L'école St-Jean-Bosco était située au coeur de ce quartier que les Trifluviens surnomment affectueusement la P'tite Pologne. Jean Bosco, saint-patron des apprentis et des magiciens, a voué sa vie à l'éducation des enfants pauvres en Italie, à la fin du XIXe siècle. Il n'y a pas d'école St-Jean-Bosco dans les quartiers riches.
On en déduit que l'école St-Jean-Bosco, c'était pour les pauvres. Et la P'tite Pologne aussi. Quoi qu'on n'y vit aucun Polonais. Sinon un seul, Karol Wojtyla, qui passa au Nord de la P'tite Pologne en septembre 1984 pour se rendre jusqu'au sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, à Cap-de-la-Madeleine, à deux ou trois miles de l'école St-Jean-Bosco...
Mais je sens que votre patience a ses limites et déjà vous me dites «assez d'explications, Butch, allons au vif du sujet.»
Ok. L'école St-Jean-Bosco accueillait la marmaille pauvre des pauvres qui travaillaient ou ne travaillaient pas à l'usine de textile Wabasso. La Wabasso, l'université des pauvres selon un chroniqueur local qui ne voyait rien de mal à ce que les pauvres soient au coton.
Anyway, à l'école St-Jean-Bosco ça brassait un peu. Ça se battait à toutes les récréations. Et les institutrices préféraient fumer leurs cigarettes plutôt que de risquer leur vie à départager tous ces jeunes voyous surexcités. Beding, bedang, tout le monde recevait sa ration de claques su' 'a yeule.
Pis là, ben justement, c'était Noël. Le 23 décembre. La dernière journée d'école avant le congé du temps des Fêtes. Le 23 décembre 1978. Le PQ était au pouvoir. Pis l'reste j'm'en souviens p'us trop. Le film Star Wars? Ouais. Goldorak. Hum. Ah pis le jeu de lignes sur la télé en noir et blanc. On pouvait jouer au pingpong, au squash, au tennis. Deux rectangles blancs qui se lancent un carré blanc. Avec un petit bruit. Touppe! Touppe! Comment ça s'appelait tabarnak?
En tous 'es cas! Ça fait qu'on est le 23 décembre 1978, dans la classe de Rita Fournier, à l'école St-Jean-Bosco. La maîtresse nous demande à tour de rôle ce que l'on va donner à nos parents pour Noël. Massicotte dit qu'il leur donnera un dessin. Nancy va leur faire un cendrier en terre glaise. Jacques va leur acheter un sac de bonbons.
Puis c'est le tour du Zweffe. Le Zweffe est le clown de la classe et vit emmuré derrière deux armoires, punition appliquée par la maîtresse depuis la fin du mois d'octobre. Il est maigre comme un clou. Et plus intelligent qu'on ne le croie. Ses parents couchent parmi des bouteilles vides sur le plancher du salon. Et pour le reste, le Zweffe n'est pas jasant.
-Et toi, Réjean, puisque le Zweffe s'appelle Réjean, et toi Réjean que vas-tu donner à tes parents pour Noël?
-À Noël? répondit le Zweffe, enfermé entre deux armoires pour que personne ne le voie faire ses singeries. À Noël? M'en va's prendre la vaisselle pis j'va's toutte leu' la péter su' 'a tête! Arf! Arf!
On a tous rigoler, ce 23 décembre 1978, dans la classe de Rita Fournier, à l'école St-Jean-Bosco, dans la P'tite Pologne, à Twois-Wivièwes. Comme quoi le bonheur peut tous nous atteindre.
Bah! Pas fou le petit, il a choisi un cadeau touchant, voir percutant
RépondreEffacer"mais aussi solide aussi le revers du sensible, l'autre face la moitié du verre le possible pourvu qu'on se le permette qu'on puisse ouvrir la fenêtre toute grande..."
RépondreEffacer(helenablue)
vais me faire un petit t.rex
Gaétan a écrit:
RépondreEffacer"On pouvait jouer au pingpong, au squash, au tennis. Deux rectangles blancs qui se lancent un carré blanc. Avec un petit bruit. Touppe! Touppe! Comment ça s'appelait tabarnak?"
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Ce jeu-là s'appelait "Pong". :)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pong
Joyeux Nowell Gaétan, pis une mauzusse de belle année 2010.
RépondreEffacer:)
Un jack-in-the-box, en effet, Stéphane. Ouche!
RépondreEffacer***
Drunk: ah si j'étais millionnaire est la version française de I see the bad moon rising de CCR.
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Merci pour ton renseignement Cioranqc.
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Joyeux Noël toé pis ta cour à scrap! Bonne année 2010 aussi. Pis buvez autant que vous voulez si vous vous conduisez bien.