Il faisait un froid de loup ce matin-là. Et même que les loups trouvaient ça trop froid. Un froid de phoque, tiens. Il faisait un froid de phoque ce matin-là.
Quand il fait froid, dans le rang du Pays-Brûlé, à Saint-Célestin, on dit qu'il fait frette. Frette, c'est encore plus froid que froid.
Donc, fuck qu'i' f'sait un frette de phoque c'matin-là... On gelait raide comme des barres. On crachait au vent et la glaire éclatait dans un craquement de glace instantanée. C'était un frette du tabarnak. Un frette à faire casser les clous. Un frette qui vous prenait au nez et descendait jusque dans les organes génitaux. Un frette du Diable. Un frette d'Enfer. Calice qu'i' faisait frette ce matin-là!!!
Le petit Jonathan demeure dans le rang du Pays-Brûlé. C'est un jeune garçon d'à peu près quatre ans. Il est grand pour son âge et son visage est recouvert de taches de rousseur. Il a les cheveux roux comme de la paille. Et il est, comme on dit par chez-nous, un p'tit tannant. Il court partout, comme tous les enfants en santé, et il lui arrive de risquer la mort trois cents fois par jour en sautant en bas du toit de la grange ou bien en foutant le feu dedans. Il faut le surveiller aux cinq minutes sans quoi tout risque d'y passer.
Ce matin-là, où il faisait un froid de canard qui s'est trompé de chemin, Jonathan crut bon de licher le cadenas de la shed. Il y avait un glaçon sur le cadenas de la shed, c'était trop tentant. Alors Jonathan apposa sa langue sur le cadenas, par moins quarante-trois degrés Celsius, et imaginez le reste...
La langue resta collée sur le cadenas, bien entendu.
Et Jonathan hurla comme jamais il n'avait hurlé auparavant.
-Aemphe! criait-il. Aemphe!
Ça voulait dire «je suis dans de beaux draps» ou quelque chose de semblable.
La mère de Jonathan, Gabrielle, une caissière au Super Calice, accourut tout de suite pour se rendre compte que son fils était encore en danger.
-Qu'est-ce que t'as faitte là pour l'amour du bon Dieu?!? La langue collée su' l'cadenas! Sacrament!!!
-Aemphe! répondit Jonathan. Aemphe!
Elle courut dans la maison et rapporta une bouilloire.
Les yeux de Jonathan s'aggrandirent à l'idée que sa mère allait lui répandre de l'eau bouillante sur la langue. Et pas seulement ses yeux, mais sa bouche aussi, malgré sa fâcheuse position.
-AEMPHE!!! AEMPHE!!!
Ce qui fit accourir le père, Louis alias Ti-Oui, ramoneur de métier.
-Qu'est-cé qu'tu fais là bebé? questionna Ti-Oui.
-J'm'en va's varser de l'eau bouillante su' l'cadenas pis sa langue va s'dépogner! s'expliqua Gabrielle.
-Tu vas l'ébouillanter bebé! Oublie ça! Check-moé ben aller...
Ti-Oui plaça ses mitaines contre sa bouche et souffla son haleine chauffée au gros gin sur la langue bleutée de son fiston.
La langue décolla. Trente-sept virgule sept degrés Celsius de chaleur et c'était suffisant.
-Marci P'pa! Aemphe! Marci! se réjouit aussitôt le petit tannant de Jonathan.
-De rien mon gars... Calice-toé p'us la langue su' 'es cadenas par 'xemple!
-Oki P'pa... Oki...
Une demie heure plus tard Jonathan rentrait à la maison avec un clou rouillé dans le front. Comment c'était arrivé? Nul ne pouvait le dire... Mais personne ne s'étonnait que cela arrive, des choses de même, dans le fin fond du rang du Pays-Brûlé, à Saint-Célestin, là où il peut faire frette en hostie certains matins.
MOINS 43 ° !! Brrrrrrrr.....déjà que j'ai du mal avec les moins 2 de ma salle de bain.....
RépondreEffaceron y jouait aussi, tout petit, à coller sa langue sur les carreaux l'hiver....y en a qui y laissaient de la peau ! ça braillait atroce après et ils se faisaient "chambrer", on les moquait quoi...Les gamins sont bien les mêmes partout en tout cas !
Ah ouais, vous en avez des comme ça chez vous. M'étonne pas, vu que le froid ça gèle les neurones et à force... Mouahahah
RépondreEffacerPu capab' d'arrêter de visionner le film! Je suis si en retard... méchant garçon! Gentil Akira. Héhé.
RépondreEffacerune fois, à 8 ans, j'ai cassée une vitre en balançant moins poing dedans sans aucune raison apparente.
RépondreEffacerje crois que je suis thor, en fait.
Les gamins sont tous pareils madame des ocreries. Ils veulent toujours se faire mal quand ils s'amusent.
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Étoile (*) tu es thor-du, comme d'habitude mais je ne t'en tiens pas rigueur puisque je suis thor-dant.
Mme McDoodle, c'est mon film préféré, Dersou Ouzala, de Akira Kurosawa... Eh oui.
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Zoé, le froid ça endurcit l'âme tout autant que les caramels fondants. Ha! He! Hi! Ho! Hu! Hy!
La langue collée sua clôture d'la cour d'école (à peu près en 1960). C'est drette là que tu m'as ramené.
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