Cela dit, je m'en voudrais de ne vous exposer que mes petits ou gros bobos. Tout le monde sait faire ça. Je ne vois pas comment je pourrais apporter quelque nouveauté à ce sujet. Tout a été dit par tout un chacun. Aussi bien décrocher de soi-même. Et faire ce que je sais faire le mieux: aller vers l'autre.
Écrire, surtout de nos jours, a quelque chose de tellement narcissique qu'on comprend que le vieux Rimbaud, ce voyou, ait qualifié de rinçures ses poèmes d'adolescent.
Et puis, face au chaos qui règne en ce monde, je ne peux que me remémorer inlassablement ce passage des Frères Karamazov. Un poète qui est devant un naufrage et qui s'écrie, sur un coup d'exaltation: "ne regardez pas les naufragés qui meurent là-bas mais moi qui souffre que de les voir mourir!"
Dostoïevski était un sacré psychologue...
Ce serait stupide d'être ce poète qui pleure devant ce naufrage et de dire bouhouhou snifsnif que je fais pitié.
Je n'en veux pas aux incapables.
Mais j'en veux, un peu, aux capables de demeurer les bras croisés.
Donner un verre d'eau aux malades me semble plus digne que d'engager dix agents administratifs de plus pour gérer une grille de diète liquidienne. Avant de faire ton formulaire, mon gus d'État, va donc faire boire et nourrir les misérables abandonnés dans les corridors sous des lumières allumées nuit et jour.
Ce qui me rend dubitatif face aux écrits, grilles et formulaires, bien qu'étant un praticien pas trop mal des arts et des lettres. C'est fou, rien ne remplace une bonne personne avec le coeur à la bonne place saint sacrement de calice de tabarnak.
Je connais les limites de l'écriture lorsque je suis au coeur de l'humain.
C'est difficile.
Et c'est tant mieux.
Cela forge le caractère.
Et aussi l'écriture.
Donnons de l'eau à celles et ceux qui ont soif.
Merci bonsoir.
Les reproches viendront ensuite.
Sachant que les reproches des tarlais ça ne vaut pas grand' chose, évidemment.