mardi 2 août 2011

La littérature, la musique et la peinture

Je pratique plusieurs formes d'art avec plus ou moins de talent. Je m'accomplis à travers tout ça et vend un tant soit peu les produits de mon imagination.

Pour ce qui est de la littérature, c'est amusant comme de faire des mots croisés dans une salle d'attente à l'urgence. Cela passe le temps. Rien de bien compliqué. Enfin, je ne parle que pour moi. Désolé pour ceux et celles dont je pourrais froisser la couenne d'auteur.

L'écriture se passe dans la sphère la plus ampoulée de l'appareil cognitif. La poésie est froide si elle n'est pas récitée ou chantée. Il y a plus de typographie que de poésie dans la littérature, malheureusement. Pour un Boulgakov il y a des millions d'annuaires téléphoniques. Pour un Chalamov il y a des tas tas d'horaires de chemin de fer.

La féérie est rare dans la littérature, hormis dans la littérature russe, d'où ma passion pour celle-ci.

La musique m'entraîne vers un tout autre état d'esprit. Il y a bien sûr une dimension technique. Accorder son instrument par exemple. Cependant la transe n'est pas loin. On joue, on joue encore et puis un jour, à force de se faire de la corne au bout des doigts et de se ruiner les babines, on rêve sur sa guitare en soufflant dans un harmonica. Et là, mes amis, c'est le paradis. Seulement le trip d'être connecté à la sphère du son. Vibrer au diapason d'une force encore plus insaisissable que l'eau. Devenir soi-même une onde dans l'univers, avec ses potes, au coin d'un feu...

Et la peinture? C'est un jeu de forces en mouvement. On remue des pigments pour créer une reproduction de notre vision interne. Les yeux sont tellement sollicités qu'ils finissent par devenir cross-side.

Je suis plus assommé après seize heures de peinture qu'après seize heures de musique. Je me ferme les yeux et des couleurs continuent longtemps de danser dans ma tête. Je ressens une pression sanguine toute particulière, une pression que je ne ressens pas en écrivant ou bien en jouant de la musique. C'est une pression propre à l'art de peindre, j'imagine. Comme si l'on répétait à son insu quelque rituel magique dans une grotte en des temps moins historiques. Comme si le tambour anishnabé battait au rythme de mes battements cardiaques. Un marathon où je dois venir à bout de la toile, l'achever une fois pour toutes pour assurer le transfert malheureusement incomplet des rêveries qui m'habitent.

Dont ce Festival du radis, le tableau en exergue de ce billet, qui fait maintenant partie de la collection privée d'un grand amateur d'art de Québec.

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