vendredi 30 octobre 2015

Bombardier et le BS de luxe

Il était une fois une compagnie qui n'arrivait pas à vendre ses produits. Ses actions baissaient en bourse d'une semaine à l'autre et l'entreprise courrait vers la catastrophe. Elle avait perdu plus de quatre milliards de dollars au cours de l'année.

Les bonzes de la compagnie ont tenté d'obtenir du financement des banques et autres institutions financières douteuses. Personne ne voulait leur prêter le moindre sou.

-Vous avez perdu quatre milliards les gars... Vos actions ne cessent de plonger... Il n'y a aucun bon de commande pour ce produit qui, selon vous, devrait vous remettre sur les rails... Désolé, c'est trop risqué. On ne peut pas vous prêter. C'est comme ça... Que voulez-vous qu'on y fasse?

Comme cela arrive souvent en cas de catastrophe, ces mauvais gestionnaires se tournèrent vers les seuls imbéciles qu'ils pouvaient flouer: les contribuables du Québec.

Ils demandèrent à l'ancien ministre des finances, devenu lobbyiste au sein de leur compagnie, de se faire aller la mâchoire pour obtenir un chèque d'assistance sociale de l'État.

Comme c'était le parti de l'ancien ministre qui était au pouvoir, la tâche n'était pas si difficile.

La compagnie obtint facilement 1,3 milliards de dollars pour relancer son produit invendu et invendable.

Évidemment, les corrompus de ce gouvernement pourri s'entendirent pour couper encore dans les services aux citoyens au cas où il faudrait quelques milliards supplémentaires pour nourrir les crapules capitalistes. C'est vrai que ce régime pourri avait à sa tête un ancien collaborateur de la dictature de l'Arabie Saoudite qui, en plus de placer son argent dans des paradis fiscaux, avaient de drôles d'amis poursuivis pour diverses opérations frauduleuses et autres détournements de fonds. On ne pouvait que s'attendre à de la marde de semblables sales types.

Ils coupèrent donc dans les soins de santé.

Ils enlevèrent les petits déjeuners dans la bouche des enfants pauvres.

Ils vendirent les actifs de l'État.

Puis ils tapèrent sur la tête des manifestants anticapitalistes à grands coups de matraques.

J'aimerais bien vous dire que c'est encore la compagnie, le gouvernement et ses chiens sales de capitalistes qui gagnèrent la partie.

Mais non. Cette fois-là, c'était allé beaucoup trop loin.

Des centaines de milliers de citoyens et de citoyennes défilèrent dans les rues pour prendre le pouvoir au lieu de seulement le contester.

C'en était fait de l'aide sociale de luxe pour les riches.

C'en était fait de ce système absurde où les profits sont toujours privés et les dépenses toujours publiques.

Il fallait bien que ça se produise un jour, n'est-ce pas?







5 commentaires:

  1. Si le gouvernement n'intervenait pas, des milliers d'employés se plaindraient qu'on les laisse tomber, si près du but. Le gouvernement des É-U. a réussi à faire de l'argent avec ce qu'il a prêté aux banques en 2008; je crois que c'est la même chose dans ce cas-ci: le gouvernement prête, car il estime avoir de bonnes chances de faire beaucoup d'argent en retour.

    Je ne suis pas pro-capitaliste, j'essaie juste de sortir du brassage d'émotions style Denis Lévesque, car moi aussi ça me dérange, mais il y a des raisons financières bien froides derrière cela. Il se peut qu'il y ait de la corruption, mais je ne crois pas que ça explique entièrement ce geste de la part du gouvernement. Je dis tout ça parce que moi-même je suis un petit Denis Lévesque (pas toi), et même sur mon blog, mais depuis que j'ai commencé à étudier l'économie, je vois les raisons de certains gestes.

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  2. Une action, ça remonte, comme ça peut redescendre. Il faut juste que le gouvernement ne revende pas, évidemment, au-dessous du prix qu'il a acheté les actions.

    Je ne fais pas trop confiance aux grands médias pour nous dire les vraies affaires... Ce serait ben trop beau. Leur but à eux, c'est de nous vendre leur feuille de chou, et le scandale ça vend, donc c'est toujours écrit dans une optique de scandale, même si au final, ce n'en était pas un. Le Journal de Montréal est fort là-dessus, LCN aussi.

    Les gens ne liront pas un article complexe fait par un expert du domaine, ils n'en sont pas capables pour la plupart, mais ils vont lire en majorité des slogans provocateurs, ça fesse et c'est facile à retenir, comme les Allemands ont lu Mein Kampf et ça a mené à la mort de millions de personnes.

    Le fin mot de l'histoire, c'est qu'on en a contre les riches. On a raison d'une part, mais en même temps, nous n'y sommes pas pour rien dans ce problème des inégalités. Tout le monde VEUT ÉCRASER tout le monde: c'est ça notre problème.

    On est dans l'ère de l'homme du ressentiment grandissant, comme Nietzsche en parlait déjà.

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  3. Pour notre part dans les inégalités: on se sent mal quand on passe devant les grosses cabanes des joueurs de hockey, et on se scandalise de leurs salaires de temps en temps, mais tout le monde se précipite quand même pour aller les voir quand la saison recommence.

    Si on arrêtait d'être des fans de sport et que plus personne n'allait les voir ou les écoutait, les vedettes de hockey n'en seraient plus, et elles feraient peut-être des salaires plus normaux, mais serait-on plus heureux ainsi en rendant d'autre personnes plus pauvres? Je ne crois pas. Et il n'est pas vrai non plus qu'une part de leur salaire devrait nous revenir de droit.

    Je me demande au juste quand qu'on chiale sur les riches qu'est-ce qu'on demande pour vrai au fond...

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  4. @Eremita: Le ressentiment n'a rien à voir avec le combat contre l'injustice. Le gladiateur Spartacus a tourné son glaive contre ceux qui avaient fait de lui une bête de foire. Ce n'était pas parce qu'il avait une mauvaise digestion. Un bon roman a été écrit sur ce sujet par Arthur Koestler.

    Combattre les inégalités et les injustices n'est pas une question de beaux ou mauvais sentiments. C'est essentiellement la logique de l'esclave qui souhaite briser ses chaînes au risque de briser aussi ses geôliers...

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