Il n’y a rien de plus difficile à acquérir que le pardon, tant pour la victime que pour son bourreau. Je pense qu’un certain citoyen de Nazareth avait compris cela, il y a 2000 ans. Œil pour œil, dent pour dent n’est pas une doctrine sur laquelle on peut fonder l’espérance, même folle, d’un jour s’aimer les uns les autres. «S’aimer les uns les autres? Voyons! Si ça se pouvait, ce serait déjà fait!» J’entends la petite voix de votre raison et je voudrais bien être heureux comme celui qui a cru sans avoir vu. Moi aussi, voyez-vous, je doute. «Aimez-vous les uns les autres!» Facile à dire. «Si l’on vous frappe la joue droite, tendez la joue gauche!» Aye! Encore moins facile… Ce Nazaréen devait être un chic type et il a dû payer cher pour de telles idées, inapplicables en ce bas monde, enfin presque, puisque parfois on se croirait quasiment en voie de devenir quelque chose qui transcende le porc qui grogne en nous.
Je regarde la société dans laquelle je vis. Bien sûr, il y a encore de nombreuses injustices. Mais ces injustices ne laissent plus tout le monde indifférent et, ça, c’est toute une nouveauté. La conciliation l’a emporté sur l’arbitraire. Enfin presque. Il y a bien des crosses qui se font encore, ici et là. Cependant, se sont justement des «crosses» et on pense, même si c’est absurde parfois de le penser, que nous pouvons y remédier et offrir à tous les citoyens un environnement propre, propice à l’épanouissement personnel, à l’amour et à l’entraide, un terme plus prometteur que la solidarité selon moi.
Prenons Jean Valjean dans Les Misérables, de Victor Hugo - au cas où vous ne le sauriez pas encore. Jean Valjean est une brute, un bandit, un voyou bon pour les travaux forcés. Il rencontre un jour un bon Jack, enfin un évêque, l’évêque de Digne. Il lui offre une seconde chance en déclarant aux gendarmes que Valjean n’a pas volé ses beaux chandeliers en or, qu’en fait c’est une méprise puisqu’il les lui a donnés. Valjean ne s’en trouve que plus larve et il a quelque chose comme une «illumination». Il sera désormais un homme noble et bon. Et il passera désormais sa vie à faire le bien autour de lui, tout en étant poursuivi par l’impitoyable inspecteur Javert, qui aurait fait un excellent membre de l’Action démocratique du Québec, un incorruptible, ce Javert, qui veut sa ration quotidienne de coupables.
Quand on me parle des privilèges des prisonniers, de la clémence des tribunaux, bref du laxisme des autorités, je pense toujours à Jean Valjean et à l’inspecteur Javert. Et je parie toujours sur Jean Valjean. Peut-être parce que je suis un con. Peut-être parce que je ne veux pas devenir une boule de haine, comme l’inspecteur Javert. Peut-être parce que je me rappelle certains préceptes de mon éducation et qu’il m’importe de les mettre en pratique, pour ne pas faire honte à mes parents. Bref, il reste en moi quelques principes, et le ressentiment n'en fait pas partie.
Bon, c’était mon opinion de la journée. Elle vaut ce qu’elle vaut. Si elle ne vous plaît pas, changez de fenêtre. Il y a sûrement quelque chose de drôle à regarder sur YouTube. Un comique avec un balai planté dans les oreilles. Une femme qui se décrotte le nez. N'importe quoi.
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