mercredi 24 février 2016

Les milliardaires et le sens de l'humour

Les communistes ont le sens de l'humour.

Je sais bien qu'en disant cela je m'attirerai la foudre des militants des droits de l'homme. Je les rassure tout de suite en promettant d'être à leurs côtés pour porter ma pancarte.

Cela dit, il est possible de voir de l'humour là où il y a des comportements pour le moins répréhensibles. Il n'est pas aimable de balancer une tarte à la crème au visage de qui que ce soit et pourtant cette blague éculée aura fait la fortune des protagonistes du cinéma muet.

L'humour des communistes a débuté avec Lénine.

L'économie soviétique était en ruines après des mois de guerre civile. Le monde entier pouvait se réjouir d'avoir mis à genoux ce rêve utopique d'une société égalitaire. L'égalité et la démocratie ne furent pas au rendez-vous et c'est la dictature qui fit naturellement son chemin.

Pour remonter l'économie soviétique, Lénine décida d'introduire certains éléments d'économie capitaliste à son plan machiavélique. Ce plan s'appela la Nouvelle politique économique, mieux connue sous l'acronyme NEP.

La NEP permit une certaine liberté économique pour un temps limité, le temps de se refaire une santé financière. Les agriculteurs et les compagnies étrangères purent s'enrichir le temps que cela dura.

Quelques années plus tard, l'État soviétique se chargea de tout reprendre, de tous les exproprier et de  récupérer tout ce bel argent frais pour arriver à ses fins. C'est ce que j'appelle avoir le sens de l'humour.

Cela ne vous rappelle pas quelque chose?

La Fédération russe, suite à la chute du communisme, introduisit de nouvelles libertés économiques. Des mafieux devinrent extrêmement riches sous Boris Eltsine qui pratiqua envers son peuple la thérapie de choc prônée par les libertariens de l'École de Chicago. Il s'agissait en gros d'abolir les droits et avantages sociaux, d'enrichir les riches et d'appauvrir implacablement les pauvres. C'était une autre façon d'avoir le sens de l'humour...

Les Russes ne firent plus la file pour s'acheter une patate, bien sûr, mais ils n'eurent bientôt plus d'argent pour s'en acheter.

Une nouvelle classe de milliardaires russes se mit à aplatir tout ce qui entravait leur ascension sociale. Eltsine en était tellement heureux qu'il se la saoulait tous les jours. Tant et si bien qu'on dut songer à le remplacer pour ces trop nombreuses pertes de facultés.

On songea donc en haut lieu de le remplacer par Vladimir Poutine, ce larbin de Eltsine dont on était sûr qu'il ferait tout ce qu'on lui dirait.

Or, le larbin se comporta bientôt en tsar. Il était nostalgique d'un temps où l'école, la santé et l'éducation étaient gratuites.

Il mit des tas de milliardaires en prison, les expropria puis remit une bonne partie des fruits de son vol dans l'économie nationale. Il redonna une couleur collectiviste à la Russie. Le niveau de vie augmenta de 40%. Les retraites aussi. Du coup, les Russes qui ne mangeaient plus dans les poubelles le virent comme un héros national, au grand dam de toute la presse occidentale qui tenait à ce qu'il poursuive l'austérité et la thérapie de choc de l'École de Chicago...

Les Chinois, qui rient sournoisement pour nous confondre, adoptèrent un tant soit peu les mêmes méthodes que celles de Lénine et Poutine.

Ils laissèrent un temps les riches s'enrichir, histoire de donner du coffre à leurs devises. Puis, peu à peu, ils coffrèrent eux aussi des milliardaires pour s'accaparer leurs biens afin de faire revenir ce bel argent dans la chose dite publique.

L'Islande, pour ne pas être en reste, décida elle aussi d'emprisonner des banquiers.

Dans notre beau pays, où tout le monde est beaucoup trop sérieux, on hésite à emprisonner les banquiers et les milliardaires, voire les maires et les Premiers ministres. Et pourtant, ça pourrait se faire en criant lapin. Celui qui osera le faire, un jour ou l'autre, passera illico pour un héros national.

Nous sommes des maîtres de l'humour au Québec.

Je ne crains pas que nous soyons en passe de devenir la première société nord-américaine à mettre en pratique cette forme d'humour économique.

Nous l'avons fait pour l'électricité. Nous les avons tous expropriés et personne ne viendrait dire aujourd'hui que ce fût une mauvaise décision pour les Québécois.

Voilà pourquoi je ris dans ma sale barbe de séditieux chaque fois que j'entends s'exprimer un milliardaire québécois ou même canadien. Je me dis toujours que ses jours sont comptés. Je me dis que leur fortune est bien plus éphémère qu'ils ne le croient dans un monde qui prend parfois ses leçons de la Russie, de la Chine et de l'Islande.

On peut bien rire de qui l'on veut, non?

D'autant plus que l'on ne se gêne pas pour rire de nous...





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