lundi 28 mai 2018

«L'art, c'est raconter une histoire»

(Vendue/Collection privée)
L'art, pour moi, consiste à raconter une histoire.

Ça pourrait tout aussi bien être autre chose. J'en connais pour qui l'art n'est rien. À moins que vous ne les épatiez avec des chiffres.

Trêve de plaisanteries.

Je me sers de mes histoires pour raconter de l'art.

J'illustre Trois-Rivières depuis ma tendre enfance, par-delà les monts et les vaux, Montréal, Québec, Vancouver et Whitehorse et j'en passe. Et je reviens toujours à Trois-Rivières. Toujours. Parce que c'est comme ça. Cette ville ne veut pas sortir de moi. Même si d'aucuns ont souhaité me sortir de la ville. Tout le monde n'a pas la chance de me connaître. Ceux qui me connaissent savent que je suis un bon djack. Un gentil Guétan. Appelez ça comme vous voulez. Tout le monde m'aime sauf ceux et celles qui ne me connaissent pas. Que voulez-vous qu'on y fasse? Rien et c'est ce que je ferai: rien.

On ne parlait pas de moi et j'ai glissé sur ce sujet comme un cégépien en panne d'imagination. C'est le printemps. Il y a cinquante ans c'était mai 68. Le temps où j'aurais aimé avoir vingt ans. Mais ça c'est une autre affaire. Pour tout bagage on a sa gueule, quand on a vingt ans, pour reprendre Léo Ferré. Et ça ne vous en dit pas plus sur l'art.

C'est que je raconte une histoire même lorsque j'écris.

J'aurais pu me contenter d'écrire que l'art consiste à raconter une histoire.

Ou bien...

«L'art, c'est raconter une histoire.»

Avec de la chance, je recevrais des droits d'«hauteur».

Ce ne sera pas le cas pour cette fois-ci. Je ne connais pas encore le milieu des arts. Je ne connais que mes acheteurs. Ils sont tous très gentils évidemment. C'est ça aussi, l'art. Une relation humaine.

Comment voulez-vous que je déteste quelqu'un qui aime ce que je barbouille?

Ça me fend le coeur pour toujours.

Mon coeur n'a pas de prix. Mais quand on y met vingt-cinq sous, il est pétri de reconnaissance et de gratitude. Parce que je n'aime pas vendre. Parce que je voudrais tout donner. Parce que.

Donc, pour reprendre, l'art raconte une histoire.

Tu joues de l'harmonica? Eh bien ton blues qui couine de ta ruine-babines c'est une histoire, dude.

Idem pour tes contes, tes poèmes, tes affiches, tes bédés, tes toiles, tes sculptures...

On entend le murmure de la multitude, l'écho de mille vies parallèles résonnant dans des univers juxtaposés.

Où en étais-je?

Je ne sais plus.

C'est toujours comme ça lorsque je raconte une histoire...



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