peine encore aujourd'hui à me débarrasser de cette vilaine habitude.
Du crayonné je suis passé à la plume, au feutre noir puis au pinceau à l'encre de chine.
J'ai quelques exemples que je pourrais vous montrer. Je me sens trop lâche pour les numériser. Cela viendra.
***
Parallèlement au dessin, j'ai toujours voué un culte à l'écriture.
Je me suis mis à écrire tout le temps, partout et pour n'importe quoi. Tellement que j'ai dû brûler des tas de pages couvertes de conneries d'adolescence. Des récits trop lourds. Un journal intime poche. Des romans bien trop compliqués pour que ça vaille la peine de les lire, dont Le 666e rat, roman post-apocalyptique fort heureusement passé à la déchiqueteuse.
Heureusement que l'on n'a jamais publié ces niaiseries. Je vivrais aujourd'hui avec le sentiment de l'échec.
J'écris encore ce matin, comme bien d'autres matins, et ne trouve encore pas moyen de fermer ma gueule.
***
Et vint la musique...
D'abord le tamtam, pour trouver le rythme, puis l'apprentissage en autodidacte de la flûte, de l'harmonica, de l'accordéon, du clavier et de la guitare.
L'harmonica est sans doute l'instrument que je maîtrise le mieux. Je pense souffler des blues honnêtes et déjantés.
Elle m'accompagne aussi, la musique, quand je suis las des griffonnages et des jeux de mots.
De sorte que je suis toujours occupé, incapable de me tourner les pouces bien longtemps, dévoré par un besoin de communiquer des trois fois rien.
***
La peinture... Je n'avais jamais osé toucher aux couleurs pour la simple et bonne raison que je suis daltonien. J'ai zéro sur seize sur le vert au test des couleurs.
Un jour de 2005, j'étais avec ma blonde au Dollarama et il m'a pris le goût d'acheter deux petites toiles, deux pinceaux et trois ou quatre couleurs. Le lendemain j'avais deux toiles représentant un couple d'Africains. Je les ai vernies et en avant la peinture!
Ma blonde m'a forcé à acheter un tableau de plus grand format sur lequel j'ai produit une scène de rameurs sur glaces. J'étais lancé.
Pour le vert, j'ai appris à lire sur les pots de couleurs et ma blonde me le dit si par mégarde je colore en cette couleur que je ne vois pas les visages de mes personnages.
Pour le reste, j'y suis allé avec un maximum de passion sans craindre de me salir les mains.
***
Bon! Assez parlé de moi.
J'ai exprimé maladroitement la partie la plus fondamentale de ma démarche artistique. Elle consiste en un besoin viscéral de communiquer par tous les moyens quelque chose que je ne comprends pas moi-même.
J'écris, je dessine, je peins, je chante, je souffle de l'harmonica, je gratte ma guitare et c'est clair que je suis en représentation permanente.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire