Il était une fois un pays stupide qui n'était régi que par l'avidité ou bien la foi, ce qui est encore pire.
Pour l'avidité, tout le monde partait sur un pied d'égalité, croyants comme incroyants, bleus, verts ou oranges, hommes ou femmes ou presque.
Pour la foi, ça finissait toujours mal. C'était plus abstrait que le fric. Même qu'on s'y étripait moins pour une pièce d'or que pour l'interprétation d'une phrase dans leur Livre de tartampions. Si tu avais le malheur de remettre en cause une virgule, on te lapidait sur la place publique avec des boulettes de plomb fondu. Idem si tu couchais avec ta voisine et que tu te rendais compte, un peu trop tard, que c'était plutôt ton voisin. Même si tu couchais avec ta voisine les porteurs de la foi te coupaient la queue et te la mettaient dans la bouche pendant que ta voisine se faisait lapider avec des boulettes de plomb fondu.
Ce qui fait que l'avidité revenait toujours en force, comme si l'argent, la fraude et la corruption calmaient les fanatiques et préservaient un semblant d'humanité chez ce peuple misérable entre tous. Les avides torturaient un peu moins la foule. Une perte de temps qu'ils disaient parce qu'ils ne pensaient qu'à l'argent. Ce n'est pas en tuant un débiteur qu'on se fait rembourser vingt fois son prêt.
Il y en avait bien quelques uns qui prêchaient la sagesse par l'exemple mais ils se tenaient loin de la politique et de la religion, près des frontières, prêts à quitter ce pays pour de bon.
-Ça ne va pas mieux ailleurs! disaient les avides moyens.
-Vous devez vivre selon la vieille recette écrite dans le Livre! disaient les autres crapules.
On y faisait tout de même un vin buvable, dans ce pays à la con. De même qu'un excellent potage aux champignons. Mais c'était à peu près tout.
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