dimanche 31 janvier 2010

À propos de Black Widow

Elle est souvent là, au coin de la rue. Les gens du quartier en ont plein le cul qu'elle soit là, justement. Elle fait la gaffe. C'est une pute.

Ses clients l'appellent Black Widow. On ne lui connaît pas d'autre nom. Peut-être Germaine Mélançon mais ça reste à confirmer.

Ça dépend des goûts mais Black Widow, franchement, elle n'est pas très jolie. Elle doit claquer dans les cinquante ans et elle fissure de partout. Elle a les jambes arquées comme celles d'un cow-boy. Et elle parle toute seule. Toute saoule. Elle raconte sa vie aux bancs de neige. Elle tarabuste les automobilistes pour tout ou rien. Et elle marche souvent au beau milieu de la rue, se foutant des klaxons, des flics, des déneigeuses.

Black Widow trouve ses clients sans efforts avec son déguisement de pute, sorte de pantalon leggings démodés des années '80 assorti de breloques achetées à vil prix dans quelque marché aux puces. De plus, c'est écrit dans sa face que c'est une pute. Elle s'outre-maquille, Black Widow, et ne se lave pas souvent. Ce qui fait qu'elle parfume sa sueur rance d'un-peu-beaucoup de vanille lavendée qui soulève le coeur et provoque le rot.

On s'étonne toujours de penser qu'il y en a qui trouvent le désir d'asperger Black Widow. Mais la nature humaine étant ce qu'elle est, il se trouve toujours quelqu'hostie de cochon pour se payer une pute de catégorie C. Ses prix sont imbattables. Black Widow te ferait une pipe pour un paquet de cigarettes. Ça se sait. Et tous les hosties de cochons qui font des tours de machine dans le secteur sont là pour voir si Black Widow est libre pour cinq minutes.

-Pute! Pute! font-ils avec leurs klaxons pour faire signe à Black Widow.

Et Black Widow, eh bien elle embarque avec eux et elle les pompe comme elle a appris à le faire. Et elle parle toute seule pendant l'acte. Elle raconte que le prix du pétrole est en hausse ou bien que son chien Bimbo est mort.

Ça prend des hosties de cochons, sérieusement, pour se taper une handicapée mentale.

Heureusement que Black Widow trouve une forme de sagesse dans l'exploitation sexuelle qui est son lot de pute.

-Moé, ça m'paye ma bière pis mes cigarettes... Ah! j'pourrais pas vivre sans ma p'tite bière pis mes cigarettes! I' faut ben y avouère que'ques plaisirs dans 'a vie Jéritol! Moé, d'vider des vieux secs, j'fais ça tak tak tak en trois quatre coups d'poignets. J'sais rien faire d'autre... J'ai essayé d'travailler mais j'rentrais toujours en r'tard... Ouais... Ha! Ha! Dehors partout! I' m'ont crissé dehors partout! Ha! Ha! Pis encore dehors tout l'temps! Aujourd'hui comme hier! Frette ou pas! Ha! Ha! Ah! ma gang d'hostie d'autos plein d'gaz de calice! Pol-lu-tion! Kof! Kof! Mon chien Bimbo est mort gang de mongols!

Black Widow zigzaguait au beau milieu de la rue en livrant son soliloque de la pauvresse auprès des automobilistes qui la contournaient, habitués qu'ils étaient de la croiser, cette satanée Black Widow.

Quelqu'écrivain minable qui passait par là l'a enregistrée sur son Sensa et a tout retranscrit sur son maudit blogue à marde.

Je l'ai lu hier mais je ne trouve plus le lien.

Anyway. On s'en calice. N'est-ce pas?

3 commentaires:

  1. une fois, m'étais dit qu'avec une black widow, ça aurait peut-être mieux marché qu'avec une autre.
    mais en fait, non.

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  2. Une fille à qui j'aurait r'offert un chien.....

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  3. c'était la pute gitane qui buvait juste le début de la bière, et en recommandait une autre juste après, et me demande pas pourquoi.

    un soir de noel, j'avais dit : ben je veux bien boire ce que tu laisses, et comme c'était noel.. le patron avait dit oui. y'a peu de gens qui parlent avec la pute gitane. chaque fois que j'ai essayé d'entamer la conversation, elle avait un regard extérieur.

    une fois, on avait bouffée une pizza ensemble, me souviens maintenant. chéplu à quelle occasion. on avait dû sympathiser en fin de soirée. se raconter des histoires.

    mais elle n'avait rien de maternel, même pas de pute. elle était tellement un objet... y'a quelques années, pourtant, elle parlait encore avec des gens. je la voyais.

    voilà

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