Pourquoi nos cours d'eau et nos lieux portent-ils les noms des conquistadores européens, politiciens et autres saints-frusquins? Parce que la poésie était évacuée du regard des gens venus de l'Ancien Monde. Il voyait des lots pour faire de l'argent là où l'Autochtone voyait son aire de loisirs et son garde-manger, bref un milieu de vie.
Chez les Autochtones, les cours d'eau et les lieux portent des noms évocateurs. Ils sont intimement reliés à la condition de la chose à nommer et cette chose finit par avoir une âme. D'où la religion des Autochtones: l'animisme.
On dira Métabéroutin, «Là où se décharge tous les vents» pour nommer ma ville natale.
On dira Magtogoek, «Chemin qui marche», pour décrire le fleuve Saint-Laurent.
Ou bien Tapiskwan Sipi, «rivière de l'Enfilée d'aiguille», pour décrire la rivière Saint-Maurice.
Et ainsi de suite.
Il n'y avait pas vraiment de culte de la personnalité chez les Autochtones. On ne croyait pas nécessaire de donner des noms d'hommes à des «esprits» qui transcendaient la condition humaine. Un lac n'est pas un homme. Une rivière n'est pas un homme. Un promontoire n'est pas un homme.
Il faut s'attendre à ce que la toponymie change au cours des prochaines années, d'autant plus que ce monde s'écroule et n'a pas plus de sens qu'il en avait autrefois.
La vieille rivière retrouvera son vieux lit. Les digues de l'incivilisation, de l'ignorance et de l'inhospitalité sauteront. Le culte de la personnalité sautera.
Iro. J'ai dit.
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