Antoine Casaubon récupérait des fils de cuivre pour les entreposer et les revendre quand il estimait que le cuivre se monnayait au prix fort sur les marchés boursiers.
Il avait fait fortune en s'accaparant la matière première sans demander la permission à qui que ce soit.
Il volait généralement les fils après les poteaux, dans quelques coins isolés où la compagnie Tell Telephone & Co. avait laissée des poteaux et de vieux fils qui n'étaient plus utilisés.
Casaubon avait commencé modestement, avec quatre gars qui lui devaient de l'argent. Il en a fait ses bras droits ultérieurement. Et il n'y avait pas de bras en trop puisque Casaubon devint très riche avec sa petite arnaque qui, à ses yeux, n'était que de la débrouillardise.
Il passa de la récupération du fil de cuivre à la gérance d'une petite chaine de magasins à rabais, Casaubonprix, essentiellement alimentés par une équipe de ramasseux de poubelles qui savaient que les gens jetaient leurs choux gras.
Puis il se lança dans l'immobilier. Casaubon Immobilier, ouais. Puis il poursuivit dans l'agro-alimentaire avec Les abattoirs Porcins Inc. Et enfin, il s'offrit le luxe d'un journal, puis d'une radio, d'une chaîne de télé spécialisée, de plusieurs sites Internet, fiou! Mettons que Casaubon s'est mis à faire le gros moton.
Puis un jour, paf, il a de la misère à marcher et il a toujours l'air saoul. Une maladie quelconque qui finit par affecter son sens des affaires. Casaubon perd deux ou trois compagnies, fait des mauvais placements, voit partir sa femme avec la moitié de ses avoirs, puis découvre qu'il s'est fait leurrer par ses conseillers financiers, de sorte qu'un jour, repaf, il n'a plus un rond. C'est la faillite. Casaubon boite et il a toujours l'air saoul. Il fait une demande d'aide sociale. Il loue un studio miteux avec une salle de bains pour quinze. Puis c'est la dégringolade.
Tout le monde l'oublie.
Il est seul dans son petit studio miteux et il écoute la télé.
Il a toujours l'air saoul même s'il ne boit pas.
Et il boite. Ouais. Casaubon boite.
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